Plutôt que de se faire hara-kiri, il a préféré couper la tête de son fidèle lieutenant. C’est tellement moins douloureux.
Le message était on ne peut plus clair.
En désertant les urnes au premier tour, et surtout en refusant avant-hier le « sursaut » qui aurait pu sauver la vieille maison socialiste alors qu’ils savaient parfaitement que leur abstention transformerait l’échec du 23 mars en déroute, les électeurs de gauche, je veux dire ceux qui sont vraiment de gauche, ceux qui croient encore aux idées et aux valeurs qui ont été longtemps celles de la gauche, ceux-là mêmes qui en mai 2012 s’étaient laissés bercer et berner par les grands serments et les beaux sermons de « l’ennemi de la finance » entendaient sanctionner les reniements et les trahisons de l’imposteur qu’ils avaient porté au pouvoir.
Ils lui signifiaient leur exigence d’un changement de politique, autrement dit d’une nette inflexion vers la gauche.
Ce message a été entendu – un sur cinq.
La nomination de Manuel Valls en remplacement de Jean-Marc Ayrault est un coup de barre à droite.
Certes, ayant depuis longtemps intégré le célèbre adage de Charles Pasqua, selon lequel les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, le président de la République a caressé les orphelins du socialisme dans le sens de leurs illusions.
Il a saupoudré son discours de miettes de justice sociale, il a sorti de sa boîte à outils un nouveau pacte, de solidarité, qui ne lui a rien coûté, il a fait miroiter dans le lointain des allègements d’impôts et une hausse du pouvoir d’achat que permettraient à un horizon indéfini, du côté de 2017, la victoire sur le champ de bataille de l’emploi et le retour de la croissance.
Mais François Hollande est bien placé pour constater que le socialisme est devenu minoritaire à l’intérieur de ce qui s’appelle encore la gauche et que des décennies de bourrage de crâne ont converti sa propre majorité au réalisme, voire au libéralisme, à la logique des banques et à la morale des Bourses.
Aussi bien est-ce à l’intention des néophytes du social-libéralisme mais davantage encore à la droite classique que s’adressait l’essentiel de son allocution, c’est à leur intention qu’il a martelé qu’il accélérerait le cours des « réformes », qu’il garderait le cap, bref qu’il poursuivrait, qu’il prolongerait et qu’il aggraverait encore la politique de rigueur financière et d’orthodoxie budgétaire amorcée par Nicolas Sarkozy.
Par-dessus la tête et les préoccupations des Français, c’est aussi, c’est d’abord, bien entendu, à ses véritables maîtres, qui sont devenus les nôtres, en vertu des traités négociés par ses prédécesseurs et ratifiés par lui-même, au Fonds monétaire international, à la Banque centrale, à l’Allemagne, aux marchés financiers, aux agences de notation, qu’entendait plaire François Hollande.
Il s’agissait de rassurer la Commission européenne à laquelle la France, désormais placée « sous surveillance renforcée » doit soumettre d’ici la fin avril son budget prévisionnel.
Redoutant de voir sa copie assortie en rouge de l’annotation « Peut mieux faire », le « chef » de « l’Etat » cherche à convaincre ces redoutables censeurs qu’il fait de son mieux et ne désespère pas de rester le chouchou de Bruxelles.
C’est également dans l’espoir de séduire ses adversaires autant que ses amis que le président de la République, cédant à la pression, a confié les clés de l’hôtel Matignon à un homme qui est aujourd’hui encore le plus populaire ou le moins impopulaire des socialistes non dans son propre parti mais dans le reste de la population.
Le message des électeurs, droite, gauche et Front national confondus, était là aussi d’une totale limpidité.
C’était un message de désaveu à l’égard de celui qui est à juste titre considéré comme le premier responsable du gouvernement et de son échec, à savoir un certain François Hollande.
Plutôt que d’avoir l’audace de changer de politique, François Hollande a préféré changer de personne.
C’est plus facile.
Au nouveau venu, il a donné mission de constituer le cabinet « resserré, cohérent et soudé » que Jean-Marc Ayrault lui avait en vain demandé l’autorisation de former et de diriger effectivement.
Plutôt que de se faire hara-kiri, il a préféré couper la tête de son fidèle lieutenant.
C’est tellement moins douloureux.
Si l’ancien maire de Nantes était fautif, c’était seulement d’avoir été l’exécutant fidèle, trop fidèle, discipliné, trop discipliné, de ses volontés et le complice de ses faiblesses, d’avoir été un collaborateur loyal, modeste et peut-être un peu terne.
Autant de reproches que n’encourra pas forcément le jeune loup aux dents acérées que François Hollande vient d’embaucher comme berger.
Le destin des serviteurs fidèles les voue à connaître l’ingratitude de leur maîtres.
« Ah dieux ! », s’écrie la détestable Oenone, complaisante complice de Phèdre, « pour la servir j’ai tout fait tout quitté/ Et j’en reçois ce prix, je l’ai bien mérité. »
En désertant les urnes au premier tour, et surtout en refusant avant-hier le « sursaut » qui aurait pu sauver la vieille maison socialiste alors qu’ils savaient parfaitement que leur abstention transformerait l’échec du 23 mars en déroute, les électeurs de gauche, je veux dire ceux qui sont vraiment de gauche, ceux qui croient encore aux idées et aux valeurs qui ont été longtemps celles de la gauche, ceux-là mêmes qui en mai 2012 s’étaient laissés bercer et berner par les grands serments et les beaux sermons de « l’ennemi de la finance » entendaient sanctionner les reniements et les trahisons de l’imposteur qu’ils avaient porté au pouvoir.
Ils lui signifiaient leur exigence d’un changement de politique, autrement dit d’une nette inflexion vers la gauche.
Ce message a été entendu – un sur cinq.
La nomination de Manuel Valls en remplacement de Jean-Marc Ayrault est un coup de barre à droite.
Certes, ayant depuis longtemps intégré le célèbre adage de Charles Pasqua, selon lequel les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, le président de la République a caressé les orphelins du socialisme dans le sens de leurs illusions.
Il a saupoudré son discours de miettes de justice sociale, il a sorti de sa boîte à outils un nouveau pacte, de solidarité, qui ne lui a rien coûté, il a fait miroiter dans le lointain des allègements d’impôts et une hausse du pouvoir d’achat que permettraient à un horizon indéfini, du côté de 2017, la victoire sur le champ de bataille de l’emploi et le retour de la croissance.
Mais François Hollande est bien placé pour constater que le socialisme est devenu minoritaire à l’intérieur de ce qui s’appelle encore la gauche et que des décennies de bourrage de crâne ont converti sa propre majorité au réalisme, voire au libéralisme, à la logique des banques et à la morale des Bourses.
Aussi bien est-ce à l’intention des néophytes du social-libéralisme mais davantage encore à la droite classique que s’adressait l’essentiel de son allocution, c’est à leur intention qu’il a martelé qu’il accélérerait le cours des « réformes », qu’il garderait le cap, bref qu’il poursuivrait, qu’il prolongerait et qu’il aggraverait encore la politique de rigueur financière et d’orthodoxie budgétaire amorcée par Nicolas Sarkozy.
Par-dessus la tête et les préoccupations des Français, c’est aussi, c’est d’abord, bien entendu, à ses véritables maîtres, qui sont devenus les nôtres, en vertu des traités négociés par ses prédécesseurs et ratifiés par lui-même, au Fonds monétaire international, à la Banque centrale, à l’Allemagne, aux marchés financiers, aux agences de notation, qu’entendait plaire François Hollande.
Il s’agissait de rassurer la Commission européenne à laquelle la France, désormais placée « sous surveillance renforcée » doit soumettre d’ici la fin avril son budget prévisionnel.
Redoutant de voir sa copie assortie en rouge de l’annotation « Peut mieux faire », le « chef » de « l’Etat » cherche à convaincre ces redoutables censeurs qu’il fait de son mieux et ne désespère pas de rester le chouchou de Bruxelles.
C’est également dans l’espoir de séduire ses adversaires autant que ses amis que le président de la République, cédant à la pression, a confié les clés de l’hôtel Matignon à un homme qui est aujourd’hui encore le plus populaire ou le moins impopulaire des socialistes non dans son propre parti mais dans le reste de la population.
Le message des électeurs, droite, gauche et Front national confondus, était là aussi d’une totale limpidité.
C’était un message de désaveu à l’égard de celui qui est à juste titre considéré comme le premier responsable du gouvernement et de son échec, à savoir un certain François Hollande.
Plutôt que d’avoir l’audace de changer de politique, François Hollande a préféré changer de personne.
C’est plus facile.
Au nouveau venu, il a donné mission de constituer le cabinet « resserré, cohérent et soudé » que Jean-Marc Ayrault lui avait en vain demandé l’autorisation de former et de diriger effectivement.
Plutôt que de se faire hara-kiri, il a préféré couper la tête de son fidèle lieutenant.
C’est tellement moins douloureux.
Si l’ancien maire de Nantes était fautif, c’était seulement d’avoir été l’exécutant fidèle, trop fidèle, discipliné, trop discipliné, de ses volontés et le complice de ses faiblesses, d’avoir été un collaborateur loyal, modeste et peut-être un peu terne.
Autant de reproches que n’encourra pas forcément le jeune loup aux dents acérées que François Hollande vient d’embaucher comme berger.
Le destin des serviteurs fidèles les voue à connaître l’ingratitude de leur maîtres.
« Ah dieux ! », s’écrie la détestable Oenone, complaisante complice de Phèdre, « pour la servir j’ai tout fait tout quitté/ Et j’en reçois ce prix, je l’ai bien mérité. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.