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mardi 21 août 2018

La Chapelle-Heulin (44) : une dizaine de jeunes terrorisent le village, un couvre-feu envisagé

 

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Rodéos, bris de barrière, d’aubettes, incendie de poubelles, boîtes à lettres cassées et même vol de voiture suivie d’une course-poursuite avec la police : à la Chapelle-Heulin, commune du Vignoble nantais située entre Vertou et le Loroux-Bottereau, un gang de jeunes s’est formé.

Le 17 janvier dernier quatre de ses membres, âgés de 12, 13 et 15 ans, ont été interpellés après avoir volé une voiture et l’avoir fracassée contre un muret, puis pris la fuite à pied.
Depuis, la situation n’a cessé de se dégrader.
« Certains en ont marre, ils ont donné des baffes et alpagué les jeunes, que tout le monde connaît », explique un habitant.
« Du coup il y a eu des représailles, ils se sont fait casser des boîtes à lettre, etc. et certains parlent de monter une milice puisque la gendarmerie est toujours fourrée dans le bourg et ne parvient pas à rétablir l’ordre ».
Du coup le maire, Jean Teurnier, a pris les devants.
Il a alerté la presse locale pour exposer les données du problème, appeler ses habitants au calme et expliquer qu’il envisageait un couvre-feu pour les mineurs et l’installation de dix caméras dans le village.
« Tout le monde va payer pour dix à douze écervelés », résume un autre habitant.
 
Le maire a pris la succession du député PS puis En Marche Sophie Errante

Jean Teurnier est l’ex-premier adjoint de Sophie Errante, installée à la Chapelle-Heulin en 1998, maire en 2008 et députée PS élue en 2012 en faisant basculer la 10e circonscription (Vignoble) à gauche.
Jean Teurnier a été élu en 2014 maire, sur une liste où figuraient cinq autres adjoints et Mme le député. Sophie Errante a été réélue comme député en 2017, devenue cette fois En Marche – comme Yves Daniel dans la 6e circonscription.
Néanmoins en octobre 2014 prend à partie deux élues d’opposition, se sentant « offensé et blessé que l’on puisse penser et publier que celui-ci était du PS » après une tribune de deux conseillères de l’opposition qui l’associaient aux valeurs socialistes.

« A part nous flasher sur les routes, les gendarmes sont incapables de raisonner une bande de jeunes c… »,



« On connaît tous ces jeunes, on a les noms, les prénoms, les coordonnées de leurs familles », continue Jean Teurnier.
La municipalité a déjà reçu les jeunes incriminés et leurs familles, dans trois réunions dont une où les gendarmes étaient présents.
La maison des jeunes, aussi.
La gendarmerie verbalise régulièrement suite aux incivilités – et encore ce samedi 17 août.
Rien n’y fait.
« Malgré les nombreux contrôles de gendarmerie, ce n’est pas efficace », reconnaît Jean Teurnier.
« Doux euphémisme, à part nous flasher sur les routes, les gendarmes sont incapables de raisonner une bande de jeunes cons », s’écrie un habitant du bourg, « c’est tellement moins risqué de fiche des prunes aux gens honnêtes qui travaillent ! ».
« Les habitants sont très remontés, nous on ne veut pas que ça finisse mal et on envisage de recourir à un médiateur ».
Présents depuis des années dans les quartiers multiethniques de Nantes qu’ils n’ont pas empêché de brûler en juillet« Sur mon bureau, j’ai l’arrêté de couvre-feu, prêt à signer », continue le maire, « de 22h à 6h pour les enfants de moins de 16 ans, mais en faisant ça je pénalise 200 à 300 jeunes pour une douzaine qui pose problème ».

Des problèmes similaires à Cheix-en-Retz et Saint-Léger-les-Vignes

Il s’est en effet rapproché de ses collègues de communes voisines. 
« Saint-Léger les Vignes a connu le même problème. Et Cheix-en-Retz aussi ».
Et pour la vidéo-surveillance, « je vais rencontrer le gendarme qui conseille les élus pour tout le territoire de la compagnie de Rezé ».
En l’occurrence, Saint-Léger-les-Vignes a pris un arrêté de couvre-feu en décembre 2017 suite à des dégradations sur le site de la Rive qui ont coûté plus de 20.000 € à la commune ; la circulation des mineurs non accompagnée est interdite de 22 heures à 6 heures et la consommation d’alcool sur la voie publique prohibée.
Des patrouilles de gendarmerie se chargent de faire respecter l’arrêté et de remettre aux parents les mineurs interceptés avec une amende de 11€ à la clé.
C’est ce modèle d’arrêté qu’envisage de mettre en place la Chapelle-Heulin.
A Saint-Léger les Vignes deux bandes de jeunes ont été arrêtées, mais un lieu associatif a encore été fracturé depuis l’adoption de l’arrêté, ainsi que deux portes à l’école.
Cheix-en Retz l’a voté à l’unanimité en mai 2018 après des dégradations au terrain de sport et des buts volés, mais la Préfecture l’a refusé bien que de forts soupçons pesaient sur les mineurs des communes voisines.
Ailleurs, d’autres communes l’ont fait – par exemple Longué-Jumelles (49) dont le maire Frédéric Mortier est maintenant secrétaire général de Debout la France.
L’arrêté avait été pris en 2012 suite à deux importantes bagarres en ville.
Il en a expliqué les raisons dans nos colonnes : « c’était nécessaire pour mettre hors d’état de nuire deux bandes qui mettaient le feu à la commune. Et pourtant à l’époque j’ai eu droit au Figaro et Libé qui m’ont appelé pour me dire que je suis d’extrême-droite. A l’époque, l’État ne voulait rien entendre ».

Des familles dépassées…

Jean Teurnier avance quelques raisons.
« Certains sont issus de familles monoparentales ou dépassées, leurs parents n’ont pas de prise sur eux. Ils n’ont rien à faire. Ils étalent leurs forfaits sur Facebook. Et il y a l’effet de bande ».
La réunion avec les jeunes en mairie « ne s’est pas trop mal passée. Mais pour être franc, ils nous ont proposé de construire une route pour qu’ils puissent s’adonner à leurs rodéos ».
« Il y a des jeunes de familles d’ici, quelques autres qui sont les enfants de personnes qui ont acheté des maisons sur la commune récemment, ils sont français, on les a déjà vus à la maison des Jeunes ici », achève le maire.
La plupart ?
« Bon, il y a aussi un ou deux nord-africains parmi eux », reconnaît le maire qui « refuse de stigmatiser ».
 
Louis-Benoît Greffe
 
Crédit photos : DR
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