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vendredi 3 avril 2020

Coronavirus : le préfet Lallement crée la polémique après ses propos sur les patients en réanimation



 Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, le 11 novembre 2019.

Tête à claques

Le préfet de police de Paris s’est exprimé à propos des patients en réanimation.

Le préfet de police de Paris a estimé que les personnes hospitalisées en réanimation étaient celles qui «n’avaient pas respecté le confinement», suscitant la colère des médecins et de la classe politique. Sous pression, il a présenté ses excuses.

Les patients en réanimation «n’ont pas respecté le confinement» selon le préfet de police de Paris
En marge d’un contrôle routier sur le périphérique de Paris, Didier Lallement a tenu des propos polémiques le 3 avril.

Didier Lallement n'a pas pour habitude de faire dans la demi-mesure.
Pour le préfet de police de Paris, c'est bien simple : les patients atteints du coronavirus et aujourd'hui en réanimation ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.
«Pas besoin d'être sanctionné pour comprendre que ceux qui sont aujourd'hui hospitalisés, qu'on trouve dans les réanimations, sont ceux qui au début du confinement ne l'ont pas respecté. Il y a une corrélation très simple», a-t-il estimé ce vendredi matin, suscitant immédiatement la fureur de nombreux médecins.


Le patron de la police parisienne était présent en début de matinée, porte d'Orléans, à Paris, pour une opération de police qui visait à empêcher les départs en vacances de printemps.
Alors que l'exécutif s'est fait clair sur les consignes : aucun départ autorisé en raison du confinement. Il a notamment annoncé la mise en place de contrôles renforcés tout le week-end sur les sorties routières de la région parisienne, avant de donner son avis sur les patients en réanimation.

«Propos inexact»

La sortie du préfet a été immédiatement désavouée par le ministère de l'Intérieur. «Ce propos du préfet de police est inexact», a déclaré au Parisien l'entourage du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Celui-ci aurait décroché son téléphone pour contraindre son préfet à présenter ses excuses, selon Le Monde.
La préfecture de police de Paris s'est donc fendue d'un communiqué ce vendredi à 13 heures, dans lequel Didier Lallement «regrette» ses propos. «Son intention n'était pas d'établir un lien direct entre le non-respect des consignes sanitaires et la présence de malades en réanimation», conclut la préfecture de police.
Didier Lallement a été contraint au mea culpa face caméras dans l'après-midi. «Je regrette d’avoir tenu ces propos et présente mes excuses à tous ceux que j’ai pu heurter », a-t-il déclaré la mine grave, alors qu'un fonctionnaire de police est décédé du coronavirus ce vendredi. «C'est une erreur parce que ces propos troublent le message d’unité, de fraternité, que j’ai voulu placer au cœur de mon action dans la gestion de cette crise. Ce qui compte c’est l’unité nationale«, a-t-il plaidé. Refusant de démissionner, il a promis de continuer son action en exerçant ses responsabilités «avec gravité».

Toute la classe politique outrée

Déjà fortement critiqué par les responsables politiques lors des manifestations contre la réforme des retraites, le préfet est une nouvelle fois ciblé par tous les bords politiques.
«Pour lui, ceux qui sont malades ou qui sont morts l'ont bien cherché ! Écœurant. L'état d'urgence sanitaire ne doit pas avoir ce visage insultant. Les gens doivent être respectés !», a tonné le chef des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon.


La députée insoumise Clémentine Autain réclame, elle, la démission du préfet de police. «Il l'a bien cherchée», estime-t-elle. Du côté du Parti socialiste, Olivier Faure s'étrangle. «Ce préfet est une honte. Comment peut-il culpabiliser tous les malades !? Et les centaines de milliers de salariés qui continuent à bosser et qui se font contaminer on leur dit que c'est de leur faute !?», enrage le patron du PS.

Chez Europe Écologie les Verts (EELV), la sénatrice de Paris, Esther Benbassa estime que «le préfet Lallement, a une matraque à la place du cœur et un LBD à la place du cerveau. Propos ignobles et sans fondement. Faites-le taire! Qu'il s'en aille!», enjoint-elle.
Dans le camp même du chef de l'État, le député LREM, Aurélien Taché, suggère une démission du préfet Lallement. «L'autorité n'est pas la brutalité et le maintien de l'ordre n'est pas le jugement moral de nos concitoyens. En plus de méthodes très contestables et contestées, le préfet Lallement sort régulièrement de son devoir de réserve. Combien de temps encore ?», s'interroge-t-il.
 
«Propos révoltants et profondément inhumains du préfet de police de Paris ! Une réaction Christophe Castaner ou vous cautionnez ? Pensées pour les victimes...», s'insurge pour sa part le député LR des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti.



Pour la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, les propos du préfet ne sont rien d’autre que «totalement stupides et de surcroît d’une froideur et d’une méchanceté qui donnent la nausée.»


Le numéro deux du RN, Jordan Bardella, estime que «L’arrogance du préfet Lallement est très malvenue...». 
Bruno Bilde, député RN du Pas-de-Calais, se demande : «Encore combien de provocations du préfet Lallement avant que Christophe Castaner ne se décide enfin à le virer ? Les hauts fonctionnaires de l’État sont au service de nos concitoyens pas de leur ego surdimensionné !».
Enfin, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan appelle lui aussi à la démission de Didier Lallement. 
«Les personnes en réanimation luttent contre la mort, elles ont souvent attrapé le Covid19 avant le confinement ou pendant leur travail car l'État ne leur a pas fourni de masques (soignants, policiers, salariés...)», a réagi le député de l'Essonne.

Cumul de polémiques


En décembre dernier, Didier Lallement avait déjà suscité la polémique, en déclarant à une femme soutenant les «gilets jaunes»: «Nous ne sommes pas dans le même camp, madame.» 
Tollé immédiat dans l’opposition qui appelle à sa démission. 
Le préfet est accusé d’attiser la violence. 
En janvier, trois mois plus tard, Cédric Chouviat, un livreur à moto et père de cinq enfant, meurt à Paris lors d’un contrôle de police, après un plaquage au sol. 
Didier Lallement est une nouvelle fois mis en cause, mais ardemment défendu par ses supérieurs, Laurent Nuñez et Christophe Castaner.

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