Abdelmadjid Tebboune a été réélu président
de l’Algérie, remportant, ce samedi 7 septembre, les élections avec un
score léonin de 94,65 % des voix, selon les chiffres avancés par
l’Autorité nationale indépendante électorale (ANIE).
Face à lui,
Abdelaali Hassini Chérif, le candidat islamiste (Mouvement de la société
pour la paix, MSP), recueille 3,17 % des vois, et Youcef Aouchiche, le
candidat de l’opposition laïque (Front des forces socialistes, FFS),
2,16 %.
Un scrutin contesté par l’opposition algérienne
Une victoire écrasante, mais qui pâtit d'une légitimité et d'un taux
de participation contestés : 48,03 %, selon l’estimation officielle de
l'ANIE. Mais au sein de l’opposition algérienne, les doutes fusent. On
s’étonne que la participation soit passé de 26 % (à 17 heures) à 48 % (à
20 heures). Pour Atmane Mazouz, président du parti d’opposition laïque
(Rassemblement pour la culture et la démocratie, RCD) ayant choisi de
boycotter l’élection, « la désertion des urnes [était] telle que les centres urbains donnaient l’impression de villes mortes ».
Abdelaali Hassani Cherif va même jusqu’à contester les résultats de l’élection : « Je ne reconnais pas ces résultats », déclare t-il, ce lundi 9 septembre, en conférence de presse. Une dénonciation partagée, puisque les trois candidats à la présidentielle publiaient, dans la foulée, un communiqué conjoint dans lequel ils tenaient à informer «
l’opinion publique nationale des imprécisions, des contradictions, des
ambiguïtés et des incohérences qui ont été relevées dans les chiffres
lors de l’annonce des résultats provisoires par le président de l’ANIE » Mohamed Charfi.
Mais pour Abdelmadjid Tebboune, la campagne fut « propre ». Le quotidien étatique El Moudjadid reprend ainsi le discours présidentiel, qualifiant, pour sa part, l’élection de « démonstration citoyenne ».
Emmanuel Macron
- protocole diplomatique oblige - a tendu la main à son homologue
algérien, tentant de renouer le dialogue avec Alger, après la
reconnaissance houleuse, en juillet dernier, de la souveraineté
marocaine sur le Sahara occidental. Depuis le palais de l’Élysée, le
Président français adresse au président Tebboune « ses plus vives félicitations » et ses « meilleurs vœux de succès ». Il salue également « la relation exceptionnelle qui la lie à l’Algérie, dans tous les domaines ».
Mais alors que la France s’attèle à renouveler les « liens d’amitié qui unissent la France et l’Algérie »,
la presse algérienne s'empresse d’entretenir l’hostilité avec Paris,
perpétuant inlassablement les dividendes de la rancœur mémorielle.
C’est, du moins, ainsi qu’a réagi la chaîne d’État algérienne TV2, ex-Canal Algérie, qui n'a pas manqué l’occasion d’insulter la France, une énième fois, alors que le pays signataire des accords d'Évian « vit l’une des pages les plus noires de la Ve République ».
Une riposte, alors que de l’autre côté de la rive méditerranéenne, les
médias français, eux, s’interrogent sur les conditions de la réélection
du président algérien.