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vendredi 8 mars 2019

Jean-Pierre Raffarin, Tartuffe des temps modernes ?

 
 


Quand on éprouve le besoin de se justifier, c’est qu’on n’a pas la conscience tranquille.

Il n’est jamais très agréable de traîner un soupçon de traîtrise : pour échapper à cette accusation, en bon casuiste, on pratique la direction d’intention, qui consiste, selon Pascal, à « se proposer pour fin de ses actions un objet permis ».

On a, dès lors, toute liberté, comme Tartuffe, « de rectifier le mal de l’action/Avec la pureté de notre intention ».
Jean-Pierre Raffarin ne jouerait-il pas ce rôle à merveille, quand on voit l’aisance avec laquelle, ce jeudi matin, sur France 2, il a apporté un nouvel argument pour expliquer son ralliement à la liste LREM pour les européennes ?
Ce n’est pas seulement parce que le projet européen de Macron le ravit, mais parce que « ce n’est pas le moment de fragiliser la France en fragilisant le Président ».
Il estime que « la gravité de l’Europe n’appelle pas un rôle majeur des partis mais un rôle des États ».
Il faut mettre les partis « entre parenthèses » pendant les élections.
Ah ! Que c’est beau, ces personnalités responsables qui se mettent au-dessus de la mêlée, qui font passer leurs petites combinaisons politiques pour des marques de désintéressement et le souci de l’intérêt national !
Il insiste : « Il faut défendre la France dans une Europe qui a de quoi s’inquiéter » car « c’est l’Europe ou le chaos ».
Raffarin est donc prêt à sacrifier son parti pour sauver la France, qu’il confond abusivement avec Macron.
Quand Caroline Roux lui demande s’il n’a pas « l’impression de trahir sa famille politique », il répond sans vergogne : « Absolument pas ! »
La journaliste n’a pas l’air très convaincue.
Moi non plus. Il constate que « l’électorat de la droite et du centre est dispersé » : certains sont avec Macron, d’autres avec Bertrand, d’autres avec Pécresse…
Justement, il serait peut-être bon de serrer les rangs ?
Vous n’avez rien compris !
« Ce n’est pas moi qui disperse, ce sont les électeurs », assure-t-il, comme si sa prise de position n’allait pas aggraver la confusion.
Quant au Premier ministre, « il est de ma famille politique », « c’est l’un des nôtres », s’exclame-t-il.
N’imaginez pas que Raffarin espère in petto que Macron lui renverra l’ascenseur.
Qu’il ne s’est pas remis d’avoir été battu par Gérard Larcher à la présidence du Sénat ou que son nouveau métier de chroniqueur sur France 2 ne suffit pas à combler son appétit de notoriété.
Il est totalement désintéressé, vous dis-je.
S’il s’est entretenu avec notre Président de stratégie européenne, c’est simplement pour lui rendre service, il n’attend rien en retour.
La preuve, c’est qu’il a « quitté la vie partisane », ce n’est pas pour devenir « polémiqueur ».
Quel saint homme, tout de même !
Il faudrait que quelqu’un prît l’initiative d’instruire son procès en canonisation.

Raffarin se prend pour un sage, pour un visionnaire, qui « [voit] déjà après les européennes » : il travaille « pour un prochain rassemblement ».

Avec les macroniens, sans doute.

On comprend, devant de tels exemples, que beaucoup de Français en aient assez de toute cette politicaillerie et veuillent renverser le système.

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