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vendredi 9 octobre 2015

Grande-Synthe : les riverains de la «jungle» du Basroch font part de leur exaspération


Publié le
ALEXIS CONSTANT – PHOTO MARC DEMEURE



Les habitants du boulevard Mendes-France qui mène au camp de migrants de Grande-Synthe font circuler une pétition pour interpeller leur maire.

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« On s’est tus pendant des années. Mais là, c’est trop. » Les habitants du boulevard Mendès-France, qui vivent face à la « jungle » de Grande-Synthe, ont lancé une pétition pour alerter le maire sur leur quotidien, devenu invivable. « On nous avait promis un éco-quartier, on a un bidonville », déplorent-ils.

« Quand on nous a vendu les lots, il devait y avoir un éco-quartier en face. Aujourd’hui, c’est un bidonville où des coups de feu retentissent, où les passeurs se battent au couteau », se lamente une habitante du boulevard Mendes-France, dans son pavillon avec vue sur la « jungle ».
Elle vient de recevoir sa taxe d’habitation : « 1 211 €. À ce prix-là, on a le droit de sursauter au moindre coup de feu. »
Élucubrations ?
Elle tend son téléphone, montre une vidéo prise cette semaine.
Les bruits de la fusillade sont bien audibles.
« Encore hier matin [mardi, NDLR], il y a eu des coups de feu. Tout le quartier les a entendus. À chaque fois, moi, mon, mari, mes deux filles, on se met à quatre pattes chez nous de peur qu’une balle ne vienne traverser une vitre. Une fois, ça a duré vingt minutes. »

« On vit cloîtré, on est pris au piège »

D’origine maghrébine, elle raconte que lorsqu’elle sort de chez elle, il lui arrive d’être agressée verbalement par des migrants car elle ne porte pas le voile.

 Un voisin renchérit : « On vit cloîtrés. On interdit aux enfants de jouer dehors. On ne doute pas que la majorité de ces gens ne pose pas de problème. Mais il suffit d’une mauvaise rencontre, d’un déséquilibré. On ne sait pas à qui on a à faire.
Moi-même, j’ai failli me faire écraser par une voiture de passeurs poursuivie par la police ».
Un autre riverain avoue qu’il a songé à partir, « à quitter Grande-Synthe, comme beaucoup de gens ici. Mais on est pris au piège. Personne ne voudra acheter une maison ici. »
« Bien sûr qu’on a essayé de voir des gens de la mairie. Mais ils esquivent. C’est l’omertà. On nous dit qu’il faut être solidaires, qu’il ne faut pas croire la presse malveillante et mal informée. Il ne s’agit pas de croire. Nous, on le vit. Évidemment, eux n’habitent pas ici. Ils ne se font pas voler leur linge et leurs chaussures laissés dehors. Ils n’ont pas d’intrusions dans leurs jardins, les nuisances sonores toute la nuit, les agressions verbales, les voitures anglaises qui nous empêchent de sortir les nôtres. En 2014, un migrant s’est pris des balles dans les jambes, juste sous nos fenêtres, là, sur le trottoir ! », s’agace une autre habitante du boulevard. « Le jour où il y aura un drame avec un Grand-Synthois, les élus n’auront pas intérêts à venir ici faire des discours. Ils ne seront pas bien reçus », réplique un pétitionnaire.

Aucun des signataires que nous avons rencontrés n’a tenu de propos haineux contre les migrants. « On comprend leur détresse. Il serait temps de prendre en considération celle des Grand-Synthois ».
Le texte de la pétition a réuni à ce jour une trentaine de signatures.  Sollicité, le maire Damien Carême n’a pas donné suite à notre demande.                             

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