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mercredi 30 octobre 2013

Ecotaxe : les socialistes à poil dans leur jardin breton .

   
Mercredi 30 Octobre 2013 à 11:11


 
Les maraîchers Nantais ont annulé une action coup de poing sur un portique du péripherique nantais après que le premier ministre Jean Marc Ayrault annonce la suspension de l'ecotaxe - SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

 Les maraîchers Nantais ont annulé une action coup de poing sur un portique du péripherique nantais après que le premier ministre Jean Marc Ayrault annonce la suspension de l'ecotaxe - SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA  

Les élus bretons s’étaient appliqués à soutenir l’imposition des poids lourds, instituée à l’origine par la droite sarkozyste, en prenant soin de l’amender considérablement. Tout ça pour se retrouver totalement désavoués par la « suspension » du dispositif fiscal par Jean-Marc Ayrault.

Pour les socialistes bretons, la pilule de la suppression de l’écotaxe est amère. En bons petits soldats du Hollandisme (c’est en Bretagne que le futur président de la République avait trouvé ses premiers soutiens, dont Jean-Yves Le Drian et Bernard Poignant), les élus s’étaient appliqués à soutenir l’imposition des poids lourds, instituée à l’origine par la droite sarkozyste (premier vote en 2008, à la suite du Grenelle de l’Environnement).
 Ils avaient pris soin de l’amender considérablement en mai 2013, après une concertation avec les organisations professionnelles (patronat, agriculteurs,
 coopératives…)
 L’abattement breton de l’écotaxe est passé de 30% à 50%, le transport du lait totalement exempté, gratuité de l’axe Rennes-Châteaulin…

Tout ça pour se retrouver totalement désavoués par la « suspension » du dispositif fiscal par Jean-Marc Ayrault. 
 
Avant la décision de mardi, deux options se présentaient aux grands élus socialistes bretons qui se sont opposés en coulisses : Jean-Jacques Urvoas, député socialiste du Finistère et Bernard Poignant, maire de Quimper, toujours dans le Finistère.
Le premier était partisan d’un moratoire de l’eco-taxe.
 Il avait prévenu Matignon des risques de débordement lors de la manifestation prévue à Quimper le 2 novembre.
L’attaque des pylônes de perception pourraient n’être qu’un avant-goût rural d’une guérilla urbaine à venir. 

Le second ne voulait pas d’un « abandon », et était soutenu par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll et son homologue aux Transports, Frédéric Cuvillier. Le député a finalement emporté le morceau, le gouvernement constatant son isolement sur le terrain : le « collectif des acteurs économiques bretons contre l'écotaxe » regroupant les patrons, les agriculteurs, la grande distribution, les transporteurs a boycotté le 25 octobre les négociations avec l’Etat.
Or ce sont les mêmes acteurs qui en 2011 avaient laissé passer l’écotaxe sans trop rien dire, et qui avaient négocié et approuvé des quatre mains les amendements apportés par la majorité de gauche en mai 2013 ! 
Les élus de droite, qui, dans leur immense majorité avaient pourtant voté la « taxe Borloo » sous Sarkozy leur avaient emboîté le pas, trop content de surfer sur un mouvement antifiscal.

Résultat : alors que le Parti socialiste gère la Région, 21 des 27 députés, trois départements sur quatre et la plupart des grandes villes, il se retrouvait seul face à la contestation violente animée par les agriculteurs de la FNSEA, avec sur les bras l’immense impopularité du gouvernement et de François Hollande.
 Selon un sondage publié par Ouest France, 85% des Bretons n'ont pas confiance dans le gouvernement. De quoi ouvrir l’espace à la résurgence du nationalisme breton, évanoui depuis deux décennies du paysage politique, prompt à présenter « Paris » ou « la France » comme responsable des maux de la Bretagne, et dont la particularité est d’être animé par un noyau de patrons réunis dans l’Institut de Locarn.  

Jean-Marc Ayrault n’a pu qu’en prendre acte, suspendant sine die l’application de l’écotaxe sur tout le territoire, pour que « la confrontation laisse place au dialogue ». Mais attention, prévient-il : « Suspension n’est pas suppression ».
 On peut croire à la sincérité de ses intentions.
 Mais combien de temps faudra-t-il au PS pour rattraper le terrain perdu en Bretagne ? 

Le retour de la ferme générale
En 2011, NKM ministre de l’Environnement, François Baroin (Economie), et Valérie Pécresse (Budget) signaient un PPP avec le consortium Ecomouv, (Autostrade d’Italia, Thalès, SNCF et SFR).
Une nouvelle version de la ferme générale de l’ancien régime puisqu’il confie à des sociétés privées le soin de lever l’écotaxe à la place de la Douane.
 Pour 650 millions d’euros d’investissement et la gestion du système, Ecomouv percevra 230 millions par an pendant 11,5 années. L’Etat et les collectivités récolteraient seulement 970 millions par an.
 En cas rupture de contrat, l’Etat devrait 800 millions d’euros de dédommagement à Ecomouv. En cas de suspension, les loyers à Ecomouv sont dus, soit 18 millions d’euros par mois!

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