L’intention est si louable qu’on ne voit pas pourquoi elle déclenche la polémique.
C’est vrai, quoi, installer des toilettes mixtes dans les collèges « pour plus de propreté et de confort » ne devrait pas susciter la critique. Alors, pourquoi tant de haine ?
L’opération s’est déroulée lundi, au collège Albert-Camus de Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, où Stéphane Troussel, président du département et porte-parole du Parti socialiste, accompagné de Magalie Thibault, vice-présidente en charge des Solidarités et de la Santé, sont venus en grande pompe inaugurer les nouveaux sanitaires.
Au collège Albert-Camus, des toilettes rénovées et mixtes ont été installées pour plus de propreté et de confort. Lundi, @StephanTroussel et @ThibaultMagalie, vice-présidente du Département en charge des Solidarités et de la Santé ont rendu visite aux élèves du collège. pic.twitter.com/bPRE31scQ6
— Département de Seine-Saint-Denis (@seinesaintdenis) June 14, 2023
Il s’agit, nous dit-on, d’une « expérimentation » réalisée déjà avec succès dans plusieurs départements et censée révolutionner la vie des collégiens. Elle devrait régler un grave problème évoqué « à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, le 19 novembre 2022 », où une enquête Essity-Harpic-Harris Interactive révélait que « plus de 8 enfants sur 10 indiquaient se retenir encore d’aller aux toilettes à l’école ». En cause, nous disait-on : « la propreté des lieux, un manque de pédagogie sur l’hygiène, la gêne d’avoir à demander aux enseignants d’aller aux toilettes… », soit des comportements susceptibles d’« engendrer de potentielles conséquences physiques et psychologiques pour les enfants ». Ainsi, il ressortait de l’enquête que « 60 % d’entre eux ont mal au ventre et 58 % ne peuvent pas se concentrer sur leur travail parce qu’ils se retiennent d’aller aux toilettes ».
La solution miracle existe : ce sont… les toilettes mixtes, bien sûr. Régies par la charte des toilettes, rédigée comme suit :
L’intimité est une priorité
1) respecter les toilettes, c’est respecter les agents qui les nettoient ;
2) ne confondez pas poubelles et toilettes ;
3) les toilettes ne sont pas une salle de jeu ;
4) le chasseur t’attrapera si la chasse tu ne tires pas ;
5) écris sur les feuilles, pas sur les murs.
Rien à redire à cela. En revanche, si le département nous assure que les élèves sont aux anges, vidéo de propagande à l’appui, c’est la bronca chez les parents. Petit florilège :
« Pratique pour les violeurs » ;
« Si vous bossiez dans ces bahuts, vous sauriez que c'est une idée absolument horrible... Il y aura des gamines qui se priveront et ne diront jamais rien. Des harcèlements que vous ne verrez jamais. Mais faire votre promo est tout ce qui vous importe. Cyniques » ;
« Ben oui, bien sûr, c'est pour ça que ma fille en primaire ne peut plus aller aux toilettes sans avoir "un passe" que les maîtresses donnent au compte-gouttes pour éviter les problèmes dans les toilettes mixtes de l'école » ; etc.
Le département, offusqué, a réagi sur Twitter : « Stop aux fake news et aux idées reçues ! Le retour positif des garçons et des filles montre que l'expérimentation en cours, faite avec le soutien des équipes éducatives, est une réussite. Les toilettes restent propres, les règles sont respectées et la surveillance est simplifiée. »
Ça ne convainc évidemment pas les parents. Et surtout, comme l'écrit l’un d’eux : « C’était essentiel, dans ce département ! »
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