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mercredi 16 décembre 2020

Le piège à loups


 

Trop fort ! a trouvé sa martingale. Ce sera le climat. 

La France s’enfonce dans la crise sanitaire ? Le climat. Dans la et sociale, aggravée par la première ? Le climat. Dans la crise morale, identitaire, politique, etc. ? On vous dit le climat. Le président de la République a ainsi annoncé, lundi soir, devant la Convention citoyenne pour le climat, qu’il y aura un référendum pour introduire dans notre Constitution des « notions de biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique ».

La Constitution du général de Gaulle, du moins ce qu’il en reste – vingt-quatre révisions en soixante ans, la dernière remontant à 2008 -, devrait donc être modifiée pour y faire entrer l’impératif climatique dans l’article 1. Rappelons tout de même ce qu’est cet article 1. Dans le préambule de notre texte fondamental, il précise les grands principes auxquels est attaché le peuple français : droits de l’homme, souveraineté nationale et, depuis 2008, droits et devoirs de la Charte de l’environnement de 2004.

Donc, la première réaction est évidemment de se dire qu’il y a redondance, qu’on va encore en rajouter une couche alors que tout est déjà écrit, que la préservation de notre environnement est déjà prise en compte, que l’on va poursuivre ce rafistolage constitutionnel au gré des convenances du moment, des modes et du vent, de la météo présidentielle. Et la météo du moment est au climat. Emmanuel Macron n’a pas précisé la date de ce référendum, qui devra d’abord passer sous les fourches Caudines du Parlement (vote à l’identique du texte par les deux assemblées) avant que le peuple ne soit appelé aux urnes. Et c’est là que le piège à loups montre ses grandes dents. La défense du climat, de l’environnement, tout le monde est pour. Forcément. C’est une noble et grande cause, qui mobilise notamment notre belle jeunesse. Appeler à voter non, à voter blanc ou même à s’abstenir signera son appartenance au camp des méchants, des ténèbres.

Autant dire que les résultats du référendum devraient être un succès présidentiel. Peut-être pas en participation mais, tout du moins, à travers le pourcentage de oui. Mais avec le climat comme produit d’appel, on peut espérer un sursaut citoyen, y compris et peut-être surtout chez les plus jeunes. C’est probablement ce que l’équipe de marketing présidentielle a dû imaginer. Pour un peu que l’on case ce référendum au même moment que les élections régionales et départementales (cela posera peut-être un petit problème de logistique aux mairies, mais bon, ils se débrouilleront…) et les listes et candidats de la majorité pourront surfer sur cette vague climatique, décidément très porteuse et sympathique. À quelques mois de l’élection présidentielle, on ne vous fait pas de dessin. La ficelle est grosse, voire grossière. Mais, comme souvent, plus c’est gros, plus ça passe.

Les enjeux majeurs de l’élection présidentielle de devraient, en toute logique, se porter sur les questions de souveraineté (notamment économique), d’identité, de sécurité, bref, se concentrer sur le régalien. Toutes choses sur lesquelles Emmanuel Macron et le macronisme ont montré leurs faiblesses congénitales – le mot est faible. D’où cette tentative d’échappatoire par le climat. 

Là où il y a un loup, il y a un piège. Les Français tomberont-ils dans ce piège ?

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