C’est officiel : on sait, désormais, qu’en France, ou tout du moins en Normandie, le pays des hommes du Nord, il existe des « quartiers à forte concentration de population suivant le ramadan ».
On pourrait économiser trois mots en écrivant plus simplement : «
quartiers à forte concentration musulmane », vu qu’en général, c’est un
fait, et si l’on s’en tient à nos quelques connaissances religieuses, il
existe peu de bouddhistes, catholiques ou israélites qui suivent le
ramadan.
Ces
« quartiers à forte concentration de population suivant le ramadan »
ont donc été évoqués dans une note du chef d’état-major de la direction
de la sécurité publique (DDSP) du Calvados adressée aux chefs de
services départementaux, note dans laquelle il est précisé qu’
« il n’y a pas lieu d’intervenir […]
pour relever un tapage, contrôler un regroupement de personnes rassemblées après le coucher du soleil pour s’alimenter ».
Remarque, comme ça, en passant : est-ce à dire, en lisant ces consignes
entre les lignes, que là où il y a ramadan, il y aurait risque de
ramdam ?
Je pose la question, comme dirait Laurent Gerra imitant Pascal
Praud.
Toujours dans ces consignes, il est demandé
« à tous les
personnels de la DDSP de faire preuve de discernement en la matière,
afin d’éviter qu’un manquement aux règles de confinement ne dégénère et
provoque un trouble supérieur de violences urbaines ».
Ah, ce fameux discernement !
Qualité qu’on a retrouvée, par exemple, chez ces policiers qui, dimanche dernier, ont
pénétré armés dans une église parisienne, contrevenant par la même occasion à l’article 32 de la loi du 9 décembre 1905.
Mais ça, tout le monde s’en moque !
Quoi qu’il en soit, cette directive a rapidement fuité – la preuve ! –
et Paris, comme on dit en province, s’est empressé de réagir.
Propos
rapportés par
Le Figaro :
« Il s’agit d’une initiative
locale incompréhensible, sur laquelle le directeur général de la police
nationale a demandé un rapport », explique
« l’entourage de Christophe Castaner » qui, comme chacun sait, est particulièrement bien entouré.
« Incompréhensible » ?
Effectivement, on a du mal à imaginer
qu’un fonctionnaire de police d’un certain niveau, pour ne pas dire de
bon niveau – c’est le cas d’un chef d’état-major départemental, souvent
du grade de commandant de police -, ait pu pondre une telle note sans
l’aval de son chef, un commissaire divisionnaire, lui aussi
fonctionnaire de très bon niveau, ou tout du moins sans connaître
l’intention de ce chef.
Il y a l’esprit et la lettre des ordres que l’on
reçoit et donne, et un chef d’état-major, quelle que soit la structure,
militaire, policière, etc. – l’auteur de ces lignes en sait quelque
chose puisqu’il occupa, jadis, cette fonction -, ne signe rien qui ne
soit dans l’intention de son chef, ce chef agissant lui-même dans
l’esprit des ordres reçus de l’échelon central.
La lettre doit refléter
l’esprit qui souffle dans la maison.
Alors, on est en droit de se demander si ces consignes
« incompréhensibles »
ne sont pas tout simplement le reflet des propos tenus, fin mars, lors
d’une visioconférence avec les préfets de zones de défense,
par Laurent Nuñez et rapportés par
Le Canard enchaîné :
« Ce
n’est pas une priorité que de faire respecter dans certains quartiers
les fermetures de commerces et de faire cesser les rassemblements. »
À la fin du mois dernier, un préfet confiait au journaliste Louis de Raguenel, de
Valeurs actuelles :
« C’est
sidérant, on n’a presque plus d’instructions écrites et quand on reçoit
des instructions, tout se fait à l’oral. Comme ils ont peur, on est
totalement seuls face à la crise. »
Des propos qui visaient la
gestion de la crise sanitaire et non les questions de sécurité publique.
Mais tout cela est peut-être à l’avenant.
On peut se poser la question…
Georges Michel
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