Que trouveront les aficionados de Cyril Hanouna lorsqu’ils tomberont sur Réels TV, la chaîne qui remplacera C8
sur le huitième canal de la TNT, dès mars 2025, quand le groupe Canal+,
chassé par l’Arcom, aura tourné les talons ?
Pour s’en faire une idée,
il faut s’infliger une heure et demie de présentation du projet, le
mardi 16 juillet dernier à 10h45, dans les bureaux de l’Arcom à Paris.
Tout s’est joué officiellement à ce moment là.
En rang d'oignons, face aux neuf sages de l’Arcom, les cinq
représentants de ce projet qui a tant séduit. Au fond, on a beau être de
droite, donc un peu bêbête, on comprend vite l’idée. Vous connaissez CNews ? Eh bien, Réels TV,
ce sera l’inverse. Mais attention : le tout bien enrobé de mots qui
caressent les oreilles politiquement correctes. Rappelons que cinq de
nos conseillers de l’Arcom ont été nommés par Macron ou des macronistes.
Il ne faudrait pas les brutaliser.
Aux manettes, Denis Olivennes, un normalien sympathique, cultivé,
rusé comme Renard, psychologue en diable, souple, connaissant par cœur
son lexique politiquement correct et les obsessions de ses
interlocuteurs, rompu à la gestion des médias, des journalistes et du
CSA, ancêtre de l’Arcom. Il a dirigé Libération, Europe 1, Canal+, Le Nouvel Obs, on en passe… Il est, aujourd’hui, à la tête du puissant groupe média constitué par le Tchèque Daniel Křetínský.
« Ambition démocratique »
Olivennes commence son exposé par cette évidence : en France, « la télévision exerce une magistrature morale, comme l’instituteur et le curé avant lui ». Vrai, c’est bien pour cela que CNews et C8 n’ont pas que des copains. C’est dire, d’emblée, l’ambition de Réels TV : une magistrature morale, donc. Et jeter une première pierre dans le jardin de… CNews,
qui ne sera pas citée une seule fois, évidemment. Y penser toujours,
n'en parler jamais. Dans le vaste groupe dirigé par Olivennes (18
magazines, bientôt un quotidien, l’Opinion, 50 maisons
d’édition, celles d’Editis, 500 journalistes), on a des valeurs.
Sous-entendu : pas comme chez l’autre, le méchant Bolloré. Le groupe
Křetínský est, lui, « un groupe différent qui incarne et promeut la
tolérance, le débat, le pluralisme, la révérence pour la science et le
progrès, pour la raison, une plate-forme de liberté ». On évolue là
dans l’Olympe de la pensée, dans les salons parisiens design, loin de
l’insécurité et de l’immigration qui tracassent les crasseux encore
attachés à leur patrie. Olivennes sait vanter « l’ambition démocratique de notre chaîne ». Certes, mais comment ? C’est très simple, il suffit de faire l’inverse de CNews. «
En dépolarisant le débat, c’est-à-dire en permettant le débat, en
remplaçant le combat par le débat, en substituant le dialogue à
l’invective, en pariant sur le fait que des vérités qui s’opposent sont
parfois complémentaires », poursuit l’homme de Křetínský. Des gentils, quoi. Cultivés. Éthérés.