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dimanche 30 septembre 2018

Vous êtes opposé à la PMA ? On va vous (ré)éduquer !

 
 



« Il faut éduquer et informer les personnes qui sont défavorables. »
 
 
Sur le sujet de la PMA et de la résistance qu’un projet de loi visant à son extension pourrait rencontrer, Emmanuel Hirsch a une solution, et il l’a exposée très sereinement sur Europe 1, avec beaucoup de bienveillance, sur le ton patelin qu’il doit avoir avec ses étudiants en cours d’éthique médicale : « Il faut éduquer et informer (sic) les personnes qui sont défavorables. »
Parce que, bien sûr, si vous êtes contre la PMA, vous êtes mal informé.
Vous vivez sans doute dans une cave sans électricité, vous êtes anachorète dans un désert ou bien encore vous lisez en douce « de vilaines choses », comme disait ma grand-mère.
Peut-être même, qui sait, Boulevard Voltaire ?
Puis vous êtes frustre, un peu limité, voire vaguement analphabète, vos parents ne vous ont jamais appris les bonnes manières : ne pas mettre les coudes sur la table ni les doigts dans le nez, dire bonjour à la dame et gober poliment toutes les folies du temps enveloppées dans le joli emballage du progrès.
Bref, ils vous ont mal éduqué, et il faut donc tout recommencer.
Par le début.
Autrement dit « rééduquer ».
Toute ressemblance avec des faits ayant déjà existé serait purement fortuite et involontaire.
Dans le premier volet de la trilogie – le mariage pour tous -, on vous a démontré que vous étiez au mieux rétrograde, au pire fasciste.
En tout cas, vous apparteniez à la France rance, ce qui vous rendait parfaitement détestable.
Preuve ayant été faite que les insultes et la répression sauvage n’ont permis que de galvaniser et fédérer l’opposition, unir par la base une droite qui n’arrivait pas à se trouver par le sommet, on procédera donc, dans ce deuxième épisode – la PMA pour toutes -, de façon plus finaude : on vous parlera lentement, en articulant bien, avec une pédagogie condescendante.
Ce n’est pas votre faute, vous n’êtes pas élevé et n’avez pas en main les éléments pour comprendre. Mais comme, évidemment, l’avis des ignorants mâtinés d’imbéciles n’intéresse personne et ne saurait être pris en compte, on ne vous écoutera pas plus que dans la saison 1.
La loi passera mais, espère-t-on, avec moins de cris et de grincements de dents.
Et de dégâts politiques.
C’est sans doute ce « débat intelligent » qu’Édouard Philippe appelle de ses vœux, et qui est en fait un cours magistral.
Les États généraux de la bioéthique ont eu la même fonction qu’une boîte à idées dans une classe de collège : tout le monde peut y exprimer ses questions, même les plus loufoques, cela sert astucieusement de soupape de sécurité et donne aux rebelles l’impression d’être entendus, mais soyons sérieux, une fois qu’on a bien ri, qu’on s’est empoigné et qu’on a discuté, le professeur tranche, revient aux choses sérieuses et jette le contenu dans la corbeille à papiers.
Un peu de silence, les enfants, le cours reprend !

C’est ainsi qu’on arrivera au troisième tome – la GPA.
On peut déjà deviner le refrain : « C’est juridiquement inévitable », et ce sera le cas, en effet.
Pour une stricte question d’égalité et de non-discrimination entre couples mariés.
Emballez, c’est pesé.

Dans toute guerre, néanmoins, petite ou grande, militaire ou législative, ouverte ou larvée, il est un principe qui se dément rarement : ne jamais sous-estimer son adversaire.
Le présupposer sot et ignare peut se révéler, par exemple, une mauvaise idée.

À bon entendeur !

Gabrielle Cluzel

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