ILLUSTRATION. CEREMONIE DE REMISE DES DECRETS DE NATURALISATION FRANCAISE A LA PREFECTURE DE BEAUVAIS (OISE) | LE PARISIEN/ Arnaud DUMONTIER
Exclusif.
Notre sondage BVA pour i-télé et « le Parisien »-« Aujourd’hui en France » est sans appel : sept Français sur dix souhaitent une réforme du droit du sol.
Mais ils y voient aussi une manœuvre électorale de Copé…
Réformer les règles de l’immigration, en touchant notamment au droit du sol ? C’est la proposition choc lancée par Jean-François Copé au début de la semaine, déclenchant un tollé à gauche et suscitant un léger malaise auprès d’une partie de son propre camp. Eh bien, révèle le sondage BVA pour l’émission « CQFD », sur i-télé, et notre journal, les Français sont massivement pour.
Sept Français sur dix (72 %) approuvent cette idée… sans forcément savoir qu’elle émane du patron de l’UMP.
Pour ne pas biaiser les résultats, en effet, BVA n’a pas fait référence dans sa question à la proposition de Copé. « Du coup, le résultat est d’autant plus intéressant puisqu’il fait apparaître que les sympathisants de gauche sont tout de même 47 % à être favorables à une telle réforme », commente Céline Bracq, de BVA Opinion. Plus piquant encore, les sympathisants écolos l’approuveraient à 43 %, alors que les dirigeants verts sont vent debout contre cette idée !
« Les Français sans pitié pour ceux qui voudraient profiter du système»
Plusieurs raisons à cela. D’abord, le thème de l’immigration regagne du terrain parmi les préoccupations prioritaires des Français, même s’il reste nettement derrière le pouvoir d’achat ou l’emploi. Brandi en permanence par le FN de Marine Le Pen, désormais repris par l’UMP et même par la gauche — avec la réforme annoncée par Valls du droit d’asile —, le sujet préoccupe de plus en plus, constatent les sondeurs.
Autre explication à ce véritable plébiscite, l’idée, largement partagée, que la nationalité française se mérite. « Les Français se montrent sans pitié pour ceux qui voudraient profiter du système, poursuit Céline Bracq. Ils estiment que seuls ceux qui respectent les règles doivent avoir accès à la nationalité. » En cela, donc, ils rejoignent la proposition de Copé. Celui-ci veut en finir avec l’acquisition automatique de la nationalité à 18 ans, lorsque les enfants sont nés de parents séjournant illégalement en France.
Pour autant, l’opinion n’est pas dupe. Pour 76 % des personnes interrogées, le patron de l’UMP cherche avant tout à mobiliser les électeurs en vue des élections municipales et européennes de l’an prochain, plutôt que de parler d’un sujet qui préoccupe les Français. De fait, l’UMP étant minoritaire, ce projet n’a aucune chance de passer. Même parmi les amis de la droite, ils sont majoritaires (56 %) à dénoncer ce calcul électoraliste. « Or, reprend Céline Bracq, il n’est pas souhaitable pour un homme politique que sa démarche apparaisse aussi tacticienne. Nous avions enregistré des résultats similaires lors du débat sur l’identité nationale en 2009 : l’année suivante, les élections régionales furent catastrophiques pour l’UMP alors que le FN, lui, avait progressé… »
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