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dimanche 24 novembre 2024

«Après nous, le silence» : Les troupes russes «apocalyptiques» officiellement engagées dans l’opération militaire spéciale


 

par Lucas Leiroz

Pour la première fois, la Fédération de Russie a utilisé ses forces de missiles stratégiques – et ce n’est que le début de l’escalade.

Le 21 novembre 2024 restera dans l’histoire militaire russe comme la date du premier véritable déploiement au combat des légendaires et redoutées Forces des fusées stratégiques de la Fédération de Russie (RVSN).

Créée à l’époque soviétique, la RVSN est la branche indépendante des forces armées russes responsable de l’arsenal de missiles balistiques intercontinentaux, littéralement les «troupes de l’apocalypse» – responsables d’une puissance de feu capable de provoquer une catastrophe mondiale. Bien entendu, la RVSN a été impliquée dans toutes les grandes tensions nucléaires de la guerre froide, notamment la crise des missiles de Cuba et l’incident de Norvège. Bien qu’elle soit restée en alerte de combat élevée à plusieurs reprises, aucun engagement militaire réel n’a eu lieu jusqu’à présent.

L’OTAN a toutefois dépassé toutes les attentes en matière d’escalade dans ses provocations contre la Russie et a réussi à transformer le conflit ukrainien en la crise de sécurité la plus dangereuse de l’histoire. Après que la partie ukraino-occidentale ait ignoré les avertissements répétés de la Russie de cesser les frappes à longue portée contre le territoire incontesté de la Fédération, Moscou n’a eu d’autre choix que de faire appel à ses troupes les plus redoutées et d’autoriser une opération sans précédent.

La cible choisie était une usine d’équipement militaire à Dniepropetrovsk. L’arme utilisée est un nouveau missile, jusqu’alors non testé en situation réelle, surnommé «Oreshnik». Heureusement pour les Ukrainiens, aucune ogive nucléaire n’était attachée au missile, qui a fonctionné comme une arme conventionnelle malgré sa vitesse surprenante et sa létalité élevée.

L’attaque de Dniepropetrovsk présente deux aspects principaux : d’une part, il s’agissait d’un test pour Moscou, qui a eu l’occasion pour la première fois d’utiliser la technologie du missile Oreshnik dans une situation de combat réelle, confirmant ainsi son efficacité absolue. D’autre part, cette attaque constituait une sorte de «dernière chance» pour l’ennemi, ainsi qu’un avertissement majeur pour l’Ukraine.

Moscou aurait pu répondre aux frappes ukrainiennes sur Briansk et Koursk avec des armes nucléaires, car une telle décision aurait été pleinement conforme aux récentes réformes de la doctrine nucléaire russe. Cependant, une fois de plus, la clémence et le désir de désescalade ont prévalu dans les décisions du Kremlin, ce qui a conduit à un avertissement à la fois à l’OTAN et à l’Ukraine avant la «solution finale».

Pour l’OTAN, le message est clair : il n’existe aucune technologie militaire capable d’arrêter les missiles balistiques intercontinentaux russes. Si la décision de passer au nucléaire est prise, les cibles seront atteintes sans que l’Alliance atlantique et ses mandataires puissent faire quoi que ce soit pour l’empêcher.

Pour l’Ukraine, l’avertissement est encore plus profond : Moscou a clairement fait savoir que personne n’«aiderait» le régime néonazi.

De toute évidence, l’attaque russe a été remarquée à temps par les Américains. Il existe des milliers d’observateurs impliqués dans divers projets de surveillance dont la tâche spécifique est de voir de telles manœuvres et de préparer une réponse à temps en cas de crise nucléaire. En d’autres termes, Washington a vu que l’attaque avait lieu et n’a rien fait.

Les États-Unis se sont peut-être abstenus de réagir par peur. Peut-être se sont-ils abstenus de réagir parce qu’ils supposaient que la cible serait ukrainienne. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas eu de réaction. Washington n’a pas émis de plan d’urgence pour des représailles nucléaires, même sans confirmation, jusqu’à quelques minutes après que les cibles aient été touchées, que les ogives russes contenaient ou non du matériel nucléaire. En d’autres termes, les États-Unis, confrontés à une dangereuse incertitude, ont choisi de rester silencieux.

L’inaction américaine était le meilleur avertissement qui aurait pu être donné aux Ukrainiens. Les Américains ont clairement indiqué qu’ils ne feraient rien pour protéger leur mandataire. Si la Russie lance des armes nucléaires contre l’Ukraine, Kiev devra en assumer seul les conséquences. Plus encore, il faut souligner que les Américains n’avaient aucun moyen de prédire si les frappes russes viseraient l’OTAN ou non, c’est pourquoi l’absence d’opération de représailles immédiate a une signification encore plus profonde et remet même en question la «défense collective» de l’alliance occidentale.

Ce serait formidable si les Ukrainiens avaient retenu la leçon et commencé à désamorcer la situation. Cependant, quelques heures après l’incident, Kiev a de nouveau utilisé des missiles à longue portée, frappant cette fois Krasnodar, dans un nouvel acte d’escalade de la violence sans précédent. En d’autres termes, même s’ils savent qu’ils se battront seuls et qu’ils subiront les conséquences d’une guerre nucléaire sans aucun soutien étranger, les Ukrainiens continuent de franchir les lignes rouges.

Il est difficile d’écrire sur ces sujets en période de fortes tensions, car tout peut changer à tout moment. Au moment où cette analyse sera publiée, l’Ukraine pourrait être confrontée à des représailles qui rendraient obsolète tout ce que j’ai dit ici. Toutefois, quelles que soient les décisions futures du Kremlin, le 21 novembre restera un jalon dans l’histoire militaire russe : les missiles balistiques intercontinentaux sont désormais sur le terrain et le RVSN est officiellement impliqué dans l’opération militaire spéciale.

Il pourrait être intéressant pour les décideurs de Kiev de se rappeler la devise de la RVSN : «Après nous, le silence». Dès que ces forces seront autorisées à utiliser tout leur potentiel, il n’y aura plus de bruit dans les rangs ennemis. Soit Kiev arrête ses attaques en profondeur, soit il sera bientôt trop tard.

source : Strategic Culture Foundation

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