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lundi 13 août 2018

Parcoursup est un désastre



 
 
Parcoursup, la nouvelle procédure d’affectation post-bac qui a remplacé APB, est typique des réformes de M. Macron.

Lancée sans concertation, sans réflexion, sans comprendre les problèmes à corriger, conçue à la va-vite, elle est, comme ses détracteurs le pressentaient, un désastre, mais le gouvernement plastronne et truque les chiffres pour que sa réforme semble fonctionner.
Pourtant, les faits sont têtus.
812.000 élèves ont fait appel à Parcoursup. 591.852 ont reçu une réponse favorable (72 %, c’est très faible !), 481.530 (59 %) ont définitivement agréé une seule réponse et savent où ils iront en septembre.
110.322 ont accepté une proposition en maintenant d’autres vœux.
Que recouvre cette catégorie ?
Des étudiants qui auraient obtenu un vœu de secours qui ne les intéresse pas et qui espèrent en décrocher un autre qui leur plaît réellement ?
Des lycéens, satisfaits de ce qu’on leur propose, mais qui maintiennent d’autres vœux pour le fun, pour voir toutes les formations où ils seraient pris ?
Cette deuxième possibilité semble peu probable et ne doit concerner qu’une fraction de ces 110.322 étudiants.
Nous avons probablement 70.000 à 90.000 jeunes de cette catégorie qui n’ont toujours pas obtenu ce qu’ils souhaitent.

En outre, 66.402 étudiants n’ont reçu aucune proposition, dont 50.102 « inactifs » : ils ne manifestent plus et ne répondent pas aux messages qu’on leur envoie.
Le ministère considère qu’ils ont renoncé et qu’il n’y aurait que 16.302 étudiants sans offre, un triomphe, puisqu’à la même époque, APB comptait 66.000 étudiants sans proposition.
Cette manœuvre est grossière, car APB ne relançait pas les étudiants sans propositions.
D’autre part, 220.000 étudiants (28 % !) ont démissionné de Parcoursup, soit près de 80.000 de plus que sur APB !
Une part de ces démissionnaires (120.000 ?) sont entrés dans des écoles privées qui ne recrutent pas sur Parcoursup.
En 2018, ces établissements auraient, paraît-il, fait le plein, suite aux carences de Parcoursup.
M. Macron a réussi l’exploit de rendre payantes les études post-bac pour des dizaines de milliers de familles.
En dehors de ces étudiants qui se sont tournés vers le privé, 60.000 à 80.000 jeunes, écœurés par la procédure, ont renoncé et ne feront rien l’année prochaine.
Un chiffre énorme !
Et beaucoup de formations, universités et classes préparatoires ne feront pas le plein en septembre. D’après mes informations, 60 % des CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) n’étaient remplies qu’à 50 % à la mi-juillet et, depuis, rien n’a bougé.
Parmi les 110.322 jeunes qui ont maintenu plusieurs vœux, il y a beaucoup d’étudiants qui sont sûrs de vouloir faire une classe préparatoire, mais qui ne sont pas satisfaits de l’établissement qu’on leur propose : ils en préféreraient un autre, plus prestigieux.
Ils seront obligés de s’inscrire quelque part à la fin août, mais je doute que toutes les CPGE se retrouvent à 100 % de leur effectif théorique.
Il en est de même pour les facultés.
Car des étudiants qui, les années précédentes, auraient été pris sans problème en juin dans la classe préparatoire ou l’université de leur choix, qui pouvaient se projeter et chercher un logement, ont préféré intégrer des formations privées payantes moins prestigieuses mais qui donnent une réponse immédiate.

Bref, nous sommes à l’aube d’un désastre : d’une part, des formations gratuites délaissées, d’autre part 60.000 à 80.000 étudiants de plus que l’an dernier sans rien et un ministre qui refuse de voir la réalité en face.

Espérons qu’en 2019, le bon sens prévaudra, qu’on suivra l’avis du président de la conférence des universités, qu’on ressortira du placard l’algorithme d’APB, qu’on le mixera avec Parcoursup et qu’au moment du bac, 86 % des étudiants sauront où ils iront à la rentrée prochaine.

Christian de Moliner

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