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jeudi 21 septembre 2017

La guerre en Syrie : désinformation et réalité…

 


Le 21/09/2017
Christian Vanneste

Cette guerre, terrible pour les Syriens qui l’ont subie, est une tache sur l’honneur de nos démocraties.

 L’évolution de la situation politique et militaire en Syrie est manifestement favorable à l’État syrien et à son Président, Bachar el-Assad.
Une partie importante de la population, constituée par les minorités religieuses, mais aussi par de nombreux sunnites – notamment de la classe moyenne en essor pendant les années de croissance d’avant-guerre -, soutient le « régime » face aux rebelles.
Les ralliements sont importants.
Il est frappant de voir aujourd’hui le petit Omran, cet enfant couvert de poussière et de sang, hébété, présenté comme le symbole de la répression à Alep, apparaître, tout propre et souriant au côté de son père, pour dire tout le bien qu’ils pensent de la paix revenue grâce à la libération de leur ville par l’armée syrienne.
On se rend compte combien la vision westernienne était fausse et mensongère.
Le régime syrien est autoritaire.
Ses méthodes utilisent la poigne, mais Bachar représentait, par sa formation et sa personnalité, une possibilité d’ouverture.
Son élection en 2000, à la mort de son père, n’était pas prévue.
La diplomatie française a été d’une incohérence totale, compte tenu de cette situation.
Il existait à la fois un lien et un contentieux plus importants entre la France et la Syrie qu’avec d’autres pays arabes.
Entre les deux guerres, notre pays exerçait un mandat sur le Liban et la Syrie.
Mais l’assassinat de l’ambassadeur de France au Liban, en 1981, l’attentat contre le Drakkar, qui tua 58 parachutistes français en 1983, puis l’énorme explosion qui coûta la vie à Rafiq Hariri, le grand ami de Jacques Chirac, en 2005, avaient creusé le fossé en accusant Damas.

Nicolas Sarkozy, au travers de son projet d’Union pour la Méditerranée, renversa la vapeur.
La Syrie devint le principal bénéficiaire de l’opération puisque celle-ci permit de réinstaller le pays dans le concert des nations.
Bachar el-Assad vint assister au défilé du 14 Juillet 2008 et revint à Paris en visite officielle en novembre 2009 et décembre 2010, soit quelques mois avant le début des troubles.
Il faut relire l’article de Paris Match sur le couple d’amoureux Bachar et Asma, et comparer cette vision avec « le monstre sanguinaire » dénoncé quelques années plus tard, pour prendre la mesure des manipulations journalistiques.
Le Président Sarkozy prit aussi le chemin de Damas… puis changea totalement d’attitude en 2011.

  Désormais, Paris préférait le généreux émir Al Thani aux méchants dictateurs qui tombaient comme des mouches sous les coups de vent populaires du Printemps arabe.
L’ennui, c’est que l’alternance démocratique, c’était, au mieux, l’arrivée des Frères musulmans, et donc d’une forme de totalitarisme religieux, et, au pis, en cas d’affrontement militaire, la percée des terroristes d’Al-Qaïda.
Ce fut, pour le Quai d’Orsay, une descente aux enfers où l’on entendit Fabius souhaiter la mort du président Assad et se féliciter du « bon boulot » d’Al-Nosra, c’est-à-dire d’Al-Qaïda !
Pendant ce temps, Hollande se rapprochait du très sympathique et démocratique régime saoudien, si séduisant comme acheteur qu’il ne faut pas trop s’appesantir à son sujet sur les droits de l’homme.
C’est alors que la Russie de Vladimir Poutine intervint, que « l’espoir changea de camp, que le combat changea d’âme ».

 La situation actuelle, à la lumière du bon sens, appelle la conclusion suivante : un État, qu’on a voulu renverser de l’extérieur, rétablit son autorité sur son territoire avec l’appui d’alliés qu’il a appelés.

En revanche, des forces disparates soutenues par des pays aux calculs antagonistes persistent à entretenir les tensions dans les zones périphériques.
C’est ainsi que les Kurdes, avec l’appui occidental, ont conquis une grande frange de territoire au nord, coupée en deux par une avancée de l’armée turque accompagnant « ses » rebelles.
On sait combien Erdoğan souhaite la naissance d’un Kurdistan à sa frontière !
Cette politique incohérente, mouvante, contradictoire a suscité et prolongé le conflit.

Pour la justifier, la désinformation a été intense et systématique.

Cette guerre, terrible pour les Syriens qui l’ont subie, est une tache sur l’honneur de nos démocraties.

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