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mercredi 30 avril 2014

5 ans de détournements de fonds au Parti socialiste, cinglante illustration de son (dys)fonctionnement .

Editorial

Publié le 29 avril 2014 - Mis à jour le 30 avril 2014
 
Des fonds ont été détournés pendant cinq ans au sein du Parti socialiste.
Des fonds ont été détournés pendant cinq ans au sein du Parti socialiste.  Crédit Reuters
 
 
L’ex-comptable Nathalie Bouvet de la fédération socialiste du Gard a été condamnée la semaine dernière pour avoir volé près de 400.000 euros aux militants du PS.

Une somme accumulée en plusieurs années durant lesquelles les dirigeants du parti n’ont jamais rien remarqué…

Vendredi dernier, le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné Nathalie Bouvet pour détournement de fonds à deux ans d’emprisonnement dont un avec sursis.
Le nom de madame Bouvet est probablement inconnu à la plupart des gens et son affaire n’a pas provoqué l’enthousiasme des médias nationaux.
 Pourtant, son histoire est éloquente quant à l’état de déliquescence du principal parti politique de France.
Car c’est aux militants de la fédération socialiste du Gard dont elle était l’employée que cette ancienne comptable a volé près de 400.000 euros en cinq ans.
Madame Bouvet aime l’argent.
 Elle explique aux magistrats que c’est une sorte d’addiction.
 Au moment où elle est engagée par le Parti socialiste en 2005, elle vient d’ailleurs d’être déjà prise la main dans le sac pour des faits comparables : bénévole pendant une année au sein de la jeune chambre économique d'Alès, Nathalie Bouvet y a détourné plus de 20.000 euros.


Mais au sein du PS gardois qui l’embauche, personne n’a pensé ou n’a réussi à vérifier les antécédents de celle qui va gérer les comptes et disposer de la signature de la fédération.
Très rapidement, la comptable va remplir de faux chèques qu’elle encaisse personnellement.
 Entre 2007 et 2012, elle en rédigera plus de 250.
Au début, elle crée de fausses factures pour justifier ces dépenses.
Puis très vite, elle ne se donne même plus cette peine.
"Je ne voyais pas la nécessité de le faire parce que personne ne vérifiait", a expliqué Madame Bouvet à la cour.
Avec un détournement de près de 400.000 euros dans une fédération dont le budget annuel ne dépasse pas 250.000 euros, le président du Tribunal s’étonne qu’en cinq ans personne n’ait jamais rien vu, "ni les membres de la fédération, ni le trésorier, ni les cabinets chargés de contrôler les comptes".

De fait, personne ne remarque le trou dans le compte en banque du PS, pas plus que les voyages de la comptable au Brésil, en Grèce, aux Baléares ou à Dakar (ce dernier séjour effectué pendant un congé maladie.
Après tout, passées les bornes, y’a plus de limites…), ou même les 150 euros qu’elle dépense quotidiennement en taxi pour venir au travail.

 Mieux, en récompense de ses services, le Parti socialiste fait de madame Bouvet sa candidate aux élections cantonales à Alès et, aux dernières législatives, la suppléante du député Fabrice Verdier, poste qu’elle occupe toujours aujourd’hui.
A l’audience vendredi dernier, l’avocat mandaté par Stéphane Tortajada, le nouveau patron du PS du Gard qui a levé le lièvre et porté plainte, a dénoncé "la défaillance d’un système".
 Mais plus qu’une défaillance, ne s’agit-il pas là de l’illustration paroxystique du (dys)fonctionnement du Parti socialiste depuis de nombreuses années ?

Dans leur dernier ouvrage "Heureux comme un socialiste en France", publié le mois dernier chez Plon, Philippe Alexandre et Béatrix de l’Aulnoit partaient à l’assaut des citadelles socialistes et du clientélisme qui y règne en principe d’organisation.

De la grande truanderie de la fédération socialiste des Bouches du Rhône avec son cortège de faux électeurs et d’appels d’offres truqués aux détournements massifs du "trésor des houillères" par le député-maire de Liévin Jean-Pierre Kucheida, en passant par les gabegies du Conseil régional d’Ile-de-France (mention spéciale à la subvention, rappelée dans le livre, de 200.000 euros versée à un festival de musiques nomades en Mauritanie en échange de la présence à l’évènement "d’ânes avec des couvertures portant le logo de la Région Ile-de-France" ), les deux journalistes y proposaient une enquête, certes rédigée à charge, mais fort bien documentée.

Sûr que le procès de madame Bouvet y trouverait tout naturellement sa place.

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