Cité par les journalistes de TF1, François Bayrou craignait un « bazar universel », si d’aventure la prochaine Assemblée nationale se trouvait divisée en trois tiers.
C'est ce qui vient globalement de survenir ce dimanche soir, les projections en nombre de sièges au Parlement étant bien sûr à prendre avec les précautions nécessaires, les chiffres définitifs n’étant pas encore connus à l’heure où ce texte est mis en ligne.
En tête (entre 210 et 230 sièges), le groupe Ensemble, bénéficiant de la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, arrive en tête de scrutin mais ne bénéficie que d’une majorité relative. Autant dire que le pari présidentiel perd haut la main.
Ensuite, la Nupes (entre 160 et 180 sièges) transforme l’essai, même si le résultat ne saurait en aucun faire de Jean-Luc Mélenchon un potentiel Premier ministre. De quoi peser, évidemment. Mais finalement pas tant que ça.
Le Rassemblement national (entre 83 et 93 sièges) crée la surprise en devenant la troisième force de l’Assemblée nationale. Si ce n’est la première, sachant qu’Ensemble et Nupes ne sont jamais que des coalitions de formations diverses, n’ayant souvent que peu à voir les unes avec les autres. Le RN devrait d'ailleurs avoir plus de députés que LFI.
Et puis, les Républicains (entre 63 et 73 sièges), toujours en baisse, persistent à exister, forts de leurs derniers fiefs historiques, en forme de réduits électoraux.
De fait, qu’en déduire ?
Que la cohabitation pourrait bien plus se faire au Palais Bourbon qu’à Matignon, les divers mouvements en présence pouvant voter telle ou telle loi au cas par cas, en fonction des intérêts politiques du moment de tel ou tel groupe. Ce qui paraît le plus plausible demeure une coexistence entre les députés Renaissance et LR ; ce qui ferait de l’ancienne UMP un parti charnière. Jean-François Copé vient à l’instant de proposer « un pacte de gouvernement » avec les députés macronistes.
Pour la coalition de la Nupes, l’épreuve parlementaire devrait être cruciale. Malgré son arrivée en force au Parlement, chacune de ses composantes reprendra tôt son indépendance. Et là commenceront les problèmes : entre les communistes qui sont pour le nucléaire et les écologistes qui sont contre, les laïcs du Parti socialiste et les communautaristes de La France insoumise, les féministes et les islamo-gauchistes, les partisans du mariage homosexuel et ceux du burkini, ça va vite devenir coton de monter la mayonnaise.
Pour le Rassemblement national, l’avenir est plus clair. L’hypothèse zemmourienne est morte. L’union des droites qu’il appelait de ses vœux l’est tout autant, même si cette jeunesse militante s’étant éveillée à l’action politique grâce à l’équipée de l’ancien journaliste du Figaro pourrait bien être tôt courtisée par les instances du RN. De plus, la position de Marine Le Pen au sein de son propre mouvement est consolidée, cette dernière ayant largement démontré que sa ligne sociale était bien plus efficace que celle, libérale et conservatrice, de Reconquête, ou de ses anciens proches ayant fait dissidence pour s’en aller voler au secours de la défaite. Victoire sans appel, donc.
Enfin, selon Louis de Raguenel, ancien de Valeurs actuelles devenu chef du service politique d’Europe 1 : « Ce second quinquennat est mort-né. » L’autre victime de cette élection pourrait bien être aussi celle de la sphère médiatico-politique, qui n’en pinçait que pour Jean-Luc Macron et Emmanuel Mélenchon. Ce même microcosme stigmatisait aussi les Français pour leur abstentionnisme. Nombre de Français ont voté. Mais pas forcément pour les candidats qu’il fallait. Une petite leçon d’humilité ? Ça y ressemble bigrement.
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