La NUPES ? Déjà, rien que ce nom… que tout le monde prononce chacun à sa façon.
Entendre « NUPESSE » pour certains, « NUPE » pour d’autres, ou « NUPSE » pour les farceurs, dont Laurent Gerra, qui affirme sur RTL que « personne n’a forcément envie d’entrer dans la NUPSE artificielle »...
Plus sérieusement, la NUPES, à peine portée sur les fonts baptismaux, a déjà rendu l’âme. Ainsi, ce lundi dernier, Jean-Luc Mélenchon, annonce-t-il que « la Nouvelle union populaire, écologique et sociale devrait se constituer en un seul groupe ». Cela, non point par « unionite » aiguë mais tout simplement pour ne pas laisser au Rassemblement national la place de premier groupe d’opposition à l’actuel gouvernement. À ce titre, les « faits » – Lénine dixit – sont plus que « têtus » : la NUPES, c’est 149 députés, dont 23 EELV, 28 PS, 14 PC et seulement 84 LFI ; soit loin des 89 RN.
Seulement voilà, tel que pronostiqué dimanche soir, dans ces colonnes, la proposition du chef insoumis a été accueillie par un silence à peine poli, chacune des trois autres forces en présence espérant bien recouvrer leur indépendance au Parlement.
Pour Julien Bayou, secrétaire national du mouvement écologiste, il y a eu méprise : « On parlait d’un intergroupe, ce qui suppose des groupes. Et des décisions concertées. » Valérie Rabault, ancienne présidente du groupe parlementaire socialiste, confirme : « La gauche est plurielle, elle est représentée dans sa diversité à l’Assemblée nationale. C’est une force au service du peuple français. Vouloir supprimer cette diversité est une erreur et je m’y oppose. […] Il n’a jamais été question d’un groupe unique. Il y aura un groupe socialiste à l'Assemblée. »
La gauche est plurielle, elle est représentée dans sa diversité à l' @AssembleeNat
— Valérie Rabault 🇨🇵🇪🇺🇺🇦 (@Valerie_Rabault) June 20, 2022
C'est une force au service du peuple français.
Vouloir supprimer cette diversité est une erreur, et je m'y oppose. https://t.co/uZlNinx2V7
Quant au communiste André Chassaigne, ex-patron du groupe PCF, et campant sur la même ligne d’indépendance politique vis-à-vis d’une extrême gauche de plus en plus envahissante, le rejet d’un bloc sous domination trotskiste est encore plus clair : « Quatre groupes au sein de l’Assemblée seront plus forts qu’un seul. »
Une telle opposition frontale mérite réflexion. En effet, la bulle médiatique, à quelques exceptions près, n’est qu’assez peu connaisseuse des querelles internes de la gauche et de l’extrême gauche. Au contraire de ceux qui viennent de refuser la main tendue par un Jean-Luc Mélenchon, trotskiste issu de l’école lambertiste, tout comme il se méfient d’un Julien Dray, venu de la tendance pabliste, deux hommes connus pour leurs coups tordus à triple bande.
Mélenchon est réputé pour ses qualités manœuvrières, naguère couvertes et encouragées par François Mitterrand, florentin tendance Machiavel. Dray, auquel on doit la naissance de SOS Racisme, est actuellement en passe de virer réactionnaire, tel qu’en témoigne son rond de serviette quotidiennement accordé sur les plateaux de CNews.
Jean-Luc Mélenchon paraît avoir perdu la main en matière de combinaisons de coulisses et de basse-cour, pour deux raisons majeures.
La première ? Avoir appelé (même en creux) à voter pour Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, ce qui n’en fait pas tout à fait le meilleur opposant à cet homme dont il fait aujourd’hui son pire ennemi. Cela vaut d’ailleurs aussi pour ses alliés socialistes, écologistes et communistes qui ont, eux aussi, joué du même « front républicain ».
La seconde ? Jean-Luc Mélenchon, refusant de se présenter aux élections législatives et préférant céder sa place à Manuel Bompard, a déserté le terrain. Bien sûr, ses affidés lui demanderont un temps son avis, histoire de ne pas froisser l’homme sans lequel ils n’auraient pu siéger dans cet éminent cercle du pouvoir. Mais de ses avis, ils tiendront sûrement de moins en moins compte avant, tout simplement, d’oublier de les lui demander.
En ce sens, si la NUPES est morte, Jean-Luc Mélenchon n’est pas beaucoup plus vaillant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.