En exclusivité, nous publions aujourd'hui la lettre de Gérald Darmanin (signée l'adjointe du directeur des libertés publiques, Pascale Léglise) à Génération Identitaire motivant l'intention de dissoudre cette association.
L'exposé des motifs ne manque pas d'intérêt, car il illustre l'ambiguïté et le flou juridique qui entoure cette démarche et cette décision très politique. Selon Pascale Léglise (mais on a la faiblesse de penser que ce courrier administratif a reçu l'aval personnel du ministre), Génération Identitaire serait un mouvement paramilitaire inspiré par le racisme et la xénophobie. Dans les preuves de cette inspiration, Pascale Léglise reproche au mouvement de défendre la préférence nationale ou d'exiger la sécurité pour les jeunes Français agressé dans les rues. Voilà une série de motifs qui risquent de rendre le débat particulièrement sensible et compliqué pour le gouvernement, après un débat Darmanin/Le Pen où le ministre de l'Intérieur avait jugé sa contradictrice trop molle.
Darmanin dissoudrait-il la France libre ?
La longue liste de faits reprochés à Génération Identitaire est en réalité un melting-pot dont il ressort surtout que c’est le principe de la préférence nationale et de l’identité française elle-même qui sont jugés racistes, haineux, ou xénophobes. Cette prise de position paraît bien hasardeuse, si l’on se souvient que Nicolas Sarkozy avait lui-même créé un ministère de l’Identité Nationale en 2007, émanant d’une majorité à laquelle appartenait alors Gérald Darmanin.
Sur le fond, jusqu’où la proscription de l’identité nationale va-t-elle ? Un Darmanin dissoudrait-il un mouvement comme la France libre, sous prétexte qu’elle fait l’éloge d’une préférence nationale et d’une identité française ? Les frontières sont poreuses entre tous ces concepts, et le gouvernement s’est engagé dans une bien étrange seringue.
Le décret en conseil des ministres devrait cliver
La procédure de dissolution de Génération Identitaire doit être suivie d’un décret en conseil des ministres rendant effective la décision administrative de dissoudre le mouvement. Pour Gérald Darmanin, qui jugeait Marine Le Pen trop molle vis-à-vis de l’Islam il y a quelques jours lors de son débat télévisé, cette étape risque d’être très compliquée à négocier. À titre personnel, il devra justifier l’écart entre la « verdeur » de ses mots et les étranges contradictions de ses décisions.
Il ne faut pas exclure que ce décret envenime des tensions déjà apparues lors du décès d’Axelle Dorier, à Lyon, en juillet 2020, dans des conditions atroces. Cette aide-soignante avait été renversée dans la rue par une voiture conduite par des délinquants d’origine étrangère, et elle était morte après avoir été traînée sur des centaines de mètres par la voiture…
Une doctrine dépassée ?Reste que… le lien établi entre la préférence nationale et la xénophobie dans le courrier de Pascale Léglise, juge administratif en poste au ministère de l’Intérieur, risque de faire couleur beaucoup d’encre. Son directeur, Thomas Campeaux, conseiller d’Etat, n’a pas pris la responsabilité de signer ce courrier, mais c’est la conception très extensive (et indulgente pour les islamistes, puisque le Conseil d’Etat avait estimé en son temps que le port du voile à l’école n’était pas un obstacle à la laïcité) de la xénophobie selon la haute juridiction administrative (placée sous l’autorité du Premier Ministre, rappelons-le), qui risque d’être mise en cause désormais.
Le Conseil d’Etat est-il l’organe suprême chargé de réprimer toute contestation contre la perte de souveraineté française ?
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