Le 22/10/2015
Et demain, c’est quoi : un pont sur la Garonne détruit à l’explosif, un char volé dans une caserne pour pulvériser le tribunal, un aéroport en coupe réglée et des avions empêchés de décoller ?
Après la Somme fin août, l’Isère mi-octobre. Hier, l’autoroute du Nord bloquée un week-end de retour de vacances par une soixantaine de personnes. Aujourd’hui, la ligne ferroviaire Lyon-Grenoble à l’arrêt, une départementale coupée par un barrage de voitures en feu et un restaurant mis à sac par une quarantaine de furieux.
Et demain, c’est quoi : un pont sur la Garonne détruit à l’explosif, un char volé dans une caserne pour pulvériser le tribunal, un aéroport en coupe réglée et des avions empêchés de décoller ?
Après Roye, le Premier ministre a gueulé comme il sait le faire, genre taurillon fumant des naseaux et grattant du sabot : « Les gens du voyage ne sont pas libres de faire n’importe quoi ! »
Ce mercredi matin, il a remis ça devant l’Assemblée : « Les auteurs des violences seront implacablement recherchés ! »
Ah bon ?
Et pourquoi ne les a-t-on pas interpellés hier quand on les avait sous la main ?
Pourquoi, une fois de plus, n’est-on pas intervenu en amont ?
Car qu’on ne nous raconte pas de salades : il faut un peu de temps pour entasser des voitures dans un carrefour et sur les voies ferrées, tout comme il en fallut, voilà six semaines, pour tronçonner des arbres et apporter des palettes et des pneus à brûler sur l’autoroute !
Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a « félicité les gendarmes, les policiers et les sapeurs-pompiers » : mais de quoi ?
Bien sûr que les forces de l’ordre étaient prévenues avant que l’incendie ne fasse rage.
La preuve : 150 gendarmes étaient conviés à assister à cette véritable scène de guerre.
Et bien sûr qu’ils auraient pu intervenir, mais il aurait fallu pour cela qu’on les y autorise.
Or, une fois encore, c’est l’ordre inverse qui a été donné.
La seule consigne : prendre des photos et filmer la scène d’hélicoptère.
La mère pleure devant les caméras.
C’est son rôle.
Elle n’avait « pas d’autre choix », dit-elle, que d’en appeler à l’émeute puisque la justice ne voulait pas lâcher son fils.
Me Ronald Gallo, l’avocat du détenu, s’indigne lui aussi : « Comment a-t-on pu lui refuser le droit d’aller se recueillir sur la dépouille de son frère ? »
Parce qu’il est également accusé de « faits de violence sur un codétenu » le 26 juillet dernier, et qu’on ne donne pas de permission de sortie à un taulard qui tabasse les copains.
Enfin, comme le relève le juge d’application des peines (JAP), être responsable de la mutinerie (dans sa prison d’Aiton) « n’a pas joué en faveur de sa sortie ».
Sans blague !
Interrogé sur France Info, le président de la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les gens du voyage (FNASAT) déplorait le sort inique fait, selon lui, à cette communauté : ces gens « se considèrent à juste titre comme particulièrement discriminés et maltraités ».
Ce n’est pourtant pas ce qui ressort des événements actuels !
Confirmé sur RTL : « Il est de tradition depuis des années, pour les préfets, de ne pas procéder aux interpellations des gens du voyage en cas de trouble à l’ordre public. Ces arrestations ne sont jamais la priorité. […] Les forces de l’ordre le savent, elles évoluent ici dans un milieu très violent, très explosif. »
Précision d’un intervenant : « On n’y va qu’avec le GIGN et une protection renforcée. »
Pourquoi ?
On a peur des paniers d’osier ?
Comme le dit Thibault de Montbrial dans Le Figaro : « Le signal donné est aussi clair que négatif : l’État ne recourra à aucun moment à l’affrontement physique contre des individus déterminés. »
C’est donc certain, « d’autres événements de cette nature paraissent dès lors inéluctables ».
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