Vincent Peillon peine à faire reconnaître les vertus de sa réforme des rythmes scolaires à l'école. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
Avec la polémique sur la réforme des rythmes scolaires à l'école le ministre de l'Éducation se retrouve en première ligne.
Fin août, lors des universités d'été du PS à La Rochelle, il s'était plaint, en creux, de voir les questions d'éducation - soit, en réalité, son action au ministère de l'Éducation nationale - insuffisamment traitées par les médias.
Laissant transparaître son amertume devant l'éclatante popularité de certains de ses collègues, Manuel Valls en tête.
Un peu plus d'un mois après, la donne a changé pour Vincent Peillon.
Avec la réforme des rythmes scolaires, le voilà sous le feu des projecteurs.
Mais surtout sous le feu des critiques.
Car la semaine de quatre jours et demi qu'il porte depuis son entrée au gouvernement a bien du mal à passer.
L'opposition, les syndicats d'enseignants - le cœur de l'électorat PS -, les parents d'élèves et maintenant les maires pilonnent le projet.
Mais pas seulement. Dans la majorité aussi, beaucoup restent dubitatifs sur sa méthode.
«Il y a toujours eu de la violence en lui, analyse un député socialiste. Or, cette réforme est violente. Il est passé en force.»
Dans les couloirs des ministères, certains émettent aussi quelques critiques, mezzo voce.
«C'est vrai qu'il y a une vraie interrogation sur le terrain», lâche un conseiller.
Qui ajoute: «Les activités proposées dans l'école de mon fils, c'est un peu n'importe quoi.»
Quant à ce poids lourd de la majorité, il ne comprend pas l'«acharnement» de Peillon: «Il aurait dû étaler la mise en place des rythmes sur quatre ans.
Cela lui aurait permis d'enjamber les municipales et de laisser infuser la réforme dans le pays.»
Tensions avec le premier ministre
Au PS, beaucoup se disent réservés sur la première année de Peillon, qui peine à exister sur la scène politico-médiatique.Un paradoxe alors que l'intéressé avait toute la légitimité pour se couler dans le rôle du ministre de l'Éducation, qu'il rêvait d'être.
«C'est un bon théoricien mais pas quelqu'un qui a le sens des réalités, décrypte un responsable socialiste.
Il n'a jamais été élu local. Or, la réforme des rythmes scolaires est d'abord un problème de logistique, d'intendance.
Ça lui tombe des mains.»
Un autre dirigeant socialiste va plus loin: «Peillon est en train de devenir le maillon faible du gouvernement. Il doit gérer deux fronts en même temps: les rythmes scolaires, un sujet politique lourd et sensible à l'approche des municipales.
Et sa volonté d'être candidat aux européennes, alors qu'il est ministre.»
Dans ce contexte, il n'est pas très surprenant que les relations avec le premier ministre Jean-Marc Ayrault aient pu se tendre parfois.
Dès son entrée au gouvernement, avant même le premier Conseil des ministres, Peillon avait cherché à pousser ses pions.
«Nous avons eu des débuts difficiles, reconnaissait le ministre, en privé, cet été.
Mais ça s'est réglé depuis. Mais j'ai passé l'âge des coups de baguette. Je pourrais être grand-père…»
La réforme des rythmes scolaires fragilise le ministre qui joue gros sur ce dossier sensible avant une séquence électorale à hauts risques pour la majorité.
Son entourage tente de faire retomber la pression et fait valoir que l'activité du ministre ne peut se résumer à cette seule réforme.
«Nous avons fait beaucoup d'autres choses, mais les journalistes n'en parlent pas», défend un membre de son cabinet. Soucieux de se trouver un point de chute, Peillon veut être tête de liste aux européennes dans le Sud-Est, où il avait été élu en 2009.
«La porte est en train de se refermer sur lui.
S'il est objet d'une polémique pendant des mois, il ne pourra pas y aller», analyse un socialiste.
Quand il se veut philosophe, le ministre aime à citer Pascal: «Il y a toujours des méchants.»
http://www.lefigaro.fr/politique/2013/10/02/01002-20131002ARTFIG00550-peillon-devient-le-maillon-faible-du-gouvernement.php
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