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mercredi 21 octobre 2015

Soulèvement de gens du voyage : saccages et mutinerie dans une prison des Alpes (vidéo)



Publié le - Modifié le | lepoint.fr
 

Des pompiers luttent contre l'incendie provoqué par des gens du voyage à Moirans, en Isère.

Des pompiers luttent contre l'incendie provoqué par des gens du voyage à Moirans, en Isère.AFP©PHILIPPE DESMAZES

Des gens du voyage qui réclament la libération de l'un d'entre eux ont provoqué de violents incidents à Moirans et une mutinerie à eu lieu dans la prison d'Aiton.

Scènes de guérilla urbaine en Isère ce mardi.
Saccages à Moirans, mutinerie à la prison d'Aiton (Savoie) : à 100 kilomètres de distance, la communauté des gens du voyage a recouru à la violence pour exiger que deux des siens bénéficient d'une permission de sortie de prison.
Une seule et même raison pour ce déchaînement de violences, dénoncé avec "fermeté" par le Premier ministre Manuel Valls : permettre à ces proches d'une victime d'un accident de la route, tuée le week-end dernier dans une voiture volée après avoir commis un cambriolage, de pouvoir assister mercredi à ses obsèques.
A Moirans, la situation était sous contrôle à 20 heures, selon la préfecture l'Isère : "il n'y a pas de blessés" et "les incendies ont été éteints".
Plus tôt dans la journée, le directeur de cabinet du maire Franck Longo avait indiqué à l'AFP qu'une "centaine de personnes avec des barres en fer (avaient bloqué) la gare".
 "Autour, il y a eu de lourds saccages, notamment le restaurant attenant à la gare.
 Sur les voies SNCF, ils ont fait brûler des voitures", avait-il précisé.

Cinq carcasses de voitures encore fumantes obstruaient toujours les voies ferrées devant la gare, sans qu'on puisse déterminer à ce stade s'il s'agissait d'automobiles en état de marche ou d'épaves (une casse a été pillée par les émeutiers).

Plus tôt dans la journée, le directeur de cabinet du maire Franck Longo avait indiqué à l'AFP qu'une "centaine de personnes avec des barres en fer (avaient bloqué) la gare".
"Autour, il y a eu de lourds saccages", notamment sur les voies.

Trafic SNCF interrompu

La RD1085 à Moirans a été bloquée "par une trentaine de personnes qui (ont brûlé) des palettes et des carcasses de voitures sur la chaussée".
Mais la circulation était "en cours de rétablissement" vers 20 heures, a précisé la préfecture.
Le trafic SNCF était toujours interrompu vers 22 heures.
Mais les 218 passagers qui se trouvaient dans les deux rames à proximité de la gare de Moirans ont été évacués.
 Moirans est un noeud ferroviaire où convergent trois voies en étoile.
Certains trains ont pu être détournés vers le nord via Chambéry et la SNCF travaille à la mise en place de transport de substitution par autocar.
Le préfet de l'Isère a indiqué avoir a reçu "des consignes pour diriger les opérations avec fermeté, afin de maîtriser les débordements, de faire procéder aux interpellations nécessaires et de rétablir la paix publique à Moirans.
 Cent vingt policiers et gendarmes et cent sapeurs-pompiers étaient mobilisés dans la soirée.
Aucune interpellation n'a été effectuée.
 Cela se fera ensuite, a expliqué Jean-Paul Bonnetain.
 "L'exploitation des données, notamment celles fournies par un hélicoptère qui a survolé les incidents, permettra" des identifications.
Mais "il n'y a pas de responsabilité collective" car, si "dans cette communauté (...) certains ont commis des actions inqualifiables, d'autres étaient contre l'expression de cette violence", a-t-il tenu à ajouter.
 En attendant, les gens du voyage, sédentarisés de longue date ici, étaient retournés dans leur camp, en contre-bas de la gare, certains réunis devant un feu.
Un escadron de gendarmerie les surveillait à quelques mètres et devait passer la nuit là.
Car une nouvelle décision du juge d'application des peines pourrait susciter un nouvel accès de colère.
"On attend les ordres du juge", a expliqué à l'AFP un groupe d'une dizaine de gens du voyage.
 Et "si le juge ne lui donne pas l'autorisation, ça ne s'arrêtera pas car c'est une question de respect", a poursuivi un jeune homme.

Mutinerie à la prison d'Aiton

Selon le procureur d'Albertville, Jean Pascal Violet, l'avocat du détenu qui a déclenché la mutinerie à Aiton (Savoie) a déposé mardi après-midi une nouvelle permission de sortie "sous escorte" que le juge d'application des peines (JAP) "examinera au plus tôt".
 Au même moment, le calme était revenu à Aiton où les deux personnes réclamées par les émeutiers de Moirans sont incarcérées.
Selon Pascal Gaudot, du syndicat UFAP, les incidents ont débuté vers 17 heures.
Une vingtaine de détenus (sur les 180-190 de l'établissement) ont mis le feu à leur coursive et détruit les serrures de leurs cellules.
 Une équipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris), venue de Lyon et spécialisé dans le rétablissement de l'ordre dans les prisons, avait été dépêchée sur place.
"Je suis pas plus surpris que ça.
On manifeste jeudi à Paris.
 C'est devenu infernal à gérer.
On a eu plus de 4 500 agressions sur le personnel et 18 prises d'otage sur agents les 12 derniers mois en France" , a relevé M. Gaudot.
 Selon Matthieu Perez, secrétaire régional du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS), cette mutinerie est le révélateur d'"un manque de moyens".
"Les détenus savent qu'on est en manque d'effectifs".

Collision contre un arbre

La mairie de Moirans a expliqué que les choses avaient commencé à déraper lorsque des "représentants des gens du voyage", sédentarisés dans la ville, n'ont pas obtenu du juge d'application des peines que leurs amis puissent être libérés pour assister aux obsèques.
"La justice semble refuser d'accéder à leur demande", a-t-elle poursuivi, ce que le parquet a confirmé à l'AFP, en soulignant que le juge n'entendait pas revenir sur sa décision.
"Leur avocat a fait appel de la décision. N'ayant pas eu de réponse, ils ont engagé vers 16 heures un bras de fer qui a commencé" sur la RD 1085 (...) où, "ayant pillé la casse voisine, ils ont bloqué" ensuite la route et "mis le feu aux véhicules", ajoute la mairie.

Dans la nuit de vendredi à samedi, trois jeunes gens du voyage gantés et cagoulés, dont certains mineurs, sont morts, après avoir commis un cambriolage, à Saint-Joseph-de-Rivière (Isère) dans une collision contre un arbre à bord d'une voiture qu'ils venaient de voler.
 Un quatrième occupant a survécu.
Ce sont les proches de l'une des victimes dont la libération est réclamée par les gens du voyage.

Valls promet la "fermeté"

"Face aux violences inadmissibles commises à Moirans, une seule réponse : la fermeté et le rétablissement de l'ordre républicain", a tweeté le Premier ministre Manuel Valls.
 Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a "félicité les gendarmes, les policiers et les sapeurs-pompiers" qualifiant les "exactions" d'"inadmissibles".
Cette explosion de violence rappelle ce qui s'est passé fin août lorsque des gens du voyage avaient bloqué la circulation sur l'autoroute A1 au péage de Roye (Somme) pour demander que le fils d'une victime d'une fusillade, incarcéré, puisse assister aux funérailles de son père.


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