Très cher Alain, ainsi donc, tu te lances, ou plutôt tu te relances : tu brigueras sûrement la présidence de la République en 2017...

Pour ne rien te cacher, j'en suis un peu estomaqué.
 Certes, tu as le droit d'être ambitieux : le meilleur d'entre nous peut se le permettre.
 J'ai cependant en mémoire de multiples déclarations, dans lesquelles tu disais, la main sur le cœur, qu'il n'y avait point de salut en dehors de Bordeaux, et que tu y consacrerais désormais le meilleur de toi-même.
 Bon, je sais que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent, mais tout de même, je pensais qu'avec toi, le meilleur d’entre nous…
Mon cher Alain, je te regarde agir depuis bien longtemps, et je me souviens avec émotion d'un dîner à l'UMP, dont tu étais à l'époque le dirigeant.
J'avais l'honneur d'être à ta droite, et me souviens précisément de notre discussion, qui m’avait fait penser, à l'époque, qu'il était sans doute préférable pour la France que tu passes à autre chose.
 Et voici que tu déclares que tu fais don de ta personne au pays : tu comptes mettre ton énergie et ta passion au service de son redressement.
Les Français sont libres de te croire ou non, mais enfin !
Mais enfin, cher ami, mesures-tu vraiment le sens de tes paroles, le résultat de tes actions ?

Depuis quarante ans
                                          
Il serait peu charitable de ma part de te rappeler que tu as été longtemps à la tête des instances dirigeantes de notre pays, qui ne cesse de décliner depuis quarante ans : tu y as donc une importante part de responsabilité.
Si j'étais cruel, je te rappellerai, par exemple, ta dissolution ratée, qui nous a valu cinq ans supplémentaires de gouvernement socialiste, ou ton invraisemblable politique africaine et moyen-orientale, qui a allumé dans la région un feu impossible à éteindre.
 Je pourrais aussi te rappeler tes déclarations indignes d'un grand dirigeant français, puisque tu as osé dire que le pape commençait à (nous) poser problème.
Et voici, maintenant, que l’inique loi Taubira te paraît une grande avancée sociale, à laquelle il ne faut toucher ; que les flux migratoires incontrôlés qui abîment notre pays te semblent acceptables ; qu'il faut traquer dans la région bordelaise les associations jugées politiquement incorrectes, au moyen d'une sorte de Halde locale, nous rappelant les heures les plus sombres de notre histoire… sans parler des associations du type LGBT que tu finances désormais à tout-va dans ta bonne ville de Bordeaux.

Une litanies de mots

Alain, j'aimerais tellement ne pas penser, pour paraphraser tes propos sur Benoît XVI, que « ce Juppé commence à nous poser problème » !

Lorsque tu parles de valeur, d'union, de rassemblement, de tolérance, de fraternité, tu égraines une litanie de mots vides de tout sens, invoqués, usés, rapiécés comme une veste trop souvent retournée, à l'image de nos élites vieillissantes et terriblement ringardes.

 Je t'en prie, mon ami, touche les Français au coeur en étant libre et vrai.
C'est-à-dire en ne les méprisant pas, surtout s’ils sont à droite !
Au moment où les Français rejettent massivement la gauche, ne te jette pas inconsidérément dans les bras de celle-ci, ne passe aucun pacte, public ou secret, avec cette gauche qui veut tuer notre pays.

Je ne sais quel sera ton avenir politique.
Je te vois très bien un avenir bordelais, exclusivement bordelais.

S’il se faisait national, je t’en prie, axe désormais ton action sur la seule promotion du Bien commun, si celui-ci a pour toi un sens.

Avec toute mon amitié.

François Billot de Lochner,

Président de la Fondation de Service politique


Photo : Wikimedias Commons

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