Il y a parfois des sondages qui en disent plus qu’un long discours, tel celui commandé par le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) à l’institut OpinionWay.
Les sondés ? Les quatre principaux pays européens : France, Allemagne, Italie et Angleterre ; même si cette dernière, comme on sait, est un jour européenne et l’autre pas, au gré très fluctuant de ses seuls intérêts nationaux.
De tout cela, il y a au moins deux informations majeures à retenir : les peuples sondés sont de plus en plus rétifs à la politique sanitaire de leurs gouvernements respectifs, tandis que celui de France demeure le plus sceptique quant à la politique en question.
Et tout ceci n’est pas bon pour le moral, tel que naguère chanté par la Compagnie créole. Ainsi et à propos du « sentiment de lassitude ressenti », les Français se lassent à hauteur de 41 %, contre seulement 31 % pour les Anglais et 15 % pour les Allemands. Idem pour celui de « morosité », ressentie ou non, un peu comme le froid des bulletins de la météo : nous sommes 34 % à « moroser », alors que nos voisins d’outre-Manche et d’outre-Rhin ne « morosent » chacun qu’à hauteur de 16 % et 14 %*. Bref, les « Gaulois » que nous sommes persistent à être « réfractaires », pour paraphraser Emmanuel Macron.
Voilà peut-être pourquoi ce dernier, pas si nigaud que certains le prétendent, a renoncé à un troisième confinement, bousculant au passage technocrates et, surtout, experts en matière sanitaire.
Il est un autre fait que, contrairement aux pays plus haut évoqués, la France sort tout juste de la crise des gilets jaunes, des manifestations contre la réforme des retraites, tout en ayant été ensanglantée par les attentats islamistes qu’on sait. Résultat ? Nous sommes 31 % à être « pas du tout d’accord » quant à la gestion gouvernementale de la crise, alors que ce taux d’hostilité globale descend à 24 % chez les Anglais, 20 % chez les Italiens et seulement 15 % chez les Allemands.
Si gouverner consiste à prévoir, on constatera qu’en la circonstance, Emmanuel Macron a dû anticiper le pire. Surtout en voyant les résultats de ce sondage en matière de vaccination. Là encore, autre exception française : nous ne sommes que 29 % à assurer nous faire « certainement » vacciner, contre 42 % d’Allemands, 51 % d’Italiens et 57 % d’Anglais. Des chiffres corroborés par ceux concernant notre méfiance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique : 36 % des Français ne leur font pas confiance, devant les Allemands, les Italiens (32 %) et les Anglais (31 %).
Une défiance que viennent confirmer d’autres chiffres, ceux concernant l’occasion, pour ces États, de profiter de la pandémie afin de mieux renforcer leur contrôle sur les populations. Une fois de plus, nous sommes en tête de peloton dans la catégorie du principe de précaution, avec 42 % de taux d’inquiétude. On notera que les trois autres peuples concernés sont à peine moins rétifs, avec 41 % de sceptiques chez les Allemands, 40 % chez les Italiens et 39 % chez les Anglais. Ainsi, le moins qu’on puisse prétendre est que les gouvernants européens ne sont pas tout à fait plébiscités. Et le nôtre encore moins que ses homologues.
(*) Assez bizarrement, mais peut-être n’est-ce qu’un simple oubli, les Italiens ne paraissent pas avoir été soumis à cette question.
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