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jeudi 27 avril 2023

Bernard Carayon attaque : « Nous réclamons le droit à l’autodétermination ! »


 

Marc Baudriller 26 avril 2023

Avocat, maire de Lavaur (Tarn), ancien député RPR puis UMP du Tarn, Bernard Carayon a vu déferler, à 15 km de sa ville, ce samedi 18 février, les manifestants opposés à la construction de l’autoroute A69 qui doit relier Toulouse et Castres. Parmi les organismes appelant à manifester, ceux qui se sont illustrés à Sainte-Soline, comme Les Soulèvements de la Terre. Interview.

Marc Baudriller. Vous défendez bec et ongles ce projet d'autoroute qui divise et irrite. Pourquoi ?

Bernard Carayon. Cette autoroute est un atout important pour les milieux économiques, en particulier les laboratoires Pierre Fabre. Pierre Fabre est resté dans le Tarn par patriotisme local, lui-même a toujours été un partisan acharné de l’autoroute. Je me suis battu pour ce projet. Carole Delga, la présidente PS du conseil régional et Christophe Ramond, le président du conseil départemental du Tarn, ont rejoint le cortège des soutiens. On voit donc un véritable consensus politique dans l’axe républicain qui exclut les Verts et les Rouges.

M. B. Votre ville de Lavaur est le siège des laboratoires Pierre Fabre, premier employeur de la ville. Les manifestants avaient affiché ce slogan : « Pierre Fabre, le green-washing ne lavera pas tes mains sales. » Comment les habitants et les salariés réagissent-ils ?

B. C. Les zadistes et leurs alliés écolos bourgeois nous prennent pour des ploucs. Ils vivent dans les grandes métropoles urbaines et, à ce titre, ils bénéficient de taxis G7, de lignes TGV, d’aéroports internationaux, du métro... Bref, ils ont tout et nous n’aurions rien ? Le combat de l’autoroute au sud du Tarn est un combat autour des trois principes de la République : la liberté, l'égalité et la fraternité. Nous n’avons pas besoin de leur eschatologie écologiste pour savoir que la protection de l’environnement passera, demain, par la croissance industrielle : nous trouverons demain les moyens d’une transition environnementale.

M. B. Selon Corinne Lepage, cette autoroute A69 est une absurdité et nous devrions abandonner les projets d’autoroute comme aux Pays-Bas.

B. C. Aux Pays-Bas, la concentration d’autoroutes est phénoménale. Je comprends qu’ils aient arrêté. C’est comme si on voulait rajouter des voies rapides en Bretagne déjà traversée par des autoroutes gratuites. L’exemple des Pays-Bas est très mauvais. Et comment peut-on faire confiance à Mme Lepage qui, dans sa carrière, a toujours servi des intérêts étrangers avant les intérêts nationaux, en particulier sur la question du nucléaire où elle a été l’avocate de la ville de Genève. Elle défend des ONG environnementales pilotées par des intérêts anglo-saxons : je ne crois pas à la sincérité de son engagement national.

M. B. Sandrine Rousseau parle d’un « projet imbécile »...

B. C. Sa démarche est elle-même imbécile ! Que vient-t-elle faire chez nous ? Je crois qu’elle s’est inscrite sur les listes électorales du XIIIe arrondissement de Paris dans des conditions considérées comme frauduleuses par certains observateurs. Honnêtement, j’éprouve un désintérêt total pour son avis et je reprendrais volontiers une expression connue de Jacques Chirac pour le dire…

M. B. Le journaliste vert Hugo Clément et même Éric Zemmour comptent parmi les opposants…

B. C. Hugo Clément, c'est le nouvel ami de Valeurs Actuelles ! Éric Zemmour dit la même chose, mais je crois qu’il confond le Tarn avec le Tarn-et-Garonne, où il est allé durant sa campagne présidentielle. Je ne comprends pas sa logique qui le conduit à s’exprimer sur un sujet qu’il ne connaît pas. Habituellement, il s’exprime plutôt intelligemment sur des sujets qui sont sa spécialité. Visiblement, la question du projet autoroutier dans le sud du Tarn ne l’est pas. C'est d'autant plus curieux que sa candidate, qui avait fait 4 % ou 5 % aux législatives, avait pris position pour l’autoroute.

M. B. Que dit cette mobilisation de notre époque et de son rapport au progrès ?

B. C. Ces « progressistes » ont cinquante ans de retard. Ces gens ont considéré que l’ouverture des frontières aux capitaux comme aux étrangers était la vertu de la démocratie moderne. Ici, il s’agit de faciliter la liberté de circulation de gens qui ont été traités en ploucs depuis quinze ou vingt ans. Nous incarnons l’intérêt général et une des formes de progrès à laquelle peut aspirer un territoire comme le nôtre. Selon un sondage, 75 % des Tarnais sont favorables à ce projet. Cela signifie quelque chose. La démocratie, c’est respecter la volonté des élus, a fortiori lorsqu'ils sont adossés à l’opinion publique. Tous les partis, à l’exception des Verts et des Rouges, y sont favorables.

M. B. Il n’y a pas eu de dégâts, durant cette manifestation…

B. C. Oui, parce que 800 gendarmes étaient présents. Les manifestants sont venus, du coup, avec une certaine prudence : on ne va tout de même pas les féliciter de respecter les conditions normales de manifestation ! Je me félicite surtout du calme de l’opinion publique, des chefs d’entreprise et des élus locaux face à des personnes qui, le plus souvent, sont extérieures au Tarn et au monde économique.

Je rappelle que 23 % du coût de l’autoroute est destiné à des mesures environnementales comme des plantations d’arbres. Par ailleurs, seuls 6 % du projet relèvent d’un financement public, celui des collectivités locales. 94 % de l’enveloppe sont apportés par le concessionnaire, qui répercutera le coût sur les usagers. Au fond, nous réclamons notre droit à l’autodétermination !

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