On sait qu’il arrive à Macron de se prendre pour un dieu : il lui fallait bien un décalogue.
Son gouvernement vient de pondre dix commandements, sous ce titre aux rimes pauvres : « Dedans avec les miens, dehors en citoyen. »
On ne peut demander à des technocrates d’être poètes ! Faute d’inspiration divine, au lieu de proposer un idéal de vie, ils prennent les Français pour des imbéciles, estimant, sans doute, qu’ils les tiendront ainsi à leur botte.
Au-delà de la forme, ces commandements sont problématiques sur le fond. D’abord, ils ne semblent pas s’adresser à tout le monde : le gouvernement fait preuve d’indulgence pour les manifestations contre les « violences policières » ou les troubles provoqués par des bandes de jeunes en banlieue. Il faut croire que certains ont le droit de ne pas se comporter en citoyens, avec la bénédiction de l’Élysée.
Ensuite, les prescriptions d’aujourd’hui sont aux antipodes de celles d’hier, où l’on recommandait de se confiner chez soi et d’éviter de sortir. L’argument selon lequel ces retournements de position seraient dictés par l’expérience ne tient pas : il montre surtout que le gouvernement, dans une constante improvisation, est complètement dépassé par les événements.
Non contents de justifier ces contradictions, séquelles de leur lâcheté, de leur complaisance, de leur impéritie, ou des trois à la fois, ces précepteurs d’opérette, loin de pratiquer une pédagogie positive, se prennent pour des maîtres tout-puissants, infantilisant la population pour la rendre plus servile. Non seulement ils ne lui apprennent rien de nouveau, mais ils lui font la leçon avec le mépris de ceux qui se croient supérieurs.
Pareils à un Big Brother, d’autant plus tyranniques qu’ils étalent leurs faiblesses sans les reconnaître, ils nous surveillent et nous donnent des ordres : « Je ne reçois pas chez moi », « Je ne me rends pas chez les autres », « Je ne sors plus après 19 heures […] ». Ils nous expliquent comment exercer votre esprit civique à l’extérieur : « J’évite de manger ou de boire si je ne suis pas seul ou si je ne suis pas avec les personnes de mon foyer » ou « Je peux retrouver mes amis dehors, mais à 6 maximum et en respectant les gestes barrières. »
Les plus indulgents diront que Castex, Véran et Cie ont voulu, par ce catéchisme débile, simplifier la première version de l’attestation de sortie, qu’ils ont fini par abandonner pour les sorties de moins de 10 kilomètres, la remplaçant par un justificatif de domicile. Mais de tels couacs sont la preuve, s’il en fallait, que ce gouvernement est composé d’incompétents, d’autant plus dangereux qu’ils se prennent au sérieux et donnent constamment dans l’autosatisfaction. Ce décalogue est du même niveau que la formule du professeur Rémi Salomon : « On coupe la bûche de Noël en deux et papi et mamie mangent dans la cuisine. »
Une fois de plus, nos dirigeants se montrent tels qu’ils sont : des incapables et, ce qui est pire, des incapables qui se jugent investis de la mission d’indiquer aux autres le chemin de la vérité. Raison de plus de les mettre, le plus tôt possible, hors d’état de nuire. Ce ne sera pas facile, tant il est vrai que les mauvaises herbes sont tenaces et qu’il est difficile de s’en débarrasser.
Le slogan simplificateur a toujours été le mode d’expression privilégié des dictatures, d’autant plus insidieux qu’elles veulent passer pour des démocraties. Il est du devoir de tous les Français qui refusent cette infantilisation, qui n’est qu’un mode d’asservissement, de se rebeller, au moins intellectuellement et, chaque fois qu’ils le pourront, dans les urnes, contre ces politiciens qui se prennent pour des dieux.
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