Marie Delarue
Dans un gros mois, le 7 mars exactement, soit à la veille de la Journée de la femme, nos politiques nous feront un cadeau : un nouveau délit, destiné à sanctionner le harcèlement de rue.
Désormais seront donc passibles d’amendes les individus qui se livreront à un « outrage sexiste ».
Ce nouveau délit contraventionnel viendra renforcer la panoplie des crimes et délits existants et s’inscrira dans le troisième volet de la loi contre les violences sexistes et sexuelles.
Celui-ci va porter à trente ans le délai de prescription des viols sur mineurs (contre vingt actuellement) et sans doute fixer à 15 ans l’âge de consentement minimum à un acte sexuel.
Ce sont mesdames Schiappa et Belloubet, respectivement secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et ministre de la Justice, qui portent ce beau projet.
Fortes de leur enthousiasme purificateur, elles annoncent que tout délit « observé par les forces de l’ordre » pourra être immédiatement sanctionné d’une amende rondelette.
Initialement annoncée autour de 90 euros, elle pourrait plutôt atteindre 130, voire 150 euros, a dit Mme Belloubet ce dimanche lors du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI ».
Outre l’aspect totalement irréaliste de la chose – qui va verbaliser ?
Où, quand, comment ? –, il reste un point crucial à définir : qu’est-ce qu’un outrage sexiste ? C’est « le fait de tenir ces propos, insultants, dégradants ou humiliants, ne serait-ce qu’une seule fois », nous dit-on. « Le harcèlement, cela suppose une réitération, une insistance de l’outrage. L’outrage sexiste pourrait être centré sur l’unicité de la parole, de sa violence. Cette idée de réitération est essentielle pour distinguer le harcèlement de l’outrage », a précisé notre ministre.
Donc, le zozo qui, au passage d’une accorte jeune fille, lui lance « Tu sais qu’t’es bonne ! » sera, lui, bon pour une amende.
Mais retournons le problème avec cette illustration par l’exemple : marchant, hier, dans une rue tranquille de Paris, je vois arriver face à moi une jolie jeune femme vêtue d’un manteau trois-quarts sous lequel elle semblait ne strictement rien porter puisque n’apparaissaient que ses deux longues jambes bottées.
On ne voyait ni short ni jupe.
Un monsieur s’est arrêté, le regard scotché, fasciné, et n’a pu retenir une sorte de sifflement qui était autant d’admiration que de stupéfaction.
Question : qui, dans ce cas, a commis un outrage sexiste ?
Il est établi, une fois pour toutes, que les femmes ont l’entière liberté de choisir leur tenue (sauf le voile !) et que, face aux débordements de poitrines avantageuses, fesses à l’air, tissus arachnéens et autres dénudations, les hommes sont priés de « se contrôler ».
C’est ce qu’on dit aux adolescents des collèges, leur laissant entendre qu’ils ne sont que de jeunes animaux sous le nez desquels on agite des friandises qu’ils n’ont pas le droit de goûter…
J’ai été frappée – et je ne suis, sans doute, pas la seule – par les toilettes des actrices américaines à la dernière cérémonie des Golden Globes.
Toutes en noir, certes, mais souvent beaucoup plus déshabillées qu’habillées et offrant aux objectifs l’étalage de leurs appas.
Les messieurs, eux, sont priés de garder le nœud papillon bien serré, la culotte blindée et les lèvres scellées.
Alors, puisqu’il n’est question, paraît-il, que d’égalité des sexes, allons-y : montrez-nous, Messieurs, ce que vous avez à offrir.
Ou alors, au point de délire où nous en sommes, étendons le délit d’« outrage sexiste » et créons un délit de « provocation vestimentaire ».
Ce ne serait, au fond, que justice.
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