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samedi 26 avril 2014

La FIFA, ou le laboratoire d’un gouvernement mondial


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Le 26 avril 2014
 
  
Il serait peut-être temps d’ouvrir les yeux, non ?

Sepp Blatter, l’inamovible président de la Fédération internationale de football (FIFA), vient d’adresser un carton (jaune) à la fédération française du même sport :

 « La fédération (française) de football fait partie de la FIFA […]. Si les gardiens de la loi du jeu disent que les filles peuvent porter un voile, la fédération française ne peut pas dire non […], ils n’ont pas le choix. »

 Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’organisme suprême du foot fait valoir son autorité sur nos instances nationales.
 En 2010 déjà, suite au fiasco du Mondial sud-africain, devant la levée de boucliers de la classe politique, la FIFA avait brandi la menace d’une exclusion de l’équipe de France des futures compétitions internationales.
 Au diable donc la laïcité !
 Qu’on se le dise, le foot ne connaît pas de frontières, il échappe au droit national et la FIFA est son gouvernement.
Jacques Attali n’avait-il d’ailleurs pas pris fort justement l’exemple du foot pour illustrer la marche inexorable vers une gouvernance mondiale 1 ?

Habituellement, les intellectuels ne se préoccupent guère de football, contrairement aux politiques qui, eux, ne peuvent résister au besoin de « faire peuple ».
Ils le devraient pourtant, car le foot est sans doute le laboratoire qui préfigure le mieux le grand marché mondial de demain qu’appellent de leurs vœux tous les libéro-atlantistes.
Or, qu’observons-nous?
À son actif, l’assouplissement des règles concernant les transferts, l’uniformisation du calendrier et – dans une certaine mesure – la valorisation des droits TV ont incontestablement permis l’augmentation considérable de l’audience du football et du nombre de pratiquants dans le monde entier.
Mais le passif est autrement plus lourd :
– Envolée faramineuse des salaires des joueurs de l’élite au détriment des clubs dont l’endettement atteint des sommets ;
– Forte augmentation du prix des places au stade ;
– Émergence d’un business parasite, profiteurs en tous genres, agents de joueurs, communicants, vendeurs de maillots, etc. Pensez que le salaire de Sepp Blatter est supérieur de 30 % à celui de Christine Lagarde !
– Prolifération des paris en ligne avec son lot de pratiques mafieuses, corruption des joueurs et des arbitres et matchs truqués ;
– Dégradation de l’esprit sportif, sur et en dehors du stade avec, au bout, la communautarisation des supporters en groupes radicaux et tout dernièrement – cette affaire du foulard l’illustre – l’affirmation d’une identité en concurrence avec l’appartenance au club.

Le dénominateur commun à tout cela, c’est bien sûr l’argent roi qui coule à flots.
Mais qui paye ?
Il y a trente ans, les droits TV pour la Ligue 1 s’élevaient à 1 million d’euros et représentaient environ 1 % des ressources globales des clubs. Aujourd’hui, ils atteignent 700 millions d’euros (2/3 des ressources).
 Répercutée par les chaînes sur le tarif de la publicité, cette manne financière se retrouve en bout de chaîne dans les prix des biens et services que nous achetons chaque jour, peu importe que nous soyons amateurs de foot ou non.

 Tout ce passe comme si Ibrahimović, Ribéry, Benzema et consorts étaient payés – des fortunes – par une sorte de TVA bis invisible mais bien réelle.

 Il serait peut-être temps d’ouvrir les yeux, non ?
 
Notes:
  1. Ce Soir (ou jamais !) 13/04/2011

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