Cette opération d’envergure a probablement un goût de revanche pour Thomas Fabius.

 Le sulfureux «fils de» cette grande figure de la politique française qu’est Laurent Fabius a souvent alimenté les journaux people et la chronique judiciaire, en raison de son goût immodéré mais ancien pour les jeux de casino.

Rien de tout cela cette fois. À 43 ans, Thomas Fabius vient de mettre la main sur l’«îlot Chirac», un bijou de l’immobilier parisien. La vente s’est faite mardi, après une promesse signée en octobre 2024. Il s’agit d’un vaste ensemble composé de quatre immeubles édifiés autour d’une cour, situé dans la partie la plus prisée du très chic 7e arrondissement de Paris, parce que donnant directement sur le Champs de mars et la Tour Eiffel. On accède donc à l’îlot par une flopée d’adresses très prisées : le quai Jacques Chirac, l’avenue de Suffren ou encore la confidentielle rue de Buenos Aires. Le montant de l’acquisition n’a pas été communiqué mais il serait de 165 millions d’euros, hors frais de notaire et droits.

Thomas Fabius est un des investisseurs au côté d’Éric Sitruk, PDG du groupe d’immobilier patrimonial Pierre rénovation tradition (PRT) et d’une poignée de banques - Swiss Life Banque Privée, la Banque Cantonale de Genève, la Banque internationale à Luxembourg, le Groupe Banque Postale et sa filiale Louvre Banque privée. «C’est un club deal tout ce qu’il y a plus classique. À cette nuance près qu’on y retrouve la Banque postale, qui est spécialisée dans l’immobilier de bureau et non dans le résidentiel. C’est assez surprenant. On peut en déduire que l’opération n’a pas été facile à boucler », analyse un bon connaisseur de ce type de dossiers.

Première cession depuis 1911

L’îlot Chirac, c’est une soixantaine d’appartements représentant au total 10.700 m² ou 13.000 m² parties communes comprises. Au-delà de la situation géographique et de la qualité architecturale de l’ensemble - les bâtiments ont été primés -, cette vente a ceci d’exceptionnel qu’il s’agit de la première cession depuis la construction de l’ensemble, en 1911, par la famille Oberkampf, du nom du fondateur de la manufacture royale des toiles imprimées créée au XVIIIe siècle. Dans un long message posté en début de semaine sur LinkedIn, Éric Sitruk n’a pas manqué de remercier la famille «qui nous a honorés de sa confiance et bienveillance». Thomas Fabius s’est fait bien plus discret, se contentant d’un message réduit à la portion congrue : «C’EST FAIT». À en juger par la réponse d’un banquier d’affaire ayant travaillé sur l’opération et que nous avons tenté de joindre, Thomas Fabius aurait pourtant joué un rôle clé, travaillant depuis trois ans sur l’opération : «Il est le seul autorisé à communiquer !»