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mardi 29 avril 2014

Manuel Valls sifflé à Rome : à qui la faute ?


Wikimedia


Le 29 avril 2014

   
C’est lui qui nous a méprisés, qui a sous-estimé nos manifestations, aspergé nos enfants de gaz lacrymogène, mis nos jeunes en garde à vue, laissé encore et toujours les Femen nous insulter !

On l’a vu à la télé, on l’a lu dans les journaux, Manuel Valls s’est fait siffler à Rome, et s’est même fait siffler par deux fois : lorsque son image est apparue sur les écrans géants dimanche matin, à son arrivée sur la place Saint–Pierre avant le début de la cérémonie, mais aussi (comme le montrent des images rapportées par le blog catholique Le Salon beige) la veille au soir, devant le château Saint-Ange : à France Info, Manuel Valls a confié avoir fait samedi, après un dîner avec son homologue italien Matteo Renzi, une petite visite de Rome « pour mieux sentir l’ambiance de cette ville incroyable ».
 Pour la sentir, il l’a sentie.
Mais comment aurait-il pu en être autrement ?
Comment imaginer que tout cela allait passer comme une lettre à la poste ?
Que telle une enfant de Marie avec sa petite corbeille de fleurs, Manuel Valls allait, la mine modeste, faire ses civilités au pape pour que la presse puisse titrer « Valls et les cathos, la nouvelle lune de miel », sans que personne, parmi les milliers de pèlerins français venus pour la canonisation, ne bronche ?
Ceux-ci auraient dû rester tête baissée sans moufter, comme ces écoliers brimés par un instituteur rigide les ayant pris en grippe, affublés toute l’année d’un bonnet d’âne, raillés, humiliés, frappés sur les doigts à coups de règle mais qui, le jour où l’inspecteur passe dans la classe, se laissent tapoter gentiment la tête par le maître tout sourire – « braves petits ! » –, en essayant en sus de cacher leurs bleus ?
Pourquoi, en enfants confiants, n’auraient-ils pas le droit de se livrer au Saint-Père, de lui crier comme ils peuvent leur désarroi : « Il est là, il vous serre onctueusement la main, mais ne vous y trompez pas, c’est lui qui nous a méprisés, qui a sous-estimé nos manifestations, aspergé nos enfants de gaz lacrymogène, mis nos jeunes en garde à vue, laissé encore et toujours les Femen nous insulter ! »

Ces sifflets ont été « dénoncés » par Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, sur BFM TV.
 On lit par ailleurs, ici et là, que ces huées n’étaient pas « convenables », que ce n’était pas le lieu.
À voir.
Car les deux papes que l’on canonisait ce jour-là n’avaient précisément pas la réputation d’être « convenus ».
Et celui, en titre, qui officiait, n’est pas toujours très « convenable » ni à cheval sur le qu’en-dira-t-on, quand il s’agit de prendre les uns et les autres à rebrousse-poil pour leur asséner quelques bonnes vérités.
Alors, sans doute, il est des hautes fonctions dans l’Église de France qui n’autorisent pas à plaisanter avec les « convenances ».
On se doit d’être sérieux, diplomate, de ménager la chèvre et le chou, et de ne fâcher personne.
 Las, les jeunes pousses, elles, sont impétueuses, insolentes, exigeantes, entières, facétieuses, cherchant une Église plus « véritable » que « convenable ».
C’est épuisant pour qui doit ensuite justifier leur fougue auprès de ceux qui en font les frais.
Oui, mais la faute à qui ?
 Qui a labouré, semé, arrosé ?
 Qui a demandé sans ménagements à la France, quand, franchement, c’était un peu le cadet de ses soucis, où donc elle avait bien pu fourrer les promesses de son baptême ?
 Qui, de l’avis général, a galvanisé et décomplexé toute une génération montante ?

 Si certains veulent se plaindre, le bureau des réclamations est désormais là-haut, sur la stèle et sous l’auréole.

Derrière l’écriteau « saint Jean-Paul ».

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