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jeudi 23 avril 2020

Déconfinement : ça sent la panique








À entendre les déclarations fumeuses, filandreuses, alambiquées des membres du gouvernement, à voir la mine défaite d’Édouard Philippe, la fébrilité de tous, on ne sent pas, du côté du gouvernement, une assurance à toute épreuve quant à ce annoncé pour le 11 mai. 

Macron a prévenu qu’il sera progressif : personne ne sait donc à quel rythme il s’effectuera, sur combien de semaines il s’étalera.

Macron et Philippe eux-mêmes ne semblent pas plus éclairés que nous sur la question.
Mme Ndiaye nous explique qu’il faudra du temps pour préparer le plan de déconfinement : pense-t-elle nous le dévoiler après la date officielle du 11 mai annoncée par le Président en personne ?
Rien ne nous étonnerait plus venant de ce gouvernement, tant l’amateurisme et l’improvisation règnent à tous les étages.
En fait, le gouvernement semble s’être piégé tout seul dans sa stratégie à courte vue de confinement absolu.
En décidant la mise en sommeil totale et brutale de l’activité, il a tout misé sur la santé publique au prix de la survie de l’économie, sans vraiment mesurer la catastrophe que cette option allait entraîner. Il a fallu attendre trois semaines pour que le pouvoir prenne enfin conscience du désastre qui se profile à l’horizon, en termes de faillites, de chômage et, derrière, de dommages pour la santé, car la misère et le désespoir sont des facteurs de mortalité à grande échelle, entre dépressions, suicides, délinquance, violences, soins négligés faute de moyens.

Alors, le gouvernement a annoncé la fin de la séquestration générale pour le 11 mai : pour le coup, il a choisi l’économie, la vie quotidienne, l’ordre public à l’heure où la fièvre commence à monter dans certains quartiers (une fièvre non virale, cette fois…).
Sauf qu’en déconfinant dans trois semaines, probablement prématurément si l’on se place en cohérence avec la stratégie adoptée, le gouvernement ne sait pas s’il ne va pas réduire à néant les effets positifs des deux mois de sacrifices qu’il nous a fait endurer…
Le pouvoir navigue à vue, ne sait plus trop ce qu’il doit faire : entre deux maux, le virus et le krach, lequel choisir…
Il est piégé par sa propre décision brutale, pulsionnelle, de confinement universel du jour au lendemain, elle-même prise pour compenser ses négligences préalables.
Si l’on n’avait pas pris le sujet à la légère en janvier, nous aurions peut-être disposé des armes pour mener cette guerre comme il le fallait et nous aurions évité la mise au pilon de notre économie.
Nous aurions pu adopter un plan de confinement partiel, limité, qui aurait maintenu un minimum vital pour les activités et aurait assuré la survie des entreprises et des commerces.
Aujourd’hui, il devient urgent de déconfiner, pour raison économique, comme hier, il était devenu urgent de confiner pour raison sanitaire : Macron et Philippe n’organisent rien, ils réagissent à contretemps aux urgences, pourtant prévisibles, qui se présentent.

En élisant des amateurs en 2017, parce que les candidats concurrents étaient empêtrés dans des affaires bien vénielles au vu des enjeux actuels, la France ne se doutait pas de la tempête qu’elle allait affronter et à quel équipage elle décidait de confier la barre avec, pour mission, d’assurer sa survie.

Elle risque fort de regretter ses choix.

 Olivier Piacentini

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