Bases militaires, l’hécatombe c’est maintenant…

par Laurent Lagneau - Opex 360

L’Escadron d’entraînement 2/2 Côte d’Or va quitter Dijon

Quand un bruit de coursive circule et que l’on dit à son sujet qu’il ne s’agit que d’une “hypothèse de travail”, alors on peut s’attendre à ce qu’il soit finalement confirmé. Reste alors à savoir quand.

Pour l’Escadron d’entraînement 2/2 Côte d’Or, implanté sur la base aérienne 102 de Dijon, dont une rumeur relayée par la presse locale, l’été dernier, annonçait son probable transfert vers d’autres cieux, la sentence est tombée à l’occasion d’une visite du général Antoine Creux, le major-général de l’armée de l’Air.

Ses Alphajet quitteront la Bourgogne pour rejoindre la BA 120 de Cazaux, en Gironde et ceux de l’Ecole de Transition Opérationnelle / 8th Wing, dont la mission est d’assurer la dernière étape de la formation des pilote de chasse brevetés à l’Ecole de l’Aviation de Combat de Tours. Cette décision est logique dans la mesure où le 2/2 Côte d’Or joue le rôle de plastron afin d’entraîner et de préparer les autres escadrons de chasse de l’armée de l’Air.

Menacée de fermeture en 2008, la BA 102 aura donc perdu, au cours de ces 5 dernières années, l’ensemble de ses avions de combat, le groupe de chasse 1/2 Cigognes ayant été transféré à Luxeuil lors de la dernière vague de restructurations. En échange, elle a notamment accueilli, en provenance de Metz, l’état-major du Commandement des Forces Aériennes (CFA) et obtenu le statut de “base de défense” pour assurer le soutien d’environ 4.000 personnels, dont ceux du centre spécial militaire de Valduc, où sont assemblées les armes nucléaires françaises.

C’est confirmé, le 1er Régiment Etranger de Cavalerie quittera Orange pour rejoindre Carpiagne

La rumeur n’en est plus une. Selon Jacques Bompard, le député-maire d’Orange, le 1er Régiment Etranger de Cavalerie (REC) quittera bel et bien la cité des Princes pour rejoindre Carpiagne, près de Marseille, où il remplacera – normalement – le 4e Régiment de Dragons (RD) et ses chars Leclerc. C’est ce qu’il a indiqué dans un communiqué publié ce 1er octobre :

“Depuis quinze jours, la rumeur courait que l’Etat allait déplacer le 1er REC en garnison à Orange depuis 1967 pour l’envoyer dans les Bouches-du-Rhône. Afin d’en savoir plus, j’avais demandé un rendez-vous à monsieur le ministre de la défense.
Je n’aurai pas ce rendez-vous. Aujourd’hui, à 14 h 45, à la demande de monsieur le 1er ministre, le préfet du Vaucluse m’a téléphoné. Son appel est censé remplacer le rendez-vous ministériel que j’avais demandé. Le préfet du Vaucluse m’a annoncé la décision de l’Etat de mettre fin à la présence du 1er REC à Orange.
Je suis abasourdi par cette manière de procéder. Ainsi, en seulement quinze jours, nous sommes passés de la rumeur à la déclaration officielle. Singulier raccourci qui témoigne du peu d’attention apportée par ce gouvernement à la concertation, aux populations et à leurs représentants.
Dans ce contexte, j’appelle les députés, sénateurs et les conseillers généraux du Vaucluse, les élus et les citoyens des deux cantons d’Orange et du Nord Vaucluse, les associations d’anciens combattants, à venir manifester le samedi 5 octobre à 15 h 00, place de la mairie, à Orange afin de montrer un large soutien populaire au 1er REC et témoigner des liens d’affection qui lient ce régiment et la ville”

Cela étant, si le 1er REC va changer de quartier, en revanche, Orange et sa région devraient en principe conserver la Base aérienne 115, laquelle abrite notamment les Mirages 2000 C/RDI de l’Escadron de Chasse 2/5 Île de France. Cette dernière semblait menacée selon quelques bruits de coursive…

L’Escadron de défense sol-air “Servance” va être dissous

Etant donné que les commandes missiles Aster-30 utilisé vont être réduite de manière significative, selon Antoine Bouvier, le Pdg de MBDA, cela aura forcément des conséquences sur les unités mettant en oeuvre le système air-sol moyenne portée – Terrestre (SAMP/T, encore appelé Mamba).
Et elles n’ont pas tardé à se manifester. Ainsi, à l’occasion d’une visite à la base aérienne 116 de Luxeuil-les-Bains, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Denis Mercier, a annoncé, ce 1er septembre, la dissolution de l’Escadron de défense sol-air (EDSA) 04.950 “Servance”, lequel a pourtant été le premier à être doté du système Mamba.
A priori, les choses vont aller vite car selon France3 Franche-Comté, qui a livré cette information, les 228 militaires de cet escadron quitteront Luxeuil dès l’été prochain et renforceront d’autres unités du même type.
L’information a été dans le même temps confirmé par le cabinet du ministre au maire de Luxeuil, Michel Raison. Si ce dernier regrette la disparition du Servance, il se dit en revanche rassuré du maintien de la BA 116, laquelle accueille le Groupe de Chasse 1/2 Cigognes, dont une éventuelle dissolution est inimaginable tant il est porteur de symboles pour l’armée de l’Air.

Le Détachement Air 277 de Varennes-sur-Allier va fermer en 2015

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, annoncera les décisions prises au sujet des restructurations attendues dans le cadre de la prochain Loi de programmation militaire (LPM) le 3 octobre prochain. Mais sans attendre, le sort du Détachement Air 277 de Varennes-sur-Allier, est déjà scellé.

En effet, selon le quotidien La Montagne, le général Claude Tarfani, directeur des ressources humaines de l’armée de l’Air, a annoncé, ce 1er octobre, la dissolution du DA 277 “pour fin 2015″.

Cela fait un moment que la dissolution du DA 277 est dans l’air, au point qu’un ancien commandant du site, le colonel Patrick Mérian, avait affirmé, en août 2012, au moment de son départ, que le plus difficile avait été de “vivre avec les rumeurs de fermeture qui pourrissent les relations”.

A l’époque, le commandant du soutien des forces aérienne, le général Jean-Marc Laurent, s’était montré rassurant, en estimant que le site de Varennes-sur-Allier, dont la mission est le stockage et la réparation de matériels aéronautiques ainsi que le ravitaillement des bases aériennes, qu’elles soient en France ou à l’étranger, restait un “pôle technico-opérationnel d’excellence de nos forces aériennes, précieux pour nos armées”. Et d’ajouter : “On l’a vu en Afghanistan, en Libye, en Afrique. Ici, on ne fait pas que stocker et réparer. Ici, on agit.”

Mais, dans le même temps, le général Laurent avait mis un léger bémol, en ajoutant que “toute base est vulnérable. Celle de Varennes comme les autres, mais pas plus que les autres. Qui aurait pensé voir fermer Cambrai ou encore Reims, qui étaient pourtant très importantes?”

En 2010, à l’occasion d’une visite du ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, l’on apprenait que le DA 277 avait en stock 3 millions d’articles pour 54.000 nomenclatures différentes. Autre exemple des missions menées sur ce site, en décembre 2012, le groupe des ateliers techniques implanté à Varennes-ur-Allier avait remis à l’échelon central NEDEX de l’armée de l’air le 10e et dernier camion de type Renault Master spécialisé dans la neutralisation, l’enlèvement et la destruction des engins explosifs.

Quoi qu’il en soit, cela n’empêchera pas la dissolution du DA 277. Le président de la communauté de communes Varennes-Forterre, Xavier Cadoret, a assuré que des mesures d’accompagnement vont être prises, conformément aux promesses du ministre de la Défense.

“J’ai plaidé l’impact : 260 salariés, dont 98 civils, une masse salariale de 10 millions d’euros et trois millions d’euros injecté dans l’économie d’une ville de 2.000 habitants. A ce titre, le ministre a promis des mesures exceptionnelles pour le reclassement du personnel civil”, a-t-il indiqué.