La saleté serait due à l’évolution des comportements des habitants, et à une occupation de l’espace public qui s’étire de plus en plus dans la journée. - Hugo AYMAR/HAYTHAM-REA
ENQUÊTE Dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024, la propreté est un enjeu crucial pour la capitale. Pourtant, nombre de riverains se plaignent de la saleté de ses rues. Pourquoi en est-on toujours là ?
Six heures du matin, rue de la Roquette.
Les noctambules sont allés se coucher, la voie est libre, les balayeurs sortent de leur atelier souterrain de la Bastille.
Une équipe de quatre arpente la rue de la place de la Bastille à la place Léon-Blum.
Canettes, emballages plastique, déchets organiques, sacs-poubelle éventrés, épanchements d'urine en quantité : nuit et jour, des dizaines de milliers de Parisiens et de touristes affluent dans cette rue, parmi les plus fréquentées de la capitale.
Et leurs déchets s'accumulent.
Les nettoyeurs vident les corbeilles de rue - les poubelles grises dotées de sacs en plastique, au nombre de 30.000 dans Paris - puis laissent les sacs d'ordures remplis et fermés à côté des corbeilles dans l'attente de leur enlèvement...
Attente qui peut parfois durer des heures.
Vers 7h30, les balayeurs arrivent, eux, au bout de la rue.
Le jardinet qui jouxte la bouche de métro de la place Léon-Blum est lui aussi truffé de déchets.
Il risque de le rester...
Le nettoyage des espaces verts relève en effet du service des parcs et jardins de la Ville, mais les jardiniers rechignent à jouer les éboueurs.
Résultat : trop souvent, les espaces verts se transforment en dépotoirs de longue durée.
Palmarès de la saleté urbaine
La rue de la Roquette n'est pas une exception.
Au Champ de Mars, Jean-Sébastien Baschet, président de l'association chargée de le défendre, déplore « une dégradation continue de la propreté du site depuis des années ».
Dominique Feutry, qui dirige l'association Vivre le Marais (association de riverains qui compte le plus de membres de la capitale avec quelque 2.000 adhérents) constate que son quartier donne « une impression de saleté », surtout le week-end, au moment de plus grande affluence des touristes.
Le canal Saint-Martin, lui, est défiguré chaque nuit par environ deux tonnes et demie de déchets générés par les noctambules.
Le palmarès de la saleté urbaine revient sans doute à la petite rue Dejean, au nord de Paris, derrière Barbès.
Ses 70 mètres sont littéralement couverts de déchets alimentaires, avec ses commerces de bouche à l'hygiène parfois douteuse et, surtout, ses dizaines de vendeurs à la sauvette qui proposent des cacahuètes grillées, poissons fumés et séchés, et parfois même de la viande de brousse, dont la vente est interdite en France.