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jeudi 18 janvier 2018

Sophie Lionnet, modeste victime oubliée

 
 


Le 18/01/2018


Les patronymes des accusés – un couple franco-algérien – dérangeraient-ils, en ces temps de chasse aux sorcières racistes ?

Le 20 janvier dernier, « Sophie Lionnet […] a été retrouvée morte, brûlée, à Londres, dans le jardin de ses employeurs installés dans le quartier huppé de Southfield. Un couple de Français, parents de deux jeunes enfants, dont la jeune fille s’occupait depuis le mois de janvier 2016 » (L’Obs).

Les deux principaux suspects – Sabrina Kouider et Ouissem Medouni, employeurs de la jeune fille au pair – ont nié être les auteurs de ce meurtre, reconnaissant toutefois avoir brûlé le corps de la victime. Il est vrai que n’importe qui a spontanément envie de rapporter un cadavre chez lui pour y mettre le feu !
En Angleterre, Sophie était malmenée, exploitée – rémunérée 56 € par semaine, une maigre somme jamais versée – et isolée des siens.
Elle est cependant parvenue à écrire une lettre à son père en juin 2017, où elle révélait : « Je n’ai plus accès à Internet et je n’ai pas assez de crédit pour appeler en France […]. Il y a beaucoup de tensions et je me fais accuser de choses dont je n’oserais JAMAIS faire […]. Et me fais insulter parce qu’elle (ma patronne) croit que c’est vrai alors que non. Bref, du coup, je me sens perturbée […]. »

À partir d’août, Sophie n’a plus donné de nouvelles, avant d’être retrouvée assassinée.

Depuis, les parents de la jeune fille se sentent, à raison, oubliés par les pouvoirs publics.
Dans une lettre de condoléances datée du 13 novembre 2017, le président de la République écrivait ceci : « Vous évoquez votre détresse et un sentiment d’abandon. Sachez que les autorités françaises sont à vos côtés, mobilisées. »
Sa conseillère pour la Justice devait aussi prendre contact avec les parents, ce qu’elle n’a jamais fait. Pire : de l’aveu de la mère de Sophie, les rencontres de la police anglaise avec elle et le père de sa fille, à Paris, ne seraient pas du goût des autorités françaises.
Elles ont été reportées à chaque fois.
Quant au corps de la victime, il est toujours en Angleterre, près de quatre mois après son assassinat. Les parents de Sophie, qui ont déjà engagé les frais funéraires, sont de modestes personnes, surendettées de surcroît.
Malgré tout, ils ont décidé de se rendre à nouveau à Londres, ce qui occasionnera de nouvelles dépenses que l’État pourrait peut-être leur éviter en les prenant en charge, au lieu de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus outre-Manche, comme la dernière fois qu’ils s’y sont rendus, explique la mère de Sophie.
Que se cache-t-il derrière cette affaire ?
Les patronymes des accusés – un couple franco-algérien – dérangeraient-ils, en ces temps de chasse aux sorcières racistes ?
Ou s’agit-il d’une histoire de statut social ?
Tout le monde n’a pas la chance d’être Roman Polanski et de voir le microcosme culturel et politique français se mobiliser contre sa juste extradition depuis la Suisse vers les États-Unis !
En attendant, Sophie ne pourra plus fêter l’Épiphanie avec ses parents ; c’était pourtant la date de son anniversaire.

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