Translate

dimanche 5 juillet 2015

Couple franco-allemand : Madame porte la culotte

                                                    


Le 05/07/2015

Ces dernières années, le président français a pris du poids et la France n’a cessé d’en perdre. On aurait mieux aimé l’inverse.

Vaincue, pire que vaincue, défaite, occupée, ravagée, humiliée, haïe, morcelée, mise au ban de l’humanité, tandis que la France, après avoir été admise in extremis à la table des vainqueurs, prenait rang parmi les Cinq Grands, qui, en 1945, aurait parié un mark sur le retour de l’Allemagne dans le concert des nations ?
Lorsqu’en 1962 le général de Gaulle, fort de sa stature historique, de la grandeur retrouvée de la France, de sa prospérité, de sa force de frappe et conscient des données permanentes de la géopolitique, tendit la main de la réconciliation à Konrad Adenauer, chancelier de la RFA, l’initiative et la supériorité étaient de notre côté.
Quelques années plus tard, entre Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, puis entre François Mitterrand et Helmut Kohl, l’avantage démographique était du côté de l’Allemagne, l’influence internationale du côté de la France, la taille économique comparable et le tandem franco-allemand fonctionnait à merveille sur la base d’une entente personnelle et politique et d’un équilibre entre les deux peuples voisins, amis et alliés.
Vinrent les années Chirac et Sarkozy.
Le couple, nous disait-on, était toujours en pleine lune de miel, l’Europe s’organisait et ne fonctionnait qu’autour de lui.
Le moteur franco-allemand était toujours incontournable et déterminant, et l’Allemagne faisant de louables efforts pour ménager notre susceptibilité et se garder de tout orgueil, elle n’insistait pas sur le fait que dans la voiture, c’était elle qui tenait de plus en plus souvent le volant.
La crise grecque, entre autres mérites dont on se passerait, a celui de nous mettre en face de la vérité.
Femme forte du Vieux Continent, Angela Merkel n’a tenu aucun compte du désir de compromis affiché par la France et son président.
Elle a rassemblé derrière elle, sur une position intransigeante, ignorant les bêlements plaintifs de notre diplomatie, tous les États membres de la zone euro, sans même regarder derrière elle ce qu’il en était de la France, assurée qu’elle était que, comme d’habitude, Paris suivrait.
 S’il est encore permis de parler d’un couple franco-allemand, il est clair que c’est Madame qui y porte la culotte.


Le Parisien publiait hier les résultats d’un sondage plus cruel et plus éclairant que n’importe quel commentaire ou analyse.


 A la question : « Parmi les personnalités suivantes, laquelle a, selon vous, le plus d’influence sur les décisions prises par l’Union européenne », 67 % des personnes interrogées répondaient Angela Merkel, 14 % Mario Draghi, 10 % Jean-Claude Juncker 4 % Donald Tusk, président du Conseil de l’Europe. Et François Hollande ? 2 %.


Le roi est nu, et il a perdu sa couronne.


 Il y a aujourd’hui entre la France et l’Allemagne la même différence et la même distance qu’entre un porte-avions et un pédalo suiveur.


Ces dernières années, le président français a pris du poids et la France n’a cessé d’en perdre.


 On aurait mieux aimé l’inverse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.