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mardi 20 juin 2023

Profanations de cimetières : un pas de plus dans l’horreur et l’abjection


Marie Delarue 19 juin 2023


En fin de semaine dernière, deux communes de Charente-Maritime, Chartuzac et Tugéras-Saint-Maurice, près de Jonzac, ont basculé dans l’horreur. Leurs cimetières ont été profanés de la pire des façons.

Alors qu’on est – hélas – « habitué » au bris des pierres tombales, saccage des croix et autres inscriptions dans nos cimetières et édifices religieux, un degré supplémentaire a cette fois été franchi puisque les caveaux ont été ouverts et les corps sortis de leurs cercueils et manipulés, comme l’a indiqué, ce dimanche 18 juin, le procureur de la République de Saintes.

À Chartuzac, ce sont onze cercueils qui ont été ouverts, tandis qu'à Tugéras-Saint-Maurice, six cercueils ont été sortis de caveaux et ouverts. « Une dizaine de cercueils ont été fouillés à l'intérieur de caveaux » et les corps manipulés. Au total, ce sont dix-sept caveaux familiaux qui ont été ouverts, six autres ayant fait l'objet d'une tentative d'ouverture.

Précision du procureur rapportée par Le Parisien : « Aucune inscription, tag, dégradation de croix ou d'autre élément funéraire n'a été constaté, les profanations se concentrant sur les portes des caveaux, les cercueils et la manipulation des corps. » Ce qui rend « vraisemblable », dit-il, « compte tenu de l'ampleur des profanations constatées et du mode opératoire », que les faits aient été commis « par au moins deux individus ». Sauf à être doté d’une force herculéenne (démoniaque ?), on voit mal, en effet, un individu réussir à sortir seul des cercueils de leurs caveaux !

Des profanations en forte hausse

Une enquête a été ouverte pour « violations de sépultures accompagnées d'atteinte à l'intégrité du cadavre » et « vols ou tentatives de vol en réunion ». La peine encourue est de deux ans de prison. C’est bien peu, pour un tel acte de « décivilisation » !

Que le vol semble avoir ici servi de mobile à la barbarie ne change rien aux faits : les profanations des lieux de culte et des cimetières explosent, particulièrement pour les lieux chrétiens, et l’on se retrouve désormais à égrener la litanie des dégradations, souillures des lieux sacrés et autres massacres du patrimoine religieux.

Nos services officiels étant très parcimonieux en matière de statistiques sur le sujet, la députée LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, posait, en février 2019, une question écrite au gouvernement. Elle rappelait en préambule qu’« il n'existe pas de statistiques officielles permettant de mesurer l'ampleur des actes antisémites, antichrétiens ou antimusulmans » car « la loi interdit en effet de qualifier une agression selon l'origine religieuse de la victime ». De ce fait, « les chiffres dont on dispose sont fournis par des associations cultuelles ». Et, donc, imprécis. D’ailleurs, Le Parisien rapporte que les curés des deux paroisses concernées ici n’étaient pas au courant des horreurs commises.

Les dernières statistiques « fiables », rappelait Valérie Boyer, émanant d'un rapport parlementaire datent de 2011… pas actualisées depuis. « D'après les statistiques produites par les représentants du ministère de l'Intérieur pour l'année 2017, 978 profanations ont été dénombrées, contre 621 en 2010. Elles se répartissaient de la manière suivante : 878 atteintes aux édifices et sépultures chrétiens (contre 522 en 2010), soit une moyenne de deux par jour ; 72 atteintes aux sites musulmans (contre 57 en 2010) ; 28 atteintes aux lieux de culte et sépultures juives. »

À propos de cette vague de profanations que nos gouvernants et nos grands médias se gardent bien d’analyser, on trouve une véritable pépite publiée par Le Nouvel Observateur le 16 février 2015, après la profanation de 250 tombes dans le cimetière juif de Sarre-Union, dans le Bas-Rhin.

Un certain Maxime Cumulen, alors directeur de l'Observatoire du patrimoine religieux, nous livre alors cette superbe analyse : « Il y a quelques années, quand une église était taguée, ca ne provoquait pas autant de réactions et d'émotions qu'aujourd'hui. Les gens vivent moins bien les profanations. »Bref, les profanations, c’est comme l’insécurité : juste une question de ressenti…

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