On crie sous vos fenêtres : « Vive Mohamed Merah ! », « Mort aux juifs ! », et vous n’entendez pas.
« Ayant des yeux, ne voyez-vous pas ? et ayant des oreilles, n’entendez-vous pas ? Et n’avez-vous pas de mémoire ? »
Que vous faut-il, aimerait-on demander à certains, pour prendre conscience de la menace qui pèse sur nos têtes ?
On crie sous vos fenêtres : « Vive Mohamed Merah ! », « Mort aux juifs ! », et vous n’entendez pas.
Des pénitentes hargneuses, dont le corps entier repose sous un long drap noir, hantent nos villes de lumière, et vous ne voyez pas.
Vous ne vous souvenez pas que, partout où l’on a mis le corps et l’esprit en cage, on a toujours fini par mépriser et par nier la vie ?
C’est sans doute parce qu’il fait profession de mémoire que l’historien Jean-Charles Jauffret, heurté par la vue d’une de ses étudiantes portant le niqab, lui a lancé – l’imprudent – : « Vous êtes le cheval de Troie du salafisme. »
À ces mots, l’étudiante, choquée, a quitté l’amphithéâtre, suivie par quelques bonnes âmes solidaires.
Il faut dire que la scène se passe à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, une de ces fabriques de l’antiracisme inquisitoire.
La direction de l’établissement, il va sans dire, n’a pas perdu de temps pour exprimer son soutien à la jeune fille, même si elle n’a pas osé déchoir Monsieur Jauffret de ses droits constitutionnels.
Inutile, le pauvre homme s’est condamné lui-même à une forme plus sournoise d’ostracisation.
Déjà, on parle de lui comme d’un « personnage », trouble spécialiste de l’histoire militaire coloniale… en particulier l’histoire de la guerre d’Algérie.
Vous voyez un peu le genre ?
Les étudiants de l’IEP demandent des excuses publiques.
Le « personnage » ne va pas s’en tirer comme ça, on va lui extorquer des aveux, on va lui faire regretter amèrement son « dérapage ».
La machine à indignation est lancée.
Haro sur le phobique.
Interrogée par une équipe de télévision, une étudiante proprette déclare que « c’est pas quek’chose de raisonnable de faire ça ».
Et le comportement de la jeune musulmane, le trouvez-vous vraiment « raisonnable », mademoiselle ?
« Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. »
On lit ces mots dans la Bible et dans le Coran.
Ecrivons-les sur le fronton de l’Europe.
Une jeune femme pénètre dans un lieu de savoir avec le « drapeau noir de l’État islamique », pour citer encore l’esprit libre d’Aix-en-Provence, et l’on entend les mouches voler.
Que font les rebelles de service, prompts à taquiner les participants les plus dominicaux d’une Manif pour tous ?
Que font les archanges de la fraternité, de l’égalité et de la liberté ?
Ils s’agenouent.
Ils déposent leur épée sur le sol et font bon accueil à l’Egorgeur.
Quand la lame s’enfoncera dans leur cou, ils arboreront encore un sourire béat, et le mot « Tolérance » se lira encore sur leurs lèvres muettes.
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