Récemment et bien avant cette affaire de la grand-mère et sa petite-fille violemment agressées, Françoise Frémy, une élue EELV adjointe au maire de Bordeaux, brossait un tableau tristement fataliste de l’état de la sécurité de la commune, rassurant tant bien que mal son auditoire en affirmant que monsieur le maire était « particulièrement attentif à cela ».
Et de rajouter aussitôt, comme pour excuser les déboires à venir : « Mais c’est pas tout de suite qu’on va le résoudre, quoi… c’est assez compliqué quand même. » Pour le résoudre, ce problème de la sécurité, « il faudrait peut-être un gendarme à chaque coin de rue ».
Quand des riverains expriment leurs inquiétudes au sujet de l’insécurité, que répondent les élus #EELV/#NUPES de #Bordeaux ?
— Nicolas Florian (@NicolasFlorian_) June 18, 2023
💬 « Il faut réfléchir à ce qui se passe »
💬 « Se faire agresser, ça arrive à tout le monde »
💬 « C’est pas de suite qu’on va régler le problème » pic.twitter.com/BiTkb9VIMF
Peut-être même devant chaque porte, dirions-nous aujourd’hui. L’agression survenue lundi, cours de la Martinique, en fait crier la nécessité. Ce qu’ont subi les deux victimes est assurément d’une grande violence. « Rare », non. Banale, oui. Les chiffres le montrent, et le député insoumis Éric Coquerel se joint à eux pour nous en convaincre : « Je n’ai pas grand-chose à vous dire… ce n’est pas nouveau. »
En effet, que dire ? Laissons parler les statistiques.
Les données de la préfecture de Gironde, le 23 mai, transmises à CNews, indiquent un important accroissement de l’insécurité, puisque les atteintes aux personnes ont augmenté de 12 % par rapport à 2022, tandis que les atteintes sexuelles ont augmenté de 28 %, les atteintes aux biens de 4 % et la délinquance sur la voie publique de 5 %.
Ville parmi les plus dangereuses de France
Cette augmentation n’est certes pas propre à la cité bordelaise. Elle est généralisée en France, notamment pour ce qui est des violences commises sur la voie publique, mais si l’on s’en tient au rapport entre le nombre de victimes et celui des habitants, la ville figure tout de même parmi les plus dangereuses de France.
Neuvième ville du pays en nombre d’habitant (259.809) derrière Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Montpellier, Strasbourg, et juste devant Lille, elle connaît en effet les taux d’incidence (nombre de victimes pour 1.000 habitants) les plus importants concernant certaines catégories de faits.
Ainsi, selon les dernières données de l’INSEE, la ville a compté 1.491 victimes de coups et blessures volontaires hors cadre familial en 2022, ce qui nous donne un taux de 5,7 victimes pour 1.000 habitants. Parmi les dix plus grandes villes de France, c’est le taux le plus élevé après Lille (6,2). Celui de Paris est de 4,9, tandis que celui de Marseille est de 4,6. Les deux plus grandes villes françaises lui laissent encore la préséance pour ce qui est des violences sexuelles. Lille domine, avec un taux de 2,6, suivie de Bordeaux (2,4), puis de Paris (2,0) et de Nantes (1,9). Dans le domaine des « vols sans violences contre des personnes » (en nombre de personnes entendues), Bordeaux est de nouveau sur le podium, avec un taux de 35,6, derrière Lyon (41,2) et Paris (56,8). Enfin, pour les « vols violents sans armes », elle se place en cinquième position, derrière Saint-Denis (8,8), Paris (5,8), Lille (4,9) et Lyon (4,6), avec un taux de 3,8.
Les taux d’incidence montrent que l’on est donc plus en sécurité dans les rues de Marseille que dans celles de Bordeaux. Destination autrefois privilégiée de l’exode parisien, notamment pour trouver la tranquillité, le charme de la cité du vin est rompu. Faudra-t-il de nouveau boucler les malles ?
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