Mario Draghi est devenu, le 3 février, le nouveau président du Conseil italien, succédant ainsi à Giuseppe Conte.
En effet, la défection de Italia Viva, parti de Matteo Renzi, a privé la brinquebalante coalition M5S-centre gauche de la majorité parlementaire.
Une majorité elle-même issue du rabibochage express et en coulisse du mouvement populiste M5S avec la gauche de gouvernement, en septembre 2019 : un coup de poignard dans le dos de la Lega de Salvini qui prenait bien trop de poids dans l’opinion, avec les succès de l’ex-ministre de l’Intérieur sur le front de l’immigration.
Lors d’un débat télévisé organisé, il y a quelques mois, sur la RAI entre Renzi et Salvini, le premier avait reconnu avoir fomenté un « coup d’État » pour écarter la Lega du pouvoir, prétextant un risque de flambée du coût de la dette italienne provoqué par la défiance que le second inspirait dans les milieux financiers… Fort de ses malheureux 5 % des voix, Renzi aura donc réussi à chasser les populistes du pouvoir en deux temps, Salvini d’abord, Conte ensuite : chapeau, l’artiste, voilà un Florentin pur jus digne successeur de Machiavel au panthéon de la roublardise politique. Au final, les Italiens, qui avaient voté en 2018 à plus de 50 % pour les partis populistes, M5S, Lega, Fratelli d’Italia et CasaPound, se retrouvent, trois ans plus tard, avec l’exact opposé de leur choix : Mario Draghi, ancien vice-président de Goldman Sachs Europe, ancien gouverneur de la BCE…
Ce sont les mêmes députés issus du scrutin de 2018 qui ont porté cet homme-là à la tête du pays : de quoi s’interroger sur le fonctionnement de la démocratie italienne…
Avec Mario Draghi au Palazzo Chigi, la banque ne cache même plus sa détermination à dominer le politique, à dresser les nations et les peuples pour les plier à ses intérêts, et tant pis pour la souveraineté populaire, la démocratie, et tout le baratin : les affaires de gros sous sont bien trop importantes pour que le peuple ait son mot à dire. Avec Draghi, la finance internationale sera servie en gants blancs : à la tête de la BCE, c’est lui qui a institué ce quantitative easing massif qui gonfle artificiellement la valeurs des actifs financiers, maintient les Bourses à flot même quand l’économie réelle s’effondre.Les Italiens peuvent en être certains : Draghi ne fera rien qui puisse nuire au cénacle financier qui l’a promu au sommet. Sa nomination tombe, d’ailleurs, à pic, en remplacement d’un Giuseppe Conte qui commençait à réclamer des abandons de créance de la BCE. Ainsi, Mario Draghi, qui n’a jamais été député, sénateur ou ministre, mais a fait toute sa carrière dans la banque, accède au pouvoir en Italie. Emmanuel Macron, lui aussi un peu banquier, avait tout de même été un peu ministre ! C’est une nouvelle version du film de Francesco Rosi, Main basse sur la ville, qui se joue devant nos yeux, avec la complicité des grands médias qui ne trouvent rien d’inquiétant à tout cela. Après la fameuse directive BRRD, votée par le Parlement européen puis le Parlement français, qui permettra aux banques de se renflouer en saisissant l’épargne de leurs clients, que nous préparent donc nos grands argentiers, à présent qu’ils tiennent les clés de deux des trois principales puissances de la zone euro ?
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