Faudrait peut-être voir à se calmer, non ?
Que les grévistes qui bloquent les raffineries emmerdent le monde, on est bien d’accord.
Que ces actes soient illégaux, il y a de fortes chances que cela soit le cas.
Le droit de grève est une chose, la liberté de circulation et le droit de travailler pour ceux qui ne font pas grève en sont une autre.
Mais de là à traiter les grévistes de terroristes, c’est peut-être aller un peu fort.
Un député LREM a osé.
Il s’agit de Jean-Pierre Pont, député du Pas-de-Calais, ancien UDF puis UDI.
On le cite : « Pour moi, prendre la France en otage, c’est tout à fait illégal. »
Mettons. Les partisans des grévistes auront tôt fait de dire que c’est le gouvernement qui prend en otages les Français dans ce conflit social sur la réforme des retraites, mais mettons.
Jean-Pierre Pont poursuit : « Et, évidemment, on va peut-être me critiquer, ce sont des faits de terrorisme. »
Et, évidemment, Jean-Pierre Pont ne peut qu’être critiqué !
Car, en effet, il faut tout de même oser : sortir un truc comme ça, trois jours après la tuerie de Villejuif au nom d’Allah et à la veille même du cinquième anniversaire des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.
On a vu des intelligences de situation plus fines.
On le sait maintenant, semer la terreur dans la rue en poignardant des passants, ça ne s’appelle pas forcément du terrorisme, enfin, pas d’emblée.
La preuve : le soir de cette attaque à Villejuif, Emmanuel Macron s’est contenté d’évoquer, dans son tweet, « la violence aveugle ».
C’est bien connu, la prudence s’impose dans ce cas de figure.
En revanche, le piquet de grève, lui, aurait donc droit à la qualification de « terrorisme », si l’on écoutait ce député.
Franchement, les choses deviennent bien confuses, dans ce pays, et… sans doute aussi dans la tête de certains.
Mais le député précise sa pensée : « La grève oui, manifester oui, mais attention de ne pas prendre les Français en otages. C’est tout à fait illégal et c’est antidémocratique. »
D’accord, mais est-ce pour autant du terrorisme ?
N’est-ce pas aller un pont trop loin que de qualifier de terrorisme ces agissements ?
Le Parisien rapporte alors la réaction du député qui « s’insurge » (attention, l’insurrection, c’est illégal aussi !) : « Répondez-moi : prendre des gens en otages, c’est le fait de quoi ? De gens démocrates ? De gens qui respectent la République ? Non ! »
Oui, mais on repose la question : est-ce pour autant du terrorisme ?
Ainsi, si on comprend bien le syllogisme implacable : les grévistes bloqueurs (on va les appeler comme ça) sont des preneurs d’otages (ce qui reste à démontrer, objectivement et juridiquement parlant).
Or, les preneurs d’otages sont des terroristes.
Donc, les grévistes bloqueurs sont des terroristes.
Sauf, bien évidemment, s’il s’avère qu’ils sont déséquilibrés.
Tout cela pourrait prêter à sourire.
En fait, non. Car faire ce genre de comparaison hasardeuse revient, au fond, à mettre dans le même sac le gréviste bloqueur et le tueur au poignard.
Et, pire peut-être, l’usager de la route ou des transports en commun et la victime d’actes sanglants.
Georges Michel
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