À Paris, l’aristocratie républicaine – qui se déplace en voiture et avec escorte – sait conserver à l’esprit que les petites gens n’ont pas toujours toutes les facilités pour traverser la ville.
C’est pourquoi, dans son immense magnanimité, elle lui a accordé la possibilité de rouler, voire de trottiner.
Et les trottinettes ont donc fleuri.
Il fallait bien, la guerre ouverte qu’Anne Hidalgo mène contre les automobilistes depuis son arrivée à la mairie de Paris battant son plein, les Franciliens se retrouvent vite à devoir tenter de survivre dans la jungle parisienne entre les bus qui polluent, les taxis hors de prix, les métros et trams régulièrement en panne, en grève ou en retard, les travaux de voirie permanents et continuels.
L’apparition des vélos à louer puis, dernièrement, des trottinettes de toutes les couleurs suivait donc la logique communale consistant à bouter la voiture hors de la ville, quitte à la remplacer par de solides alternatives.
Bien évidemment, l’odeur du succès a immédiatement mis la maire en appétit : quelque chose qui « roule aussi bien », un marché qui se développe de façon si vigoureuse, ce serait dommage de ne pas en profiter un bon coup.
Et si on taxait tout ça ?
Pour la forme, on mettra cette taxe sur le dos d’une nécessaire régulation et d’un financement des petits tracas que ces nouveaux modes de déplacement pourraient entraîner ; comme s’en alarme Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la mairie de Paris,
« Dans quelques mois, si on ne fait rien, il y en aura 40.000 en plus ! »
Pour que les choses se passent aussi bien que possible, notons au passage que cette taxation sera spécialement adaptée aux trottinettes.
Il est en effet d’ores et déjà prévu que la redevance envisagée sera plus élevée pour ces dernières – entre 50 et 65€ – que pour les vélos, située elle entre 20 et 26€, bien que ces petits engins soient pourtant moins encombrants que les vélos.
L’idée, aussi sotte que grenue, c’est d’introduire en plus une bonne louchée d’idéologie dans l’histoire, comme croit le justifier Grégoire, le premier adjoint :
« Nous voulons privilégier le vélo qui est bien meilleur pour la santé. De plus, cela va permettre de ralentir les opérateurs dans le surdéploiement de trottinettes. »
C’est d’ailleurs devant cet amoncellement de décisions foutraques et, pour tout dire, de l’absence de la moindre gestion de la ville de Paris qui semble maintenant complètement pilotée à vue qu’on doit se demander comment Anne Hidalgo peut encore prétendre à un second mandat aux élections municipales qui se tiendront dans un an.
Paradoxalement, cela n’empêche pas certains sondages de la placer en tête des intentions de vote : selon un sondage pour le « JDD », l’actuelle maire de Paris Anne Hidalgo arriverait en tête du premier tour des municipales en 2020.
Quel que soit le cas de figure et les têtes de liste des autres formations politiques qui sont placées en face d’elle, la maire semble osciller obstinément entre 23 et 25% des intentions de vote, suffisant à lui refaire décrocher la queue du Mickey et gagner un tour de plus dans le manège municipal.
Pourtant, 55% des Parisiens se disent mécontents de son action.
Il y a de quoi : saleté repoussante, trafic infernal, manque chronique de logements, loyers en hausse, insécurité, chacun de ces sujets suffirait amplement à la faire éjecter hors du paysage politique.
Si l’on y ajoute un problème d’endettement record de la ville au point de devenir problématique sur le court terme, le cauchemar des Jeux Olympiques de 2024 qui vont accroître les difficultés de circulation, de sécurité et d’endettement de la ville, on a un mix parfait pour la rendre absolument invendable aux élections.
Sauf qu’encore une fois, à l’instar de ce qui s’est joué aux élections nationales depuis quelques temps, les alternatives sont si peu attrayantes que le choix du status quo, minimaliste et déplorable, semble celui vers lequel on se dirige.
Sur la gauche, la bousculade de candidats consternants et dont les préconisations transformeraient l’usine à gaz parisienne en véritable champ de mine à la fiscalité délirante ne peut satisfaire personne. Sur la droite, c’est le même constat avec au mieux des inconnus sans charisme, au pire des chevaux de retour vus et revus (et dont le passé laisse entrevoir d’autres types de catastrophes pour la municipalité).
Quant aux différents bouffons que le parti présidentiel tente vaguement de propulser, personne ne peut imaginer plus d’une minute qu’ils prennent place à la mairie de la capitale sans immédiatement transformer les « progrès » déjà catastrophiques d’Hidalgo en apocalypse du Parisien.
Il reste une année avant que le vote ne tranche.
D’ici là, tout peut arriver (on peut méchamment imaginer que, mordue par un rat, l’une ou l’autre personnalité politique parisienne chope une maladie grave et nous débarrasse de sa présence, rebattant les cartes électorales).
Mais pour le moment, la médiocrité consternante des oppositions donne un peu de crédit à l’hypothèse d’une réélection de l’actuelle maire de Paris.
Si ce constat est atterrant, il montre cependant une chose intéressante : plus personne n’est dupe, et seuls les médiocres, les arrivistes et les psychopathes persistent à se présenter encore aux élections. Les politiciens dont nous héritons actuellement, à tous les étages républicains, sont donc majoritairement des choix par défaut, et ils doivent ainsi leur poste non à leurs compétences, mais à la nullité et l’incongruité de leurs opposants.
Ce n’est guère rassurant pour l’avenir du pays.
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