En gros et pour faire court, Emmanuel Macron se donne cent jours pour sauver la France, puisqu’il nous donne rendez-vous au 14 juillet.
On attend ça avec impatience et, d’ores et déjà, on est invité à fabriquer son calendrier de l’avent républicain et macronien pour suivre cette épopée. Au fait, du 18 avril au 14 juillet, ça fait 88 jours, pas 100. Mais, bon, on ne va pas chipoter comme ces pousse-mégot et rabat-joie qui ont glosé sur l’heure de promulgation de la loi sur la réforme des retraites parce qu'ils n'ont rien d'autre à faire. Cela dit, il n’allait pas nous annoncer : « Je vous donne rendez-vous à toutes et tous dans 88 jours exactement. »
Et puis, 100, ça fait bien, ça marque les esprits, c’est un nombre facile à retenir. C’est bien, les comptes ronds : cinq semaines en ballons, le tour du monde en 80 jours, la guerre de Cent Ans qui n’a pas duré 100 ans, etc. Et puis, il y a les Cent-Jours. Et là, on se dit : « Mais bon sang de bois, qui lui a donc mis cette idée en tête de broder sur les cent jours ? Faut-il qu’on ignore à ce point l’Histoire de France chez les hommes en costumes gris de la Macronie ? » Il aurait dit « Je vous donne rendez-vous dans trois mois… », ça passait tout seul et c’était plus près de la réalité. Mais cent jours, franchement ? N’y a-t-il personne autour du Président, des équivalents, même en modèle réduit, genre version « école de commerce », d’un Patrick Buisson ou d’un Henri Guaino, pour lui dire « Pas cent jours, Monsieur le Président, tout mais pas ça, par pitié » ? Quelqu'un pour lui rappeler d’une part qu’il n’est pas Napoléon, d’autre part comment l'affaire s'est terminée ?
D’abord, son discours de lundi soir n’a pas cassé la baraque. Rien qui puisse être comparé au Vol de l’aigle au cours duquel Napoléon rallia foules et troupes, par sa seule présence physique, son chapeau et son regard, durant cette remontada de trois semaines entre Golfe-Juan et Paris, au mois de mars 1815. Rien, dans cette allocution, qui laisse entendre que Macron va changer son mode de fonctionnement. Napoléon, qui n’avait pas fait l’ENA (et pour cause), lui, semblait avoir compris la leçon des événements qui l’avaient contraint à partir en exil à l’île d’Elbe. Pas question de rétablir l’empire autoritaire, d’autant que le pays était profondément divisé entre bonapartistes, royalistes, libéraux et jacobins. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existé ne saurait être que fortuite, bien évidemment. C’est ainsi que par un acte additionnel aux constitutions de l’Empire, Napoléon entreprend une réforme constitutionnelle et, dès le 30 avril, organise des élections législatives et municipales dans les communes de moins de 5.000 habitants. Certes, le suffrage est censitaire et la participation est faible. Là, encore, toute ressemblance avec…, etc. Mais tout Napoléon qu’il est, il le fait, lui. Les résultats sont décevants pour l’empereur, avec notamment à peine 80 députés bonapartistes contre plus de 500 libéraux. La France devait en avoir assez de la guerre et de l’aventure personnelle d’un homme qui l’avait pourtant subjuguée. Là aussi, toute ressemblance avec… , etc.
Mais faisons vite et à grandes enjambées et allons sans détour au dénouement que tout le monde connaît, sauf peut-être à l’Élysée. Fin des Cent-Jours, le 18 juin 1815 : Waterloo. Mais on est bien d'accord : toute ressemblance avec...
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