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lundi 22 février 2021

Un conseiller d’Hidalgo derrière Claire Underwood ?


 
 

Pour comprendre ce qui agite la LGBTsphère, il faut remonter au 9 février. 

Ce mardi, un jeune homme, Guillaume, a été retrouvé pendu dans sa chambre universitaire du campus du Nanterre. 

Le 21 janvier, il avait accusé publiquement Maxime Cochard, conseiller de Paris PCF du XIVe arrondissement, et son compagnon de l’avoir violé en 2018 alors qu’il n’avait lui-même que dix-huit ans. Maxime Cochard, proche de Ian Brossat, le maire adjoint de Paris au Logement, a nié en bloc, parlant d’une « accusation totalement fausse », et a porté plainte en diffamation. Mais très vite, le PCF demande sa mise en retrait et Carine Petit, maire socialiste du XIVe, lui retire sa délégation « Égalité Femmes Hommes et lutte contre les discriminations ». L’avocat de la de Guillaume annonce porter plainte contre X pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Dans la foulée, une vague de témoignages inonde Twitter sous le mot-dièse #metoogay, « libérant la parole de centaine d’hommes homosexuels victimes de violences sexuelles ».

« Quelque chose de pourri à l’hôtel de ville »

L’été dernier, une affaire similaire avait déjà eu lieu, quand le photographe et militant homosexuel Olivier Ciappa avait fait une tentative de suicide au début du mois de juillet après avoir évoqué, sur Twitter, le harcèlement et les moqueries dont il avait été victime de la part de figures du militantisme LGBT parisien. « Il n’y a pas de lien entre les deux affaires », nous apprend Kevin [le prénom a été changé], militant historique de la cause LGBT. Pas de lien, « mais c’est la même bande. Ils agissent en meute. » « Derrière ce lynchage, il y a des comptes anonymes sur Twitter, en majorité tenus par l’équipe de la branche LGBT d’Anne Hidalgo qui s’appelle Fiertés en Commun », révélait Valeurs actuelles. « Ils sont très implantés en politique et dans les médias, gays bien sûr comme Komitid ou Têtu, mais aussi 20 Minutes, qui a lancé le plus gros harcèlement. » L’hebdomadaire cite même des noms : Joël Deumier, de Fiertés en Commun, Romain Burrel, de Têtu, Denis Quinqueton, Yohann Roszéwitch, Philippe Lasnier, Nicolas Rividi ou les élus communistes de Paris, Ian Brossat et Maxime Cochard. Et le fameux compte anonyme ParisPasRose. Anonyme jusqu’à aujourd’hui, semble-t-il.

Depuis la mort de Guillaume, plusieurs rassemblements ont eu lieu à l’université de Nanterre où il étudiait, dont un vendredi dernier. Après ce dernier, un hashtag #Justicepourguillaume a été lancé sur Twitter. « Leurs conneries ont fini par faire un mort ! », selon Kevin. « Avez-vous constaté comme moi l’omerta de Brossat comme ParisPasRose sur les accusations de Guillaume, puis sur son suicide ? Alors que ce sont les premiers à monter au créneau et à lancer des raids contre ceux qu’ils désignent comme cible. Cochard était le protégé de Brossat, grassement payé par nos impôts comme homme de main. Récompensé par un siège au Conseil de Paris. Il y a vraiment quelque chose de pourri à l’hôtel de ville. Écœurant. Il faut que la parole se libère. »

Et la parole semble se libérer. Aujourd’hui, des comptes, eux aussi anonymes, profitent de ce hashtag pour livrer la supposée identité de celui qui se cache derrière ce compte. Cet homme serait, d’après eux, Philippe Lasnier, chef de projet à la mairie de Paris.

Le compte Twitter « Claire Underwood » nie être Philippe Lasnier.

Ce dimanche 21 février, le compte a publié un démenti arguant que ce n’était pas Philippe Lasnier derrière ce compte. « Encore raté », ironise-t-il.

Qui est Philippe Lasnier ?

Pur produit de la gauche parisienne, l’homme est même surnommé, dès 2001, dans la revue ProChoix, « le M. Gay de la mairie de Paris ». Il y expliquait, dans un entretien mené par Caroline Fourest, qu’il travaillait pour « le principal conseiller du maire [à l’époque Bertrand Delanoë] Laurent Fary ». Poitevin, l’homme débarque à Paris en 1988, il rejoint le MAG (Mouvement d’affirmation des jeunes gays, rebaptisé depuis Mouvement d’affirmation des jeunes lesbiennes, gays, bi & trans) avant de grossir les rangs d’ActUp en 1994. « C’était un moyen de lutter très concrètement pour les homos, contre le sida et contre la droite. » Lasnier dit « avoir toujours eu une conscience de gauche […] un centre de gravité entre PC et Verts » – les grands démocrates, en somme.

Côté boulot, il est engagé au service communication du Parti socialiste en 1998. « J’ai suivi de près les débats sur le PACS et j’ai relayé beaucoup de choses. » Suffisamment pour se créer un réseau de journalistes, notamment avec Libération, « le média grand public sur le sujet ». Le PACS, justement, créé entre autres par Michel Teychenné, fondateur de HES (Homosexualité et Socialisme) – organisme que rejoindra Lasnier – et Denis Quinqueton, cité par Valeurs actuelles dans l’affaire Ciappa. HES est l’organisation centrale pour l’introduction des revendications communautaristes LGBT dans la politique nationale et la pépinière de nombre de militants associatifs qui se sont épanouis dans d’autres structures. Philippe Lasnier en est encore membre. Il défendait, d’ailleurs, la candidature du maire de Paris dans une vidéo postée sur le compte de l’association, le 7 mars 2020, une semaine avant le premier tour des élections municipales, pour « éviter tout recul, tout retard » pour les pseudo-droits LGBT. Réseau politique, réseau médiatique et réseau associatif, Philippe Lasnier est partout. Si son nom a disparu des organigrammes de la Direction de la démocratie, des citoyens et des territoires (DDCT) – Service égalité intégration inculsion (SEII) où il officiait jusqu’en 2018, il travaille toujours à l’hôtel de ville en tant que « chef de projet à la mairie », poste vague mais, d’après un élu, « on le croise souvent en face du 5, rue Lobau, où est logé le service communication et événementiel de la mairie ».

Monsieur L., surnommé Pack de lait

Dans la foulée de la sordide affaire du jeune Guillaume, l’association SOS Fonctionnaire Victime, qui lutte « contre les discriminations, brimades, harcèlements dont sont victimes les fonctionnaires et personnels de la fonction publique », révèle une nouvelle affaire de harcèlement mettant en cause un certain Monsieur L. en diffusant le témoignage d’une victime : « La première fois que je le rencontre dans un cadre professionnel, il me parle de sa [teube]. Le lendemain, sur ma boîte mail de la mairie, j’ai une photo de sa bite à côté d’une brique de lait pour montrer l’échelle. C’était l’un des conseillers de Delanoë. Du coup, son surnom, c’était Pack de lait. » Cette victime se confie à une personne qui, elle-même, a porté plainte pour harcèlement sexuel contre un haut fonctionnaire : « L. doit te connaître car il connaissait tous les “ennemis” des élus PS. Tu devais être dans ses listes. Il était très bon dans la com’ et la rumeur. » D’après l’association, ce « Monsieur L. officie toujours à la mairie de Paris » et « avait pour mission de discréditer les fonctionnaires qui osaient se plaindre ou de signaler les agissements de hauts fonctionnaires ou d’élus, une sorte de cabinet noir ».

Mais ce n’est pas tout. C’est là que l’affaire Ciappa ressurgit. Toujours selon l’association SOS Fonctionnaire Victime, « ce Monsieur L. apparaît dans une affaire de cyber-harcèlement contre un artiste qui, sous pression, tente de se suicide. Monsieur L. interagit sur Twitter sous un pseudonyme. » Et ce Monsieur L. serait, d’après l’association SOS Fonctionnaire Victime, « un conseiller qui se pose en figure du mouvement gay de la mairie de Paris » et qu’on « retrouve dans la mission égalité femmes-hommes ». Dans l’annuaire francilien des référent-e-s (sic) égalité 2018, on retrouve, à la « Mission égalité femmes-hommes », un certain Philippe Lasnier, chef de projet (Droits des femmes, santé-sport, LGBT), domicilié professionnellement à l’Hôtel de ville 4, rue Lobau, 75004 Paris.

À la question « Philippe Lasnier serait-il ce Monsieur L. ? », l’association n’a pas souhaité répondre. À celle demandant si Philippe Lasnier serait l’homme caché derrière le fameux compte anonyme ParisPasRose, elle explique que « si plusieurs messages privés font un rapprochement entre leur contenu et ce pseudonyme », ils n’ont pas d’« élément permettant d’établir formellement l’identité de ParisPasRose. En revanche, l’individu utilise effectivement plusieurs adresses. » Affaire à suivre…

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