Deux observateurs aussi différents que Philippe Bilger et Frédéric Sirgant ont été saisis par la légèreté d’Emmanuel Macron s’octroyant un week-end prolongé à La Mongie alors que, lors de l’acte XVIII des gilets jaunes, plus de mille casseurs dévastaient les Champs-Elysées.
Que l’on ne nous dise pas que le plus haut niveau de l’Etat n’était pas informé des risques de ce feu qui non seulement n’est pas éteint mais sur lequel soufflent des vents qui se renforcent, l’un des plus forts étant justement la gestion calamiteuse de cette crise par le pouvoir, depuis le début.
Les services du renseignement intérieur avaient prévenu.
On savait que le mot d’ordre de cet acte XVIII était d’investir Paris.
Mais visiblement le président et son équipe ont, une fois encore, péché par assurance : Emmanuel Macron pensait avoir repris la main.
Quand on ne raisonne qu’en termes d’opinions et de com’, on peut le croire et se le faire croire.
Mais il y a la réalité.
Et cette réalité du 16 mars a fait redescendre le Président de sa montagne.
Rentré en catastrophe des Pyrénées, il a bien été obligé d’annoncer « des décisions fortes, complémentaires » pour que les violences « n’adviennent plus« , depuis la cellule de crise du ministère de l’Intérieur.
« Beaucoup de choses ont été faites depuis novembre mais très clairement, la journée d’aujourd’hui montre que sur ce sujet-là et pour ces cas-là, nous n’y sommes pas ».
« Nous n’y sommes pas » : terrible aveu d’échec.
Et, pourtant, les choses sont simples, pour peu qu’on veuille les voir telles qu’elles sont.
Primo, une crise sociale de la France périphérique qui travaille et qui n’en peut plus, à laquelle il n’a pas été répondu en profondeur.
On a préféré un grand débat policé et bricolé, avec des élus et des assemblées triées.
De l’entre-soi hautement médiatisé pour répondre à la France invisible des ronds-points.
Deuzio, des centaines de casseurs d’extrême gauche qu’on laisse depuis des mois, parfois des années, investir toutes les manifestations.
On voit aujourd’hui le résultat.
Un ministre de l’Intérieur qui montre les dents et déploie des moyens de répression considérables, mais pas spécifiquement contre eux.
Tertio, une propagande politique (pour le coup venue de l’extrême gauche mais que la majorité se garde bien de réprouver) qui ne cesse de vilipender l’extrême droite, qui déclenche une commission d’enquête contre cette mouvance, alors que le A des anarchistes, des antifas et des Black bloc couvrent les murs des Champs !
Dernière en date de cette autruche qui ne sait plus lire les A sur les murs de sa ville et ne reconnaît plus sa droite et sa gauche : Anne Hidalgo.
Le Président et son monde ont préféré louvoyer, contourner, jouer de la com’.
C’était un pari. Il est perdu.
La réalité lui est revenue en pleine figure.
Mais, à ce stade, on a peu à espérer d’un Président aussi déconnecté et qui, visiblement, n’a rien appris de ses déboires.
D’ailleurs, dans la nuit de samedi à dimanche, il reprenait ces éléments de langage qui lui ont si peu réussi jusqu’à présent : « tous ceux qui étaient là se sont rendus complices. »
Et un pouvoir qui n’était pas là, lui, et qui est incapable de gérer une crise et d’éviter la reproduction de scènes pourtant prévisibles, ça s’appelle comment ?
Pascal Célérier
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