Après la démission de Nicolas Hulot, Emmanuel Macron cherche à remplacer le ministre de la Transition écologique et solidaire.
Ses proches s’activent pour dénicher l’oiseau rare qui, tout en s’y connaissant, permettrait de réaliser un coup médiatique.
Alain Juppé, c’est un peu gros ; Ségolène Royal ne suscite guère l’enthousiasme.
Sans compter qu’ils font un peu vieux monde.
D’autres noms circulent : François de Rugy, Pascal Canfin, Barbara Pompili…, mais leur notoriété est médiocre.
Si on allait voir du côté de Daniel Cohn-bendit ?
Ce n’est pas une plaisanterie.
D’après le JDD, il aurait été contacté par Christophe Castaner et Benjamin Griveaux, les mousquetaires de la Macronie.
Il n’est plus tout jeune, mais c’est une figure historique de l’écologie ; il n’a pas sa langue dans sa poche, capable d’aborder avec assurance tous les sujets, même ceux qu’il ne connaît pas ; il entretient de bonnes relations avec le Président.
Serait-ce la poule aux œufs d’or, qui relèverait la cote de popularité de Macron et de son gouvernement ?
L’intéressé a confirmé avoir été approché, mais aurait répondu qu’il n’était pas « du tout fait pour être ministre », ajoutant :
« Si ministre, ce n’était que faire des conférences de presse, ça, je peux faire, tous les jours, toutes les heures et dans toutes les langues. »Il ne suffit pas d’avoir de la gouaille pour faire un bon ministre.
Il faut aussi savoir avaler des couleuvres.
D’ailleurs, il tient beaucoup à sa « liberté ».
Il aurait donc repoussé la demande, mais annoncera sa décision définitive après avoir rencontré Macron, dimanche, à l’Élysée.
Serait-il lucide sur ses capacités ou ferait-il la coquette pour être désiré ?
« Tout le monde sait que je suis très réticent à être ministre, ça ne change pas du jour au lendemain », a-t-il confirmé, ce samedi, sur LCI, tout en posant ses conditions :
« Veut-on surfer positivement sur la démission de Nicolas Hulot et aller plus loin que le gouvernement ne voulait le faire sur la transition écologique ? C’est cela, que je veux savoir. »Macron réussira-t-il à le convaincre ?
Quelle belle tête d’affiche il tiendrait !
Le meneur de 1968, qu’on dénommait Dany le Rouge, avait choisi la nationalité allemande en 1959, puis obtenu, en 2015, la nationalité française.
Il s’en était réjoui auprès de l’AFP : « Maintenant, j’ai la double nationalité franco-allemande […]. En Allemagne j’étais le plus français des Allemands, en France le plus allemand des Français. ». » Voilà qui devrait plaire à Macron, qui rêve d’un « leadership » franco-allemand sur l’Europe, mais n’arrive pas à séduire Angela Merkel.
Dany est, tout comme Macron, partisan d’une Europe fédérale, favorable à l’économie de marché, et s’y connaît en politique puisqu’il a siégé au Parlement européen pendant près de vingt ans.
Il a, naguère, revendiqué l’étiquette de « libéral-libertaire », qui n’est pas pour rebuter notre Président.
Comme lui, il est favorable à l’immigration, affirmant, sur Europe 1, le 21 avril, qu’il faut l’encourager, car « les immigrés accepteront de faire le boulot sous-payé ».
Il pourrait même conseiller le Président sur l’éducation sexuelle des jeunes enfants, lui qui, si l’on en croit son livre Le Grand Bazar, publié en 1975, eut une certaine expérience en la matière.
Des propos destinés à « choquer le bourgeois des années 1970 », s’était-il justifié.
Car Daniel Cohn-Bendit a aussi la qualité, comme beaucoup d’ex-soixante-huitards, d’occulter son passé pour mieux dérouler sa carrière de bourgeois-bohème.
Celui qui participa, en 68, à ce que de Gaulle appela la « chienlit » et voulut mettre « l’imagination au pouvoir » deviendra-t-il, en la circonstance, le sauveur de Macron ?
Il pourrait être plutôt le fossoyeur de ses dernières illusions.
Philippe Kerlouan
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