Par Marc de Boni
Mis à jour le 23/10/2015 à 12:00
Publié le 23/10/2015 à 09:29
Dominique Reynié candidat LR-UDI en région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénnées Crédits photo : PASCAL PAVANI/AFP
LE SCAN POLITIQUE - Alors que sa candidature est contestée pour la faiblesse juridique de son éligibilité, le politologue a aggravé son cas en voulant présenter des justificatifs qui révèlent un bail de complaisance.
La campagne des régionales n'est décidément pas un long fleuve tranquille pour la tête de liste LR en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Dominique Reynié. D'abord contesté pour son manque d'expérience politique, il a été accusé de parachutage.
Des critiques venues de son propre camp lui ont ensuite fait le procès d'une campagne faiblarde.
Mais c'est carrément son éligibilité qui est aujourd'hui remise en question.
Une lettre rédigée par un proche de Dominique de Villepin, le sénateur LR de l'Hérault, Jean-Pierre Grand, et publiée dimanche par France 3 Midi-Pyrénées, a suscité une véritable tempête.
Le candidat LR y est accusé de n'être pas vraiment domicilié dans la région et de n'avoir pas fait les démarches d'inscription sur les listes électorales à la date du 1er janvier 2015, comme l'exige l'article L339 du code électoral.
Une situation qui pourrait torpiller sa candidature pour des raisons juridiques à quelques semaines du scrutin.
Domicilié dans une chambre chez sa mère
Si ces révélations tombent comme un cheveu sur la soupe pour le candidat LR, déjà fortement contesté à droite, les justifications qu'il a apportées ont encore aggravé sa situation.
Soucieux de montrer sa probité à France 3, Dominique Reynié a d'abord justifié par une série de documents, de sa domiciliation : il est inscrit sur les listes électorales, l'adresse d'Onet-le-Château, en Aveyron, figure sur sa carte d'identité, il dispose d'un numéro de téléphone et de plusieurs autres pièces.
Le politologue précise qu'il dispose d'un bail locatif et qu'il est inscrit sur les listes des impôts.
Mais un examen attentif des pièces justificatives fournies tend à renforcer les doutes plus qu'à les dissiper, révèlent les journalistes de la chaîne publique régionale.
Pièce déterminante, le bail était censé porter sur un appartement que Dominique Reynié affirmait louer «depuis toujours», dans un communiqué du 19 octobre, et qui est situé dans la commune d'Onet-le-Château.
Or le document révèle qu'il s'agit d'une chambre individuelle au domicile de sa mère, et qui ne serait louée que depuis le 1er mars 2015, ce qui pose en effet un véritable risque juridique.
Le bail de Dominique Reynié a donc été signé postérieurement à la date limite d'inscription sur les fichiers fiscaux fixée au 1er janvier 2015 par le code électoral.
Or ce dernier exige qu'un candidat tête de liste aux élections régionales puisse justifier d'une attache fiscale dans le département, le bail aurait donc dû être signé bien avant mars 2015.
Un détail d'autant plus compromettant que le Conseil d'État précise clairement que le bail doit être enregistré à une «date certaine» pour pouvoir être enregistré par la recette des impôts.
Par ailleurs cette chambre aveyronnaise s'apparente à un bail de complaisance, dans la mesure où le domicile permanent de Dominique Reynié est de notoriété publique parisien.
Il paye ses impôts sur le revenu à Paris et exerce son métier dans le VIIe arrondissement de la capitale.
Il semble donc improbable qu'il puisse fonder juridiquement sa domiciliation chez sa mère en cas de contestation.
Des sondages en berne pour LR en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
Dans un communiqué laconique jeudi, Dominique Reynié balaye ces accusations.
«Il n'y a aucun doute possible, je réponds aux conditions de l'éligibilité définies par l'article L.339 du Code électoral. Je mets au défi ceux qui contestent mon éligibilité de saisir immédiatement les tribunaux compétents», écrit le politologue.
«S'ils ne le font pas, la manœuvre politicienne sera démasquée. Ces tentatives de déstabilisation ne font que renforcer ma détermination à poursuivre le combat pour ma région», assure-t-il.
«Je note que c'est au moment où ma candidature rencontre un écho très favorable que cette attaque contre moi est lancée».
Mais encore une fois cette affirmation vient se heurter sur la dure réalité: selon un sondage BVA, la candidate PS Carole Delga a de bonnes chances d'emporter la région en décembre.
Au soir du premier tour Louis Aliot arriverait en tête avec 29% des intentions de vote.
Derrière, le candidat LR Dominique Reynié totaliserait 20%, et Carole Delga (PS-PRG) 19%.
Mais cette dernière serait la seule à disposer d'une importante réserve de voix (17% des voix) et elle l'emporterait largement au second tour (39% contre 32% pour le FN et 29 % pour LR).
Les adversaires de Dominique Reynié , au FN notamment, n'ont bien sûr pas attendu pour s'emparer de l'affaire et torpiller leur concurrent sur les réseaux sociaux.
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