Le 17 avril 2014
Christophe Servan
Les élections européennes s’annoncent triomphales pour les partis souverainistes, UKIP et FN en tête.
Depuis quelques semaines, les salles des marchés ne parlent plus que de ça : la BCE serait sur le point de sortir son « bazooka » pour enfin faire plonger l’euro.
Une première car, statutairement, le niveau de l’euro n’est pas de la compétence de la BCE qui, comme son modèle la Bundesbank, ne doit se préoccuper que du niveau de l’inflation.
Ceci explique pourquoi Mario Draghi ne cesse de répéter que le trop bas niveau d’inflation est dû à un euro trop cher.
Ce n’est pas exact – cause et conséquence sont inversées – mais c’est habile.
L’euro est certainement trop cher pour la France, mais il n’est pas la monnaie de notre seul pays. Pour la zone euro prise dans son ensemble – et c’est tout le problème de cette construction européenne inachevée –, il est à son juste prix, quoi qu’en disent les politiciens friands de propos démagogiques et les commentateurs qui se prétendent experts.
Les raisons sont multiples :
- une consommation à l’intérieur de la zone euro en berne combinée aux excédents records de l’industrie allemande explique l’énorme excédent de la balance des paiements : plus de 200 milliards par an.
Rappelons que la balance des paiements est le premier déterminant naturel de la valeur relative d’une monnaie ;
- la politique d’expansion monétaire de la Banque du Japon et de la Fed pousse le dollar, et surtout le yen, à la baisse ;
- l’économie chinoise ralentit fortement, ce qui commence à peser sur le yuan, les monnaies des pays émergents et celles des grandes nations exportatrices de matières premières (Australie, Canada) ;
- les banques centrales continuent de rééquilibrer leurs réserves monétaires en faveur de l’euro et au détriment du dollar.
La vraie raison autour de cette soudaine volte-face de la BCE est donc bien évidemment politique.
Certains y voient un coup de pouce en faveur de l’Espagne et de l’Italie, en « récompense » pour les efforts accomplis, et un encouragement à Manuel Valls pour « ses bonnes intentions ».
Certainement, mais la France n’en attend-elle pas trop ?
La moitié de ses échanges se font à l’intérieur de l’eurozone, donc sans aucun lien avec la valeur de l’euro.
Pour la moitié restante, une grande part des exportations françaises est en concurrence directe avec d’autres pays de la zone euro (Allemagne, Italie, Espagne).
Les entreprises pourraient y gagner en marges bénéficiaires mais pas en parts de marché.
Seuls l’agriculture, Airbus et le secteur militaire, en concurrence directe avec les USA, en bénéficieraient vraiment.
Pas de quoi créer des milliers d’emplois.
D’autres y voient davantage la volonté de désamorcer une fronde anti-euro à quelques semaines d’élections européennes qui s’annoncent triomphales pour les partis souverainistes UKIP et FN en tête.
C’est fort possible, mais on peut douter de l’efficacité d’une manœuvre bien trop tardive pour avoir une quelconque influence sur le vote des électeurs, qui ont bien compris que ce n’est pas la valeur de l’euro qui est en cause mais sa nature elle-même de monnaie commune à plusieurs États fiscalement souverains.
Une première car, statutairement, le niveau de l’euro n’est pas de la compétence de la BCE qui, comme son modèle la Bundesbank, ne doit se préoccuper que du niveau de l’inflation.
Ceci explique pourquoi Mario Draghi ne cesse de répéter que le trop bas niveau d’inflation est dû à un euro trop cher.
Ce n’est pas exact – cause et conséquence sont inversées – mais c’est habile.
L’euro est certainement trop cher pour la France, mais il n’est pas la monnaie de notre seul pays. Pour la zone euro prise dans son ensemble – et c’est tout le problème de cette construction européenne inachevée –, il est à son juste prix, quoi qu’en disent les politiciens friands de propos démagogiques et les commentateurs qui se prétendent experts.
Les raisons sont multiples :
- une consommation à l’intérieur de la zone euro en berne combinée aux excédents records de l’industrie allemande explique l’énorme excédent de la balance des paiements : plus de 200 milliards par an.
Rappelons que la balance des paiements est le premier déterminant naturel de la valeur relative d’une monnaie ;
- la politique d’expansion monétaire de la Banque du Japon et de la Fed pousse le dollar, et surtout le yen, à la baisse ;
- l’économie chinoise ralentit fortement, ce qui commence à peser sur le yuan, les monnaies des pays émergents et celles des grandes nations exportatrices de matières premières (Australie, Canada) ;
- les banques centrales continuent de rééquilibrer leurs réserves monétaires en faveur de l’euro et au détriment du dollar.
La vraie raison autour de cette soudaine volte-face de la BCE est donc bien évidemment politique.
Certains y voient un coup de pouce en faveur de l’Espagne et de l’Italie, en « récompense » pour les efforts accomplis, et un encouragement à Manuel Valls pour « ses bonnes intentions ».
Certainement, mais la France n’en attend-elle pas trop ?
La moitié de ses échanges se font à l’intérieur de l’eurozone, donc sans aucun lien avec la valeur de l’euro.
Pour la moitié restante, une grande part des exportations françaises est en concurrence directe avec d’autres pays de la zone euro (Allemagne, Italie, Espagne).
Les entreprises pourraient y gagner en marges bénéficiaires mais pas en parts de marché.
Seuls l’agriculture, Airbus et le secteur militaire, en concurrence directe avec les USA, en bénéficieraient vraiment.
Pas de quoi créer des milliers d’emplois.
D’autres y voient davantage la volonté de désamorcer une fronde anti-euro à quelques semaines d’élections européennes qui s’annoncent triomphales pour les partis souverainistes UKIP et FN en tête.
C’est fort possible, mais on peut douter de l’efficacité d’une manœuvre bien trop tardive pour avoir une quelconque influence sur le vote des électeurs, qui ont bien compris que ce n’est pas la valeur de l’euro qui est en cause mais sa nature elle-même de monnaie commune à plusieurs États fiscalement souverains.
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