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jeudi 2 octobre 2014

Les entreprises impuissantes face aux occupations sauvages des gens du voyage.

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Par Angélique Négroni
Mis à jour le 02/10/2014 à 14:42
Publié le 01/10/2014 à 19:47


L'entreprise EFPR a été paralysée par l'occupation de son site par près de deux cents caravanes durant quinze jours, en septembre à Chamarande (Essonne).

 
L'entreprise EFPR a été paralysée par l'occupation de son site par près de deux cents caravanes durant quinze jours, en septembre à Chamarande (Essonne).

Elles dénoncent l'inaction des pouvoirs publics face à ces intrusions illégales dont elles paient seules la facture.

C'est l'histoire de particuliers, d'agriculteurs ou de chefs d'entreprise victimes d'intrusions illégales de leurs terrains par des gens du voyage, mais aussi de l'inaction des maires et de l'impuissance des forces de l'ordre.
La dernière affaire s'est achevée le week-end dernier.
Durant quinze jours, une école de conduite pour les professionnels de la route (EFPR), située à Chamarande (Essonne), a été paralysée par l'invasion de ses quatre hectares de pistes par près de deux cents caravanes de gens du voyage.
Cadenas brisés, grilles forcées…
 Et malgré cette violation manifeste du droit de propriété, aucune évacuation par les forces de l'ordre.
Et pas davantage de poursuites.

 «L'entreprise a perdu près de 100.000 euros de chiffre d'affaires. Nos clients qui devaient se former pour obtenir une embauche ont vu leurs projets retardés et les dégâts occasionnés par ces installations sauvages sont à nos frais», relate Jean-Luc Pégat-Toquet, le président du groupe Ixio, propriétaire de cette structure de formation.

Ce dernier est une fois de plus consterné mais guère surpris. Au printemps dernier, les lieux avaient déjà été occupés dans les mêmes conditions.
Ces invasions de sites privés sont fréquentes.
 Du côté de Lille, le Centre régional des transports, un parc d'activités industrielles de 320 hectares, est régulièrement pris d'assaut par les gens du voyage.
 «Les parkings sont envahis et l'activité des entreprises totalement paralysée. C‘est de pire en pire», soupire son président, Gilles Malet en dénonçant aussi des vols et des dégradations.
«Les câbles disparaissent, les candélabres sont détériorés», poursuit-il.
 Entre les frais d'huissier, d'avocat, de réparation et de nettoyage, la facture, entièrement réglée par les entreprises, peut vite monter jusqu'à 200.000 euros.

Cette situation parfaitement inique pour les entreprises est liée aux manquements des pouvoirs publics.
 Depuis la loi Besson du 5 juillet 2000, il est fait obligation aux communes de plus de 5 000 habitants de créer des aires d'accueil pour les populations itinérantes et aussi parfois des aires de grands passages pour les convois importants.
 Pour les premières, de 15 à 40 places, d'importants aménagements sont prévus afin de réaliser les connexions à l'eau, à l'électricité et aux égouts.
Pour les secondes, les aires de grand passage prévues pour des séjours plus courts, les équipements à prévoir sont plus sommaires.
Or la loi est loin d'être respectée.
Le taux de réalisation de ces structures à l'échelle nationale dépasse à peine les 50 % pour les aires d'accueil.
 Le taux dégringole à environ 30 % pour les aires de grand passage.
 Le peu d'empressement de certains élus, les réticences de la population à voir s'installer des campements près de chez elle, l'absence de pouvoir coercitif du préfet et surtout le coût financier qu'entraînent ces installations expliquent les raisons de ce «contrat» à moitié rempli.
 «Durant les cinq premières années, les communes bénéficiaient de l'aide de l'État à hauteur de 70 %. Ce soutien financier n'existant plus, la réalisation de ces aires a fortement ralenti», explique Pierre Hérisson, sénateur UMP honoraire et spécialiste de ce dossier au sein de l'AMF, l'Association des maires de France.
Les manquements des élus entraînent un effet domino.
Quand les aires d'accueil ne sont pas créées, la préfecture ne peut, en effet, directement faire évacuer le site illégalement occupé.
 L'entreprise doit alors saisir la justice pour faire intervenir les forces de l'ordre.
Le temps que cela se décide, les caravanes ont déjà déguerpi.
 C'est ce qui s'est passé dans l'Essonne.
 Les caravanes ont quitté les lieux samedi dernier en laissant derrière elles un grillage découpé, un portail cassé, un bitume endommagé par les pieux utilisés pour fixer les auvents des caravanes.
Soit deux jours de travaux pour tout remettre en état avant le redémarrage, mercredi, des activités.

Interrogée par Le Figaro, la préfecture de l'Essonne a ainsi mis en avant le déficit d'aires de grands passages: une seule créée au lieu de quatre.
«En l'absence de ces terrains, le préfet ne peut octroyer le concours de la force publique pour évacuer les caravanes sans intervention préalable du juge», ont confirmé les services préfectoraux.
«Entre les communes et les services de l'État, chacun s'est renvoyé la balle en nous adressant des messages de soutien tout en regrettant de ne pouvoir intervenir», raconte Jean-Luc Pégat-Toquet en ajoutant: «Durant l'occupation du site, les gendarmes étaient bien là mais pour empêcher les salariés d'aller dans l'entreprise, par peur de débordements. Cela revient à protéger des gens qui occupent illégalement un lieu privé. C'est ahurissant!»

Du côté des associations représentant les gens du voyage, on ne cautionne pas ces invasions de terrains privées.
«Et pas davantage les vols et les dégradations», souligne Marc Béziat, délégué général de l'ANGVC (Association nationale des gens du voyage catholiques).
«Quand les lieux d'accueil font défaut, on conseille plutôt aux familles itinérantes l'occupation des parkings publics», dit-il.
Selon lui, cette communauté de 300.000 à 500.000 personnes, en majorité irréprochable, a droit à un accueil décent.

«La loi doit s'appliquer», estime-t-il.
Pour l'heure, c'est l'impasse et les entreprises n'ont d'autre recours que de se barricader.

«Il va falloir augmenter notre dispositif de protection pour empêcher toute nouvelle intrusion, indique Gilles Malet.

 Ce sera un coût supplémentaire pour les sociétés.»

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