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lundi 3 avril 2023

[Tribune] Macron : un artiste de l’arrogance désinvolte


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Stéphane Buffetaut 2 avril 2023

Le président de la République nous a offert, en quelques jours, une séquence dont il a le secret. 

D’abord une intervention télévisée assez stupéfiante dans le contexte d’agitation politique et sociale lié à la réforme du système des retraites. Après avoir refusé de recevoir l’intersyndicale, annoncer se laisser « trois semaines, un mois » pour créer les conditions du dialogue prenait une allure de provocation. Ensuite la célébration des 75 ans de Pif Gadget, journal d’ascendance communiste, en répondant à des questions de très jeunes gens, témoigne d’un goût pour une communication quelque peu puérile, juste après avoir dû reporter la première visite d’État du roi d’Angleterre que celui-ci avait voulu dédier à la France. Ce télescopage revêtait la forme d’une désinvolture assez confondante. Faute de Paris, ce fut Berlin. Tout un symbole.

Puis le Président s’en fut dans les Hautes-Alpes pour y tenir des propos convenus sur la gestion de l’eau, se rendre au camp des Milles puis dans un collège afin de participer à une séance de restitution dans le cadre de son improbable Conseil national de la refondation. Il s’agissait de signifier que l’épisode de la réforme des retraites était clos dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel. Ce qu'il a signifié clairement en réponse aux questions de journalistes. Clairement mais sur un ton de méprisante lassitude technocratique si caractéristique.

Il est permis de s’interroger sur l’art et la manière présidentiels. L’amour de la France et des Français ne lui est pas naturel. Il avait lui-même déclaré qu’il « avait appris à aimer les Français ». Il semble qu’il ne soit pas allé au bout de l’apprentissage. Mais au-delà des sentiments, les priorités d’Emmanuel Macron et de l’oligarchie technocratique qui l’entoure ne sont pas les mêmes que celles des Français, comme s’ils avaient un agenda autre que celui de la France.

Lorsque l’on considère les presque six ans de mandat « macroniste », on reste confondu par un sentiment d’impuissance politique. Comme si l’adage romain de minimis non curat praetor, qui veut que le chef ne s’occupe pas des détails, avait été inversé. Le gouvernement s’emploie en effet à nous dire quel type de véhicule ou de chaudière nous devons utiliser, qu’il faut se couvrir plus chaudement lorsqu’il fait froid, quels sont les biens qui nous sont nécessaires et ceux qui ne le sont pas, fanfaronne quant à la gratuité des préservatifs pour la jeunesse… et dans le même temps, les fonctions régaliennes de l’État vont à vau-l’eau. Justice sans moyens et infestée d’idéologie, armées réduites à la fonction congrue, pauvreté des moyens de la police et délinquance en hausse, immigration non maîtrisée, diplomatie appauvrie et inaudible, enseignement à la dérive dans bien des secteurs, empilement administratif…

Or, dans bien des cas, l’impuissance de l’État est due au fait qu’il s’est lui-même désarmé : transfert de souveraineté à l’Union européenne, signature de conventions internationales qui nous ligotent, perte d’autonomie financière en raison de notre endettement, démission de l’exécutif devant le gouvernement des juges, lâcheté face à des minorités tyranniques, soumission intellectuelle, juridique et politique aux influences d’outre-Atlantique, démission d’État devant les idéologies du wokisme…

Cela ne tient pas seulement à l’inconséquence. Monsieur Macron est mondialiste. Il lui faut donc rendre la France impuissante pour la soumettre, sous prétexte d’efficacité, aux exigences d’un gouvernement technocratique et financier mondial. C'est-à-dire à une forme de despotisme technicien, éloigné des peuples qui sont réduits à l’état de masses grégaires indéfiniment manipulables et exploitables. Si lui et son gouvernement n’ont pas de vision pour la France, ils ont un objectif : la mondialisation de l’économie et du pouvoir.

Symbole révélateur, Mme Bergé, qui est la voix de son maître, vient de proposer de rendre obligatoire le pavoisement des bâtiments publics avec le drapeau européen, qui n’est qu’un emblème sans réalité juridique puisque l’article du projet de Constitution européenne qui l’officialisait n’a pas été repris par le traité de Lisbonne. Tout est bon pour l’effacement progressif de la France. À la fin du mandat de M. Macron, la question sera bien plus que celle d’une alternance : celle de la survie de la nation. Il s’agira d’abattre un système mortifère pour restaurer la France et les Français dans leurs libertés.

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