C’est vraiment la faute à pas de chance : les images de vidéosurveillance du Stade de France de la fameuse soirée ont été détruites.
Jeudi après-midi, après l’audition du préfet Lallement, c’était le tour des représentants de la Fédération française de Football (FFF) d’être auditionnés.
Et c’est à cette occasion qu’on a appris que les images enregistrées sous la responsabilité du Stade de France ont été supprimées. C’est ballot !
Non, « c’est la loi », si l’on en croit la déclaration à l’AFP, du président de la commission de la culture du Sénat Laurent Lafon. Le directeur des affaires institutionnelles de la FFF a en effet déclaré devant les sénateurs que « les images de vidéosurveillance, au bout de sept jours, sont automatiquement détruites, et la seule façon [qu’elles ne soient pas détruites, passé ce délai], c’est qu’on ait eu une réquisition pour les fournir aux différentes populations ». Et il n’y a pas eu réquisition. Réquisition qui aurait dû émaner du procureur de la République de Paris, placé, on le rappelle, sous l’autorité de la Chancellerie. Décidément, on joue vraiment de malchance depuis le début de cette affaire ! Le Monde du 10 juin révèle cependant qu’une source proche de l’enquête s’est étonnée de cette destruction car le « délai légal de conservation des vidéosurveillance est d’un mois » et non de sept jours, comme d'ailleurs le précise l'arrêté de la préfecture autorisant la vidéosurveillance du Stade. Toujours selon Le Monde, « la capacité des serveurs du consortium Stade de France, qui gère l’intérieur de l’enceinte sportive, ne permet pas de les garder au-delà de sept à huit jours ». C’est donc technique ! Et l’on veut organiser les Jeux olympiques…
Et puis, quand ça veut pas, ça veut pas...
Toujours et encore selon les informations du Monde, « un OPJ [officier de police judiciaire] a bien fait la demande des images au consortium Stade de France… mais jeudi 9 juin, après que la destruction desdites bandes a été rendue publique ». Vite, coco, fais la demande, des fois qu'ils aient un double ! C’est ce qu’on doit appeler un « dysfonctionnement », selon la formule désormais consacrée.Bien évidemment, ce clafoutis foutraque n’aurait aucun goût si on n’y ajoutait pas quelques morceaux de polémique, pour paraphraser le politologue averti qu’est Laurent Gerra. La semaine dernière, Gérald Darmanin avait assuré aux sénateurs qu’il tenait à la disposition de la commission les images de la soirée. Darmanin aurait-il menti ou tout simplement avancé cela sans savoir ? Eh bien, non. Sur ce coup-là, il faut lui donner raison car, comme l’a précisé la préfecture de police dans un tweet, publié jeudi soir, « les images en possession de la préfecture de police sont évidemment toujours à la disposition de la justice, dans le cadre de réquisitions dressées en enquête pénale. Ne confondons pas images de la police et images d’un opérateur privé. » On est donc rassuré.
Il n’empêche, on peut être étonné qu’au lendemain de cette soirée dantesque, il n’y ait pas eu réquisition. Alors, « complot », comme certains politiques l’avancent, ou bien « connerie », pour reprendre les mots de la sénatrice socialiste Marie-Pierre de La Gontrie, membre de la commission sénatoriale ? « Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot, a-t-elle tweeté, reprenant un mot du défunt Michel Rocard. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare ». On ne peut exclure non plus le complot de la connerie. Un complot mondial, voire universel !
Quoi qu’il en soit, tout ceci concourt à conforter l’image de notre pays « à l’international », comme ils disent : la France, pays des pieds nickelés.
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